La commune d’Ighil Ali connaît une extension urbaine impressionnante due à la croissance démographique et au développement local. Le tissu urbain ne cesse de s’étendre en dépit d’un relief très accidenté. Pour les besoins de construction, les auto-constructeurs ont toujours recours au nivellement et au terrassement des terrains en pente, car la municipalité d’Ighil Ali est constituée de collines et de terrains ravinés et difficiles d’accès. Ce qui engendre des coûts faramineux pour les auto-constructeurs. Les bénéficiaires de l’aide à l’habitat rural, par exemple, sont harassés et très éprouvés par la nature du sol,qui ne facilite pas faciliter la tâche à ces dizaines de bénéficiaires des aides dans le cadre du Fonal, car ils dépensent une bonne partie des 700 000 DA, constituant l’aide de l’état, dans les travaux de terrassement et d' »apprivoisement » des terrains à bâtir escarpés. «Franchement, quand vous avez un terrain bombé et accidenté et que vous désirez construire une habitation, il ne vous sera vraiment pas aisé de le faire, car il faut araser le sol et le débarrasser de ses bosses et ravinements pour pouvoir jeter les fondations et ériger sa demeure, et ça coûte les yeux de la tête !», nous dit avec consternation un père de famille habitant Ighil Ali. A cela s’ajoute, la densité de la population. Le chef-lieu communal d’Ighil Ali détient, à lui seul, plus de 50% du nombre de la population de la municipalité avec un nombre d’habitants qui avoisine 7 000 sur un total de 12 000 âmes.
Les maisons traditionnelles: habitations précaires ou patrimoine matériel?
Alors que dans le reste des zones habitées, 12 villages en l’occurrence, la densité en habitants est faible. Le village le plus peuplé après bien sûr le chef-lieu Ighil Ali, est le celuie de Belayel avec près de 1 500 habitants! C’est dire que le chef-lieu a subi de plein fouet l’exode des villages de la commune, où les villageois mènent des conditions de vie difficiles avec des insuffisances dans tous les volets, comme la pénurie de l’eau potable, le manque de transport, l’éloignement des établissements scolaires et des lieux de travail, l’insécurité etc. Dans le même contexte, il y a lieu de relever la prédominance, surtout dans les villages reculés et enclavés, de l' »habitat précaire ». A ce sujet, il y a une nuance « urbanistique » à relever: les anciennes maisons traditionnelles, à l’architecture typiquement kabyle, sont considérées injustement comme des habitations précaires, or, ces maisons, dont la majorité ont des siècles d’existence, devraient être classées comme patrimoine matériel local, car ces bâtisses ont toute une histoire chargée, lesquelles ont vu naître et grandir les ancêtres des habitants de cette région des Ath Abbas. Mais, il y a certaines personnes qui n’en ont cure de ça, car elles n’hésitent pas à démolir ces maisons-des mémoires collectives en fait-, en effaçant des siècles d’histoire et en « gommant » à jamais des habitations provenant d’une autre époque. Et c’est bien dommage pour le patrimoine de la région des Ath Abbas.
Syphax Y.
