Des anciens d’Avril 1980 ont appelé hier, à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, à la renaissance de «l’esprit de 80» qui prônait l’union autour de l’identité amazighe avant toute autre chose. L’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou a abrité hier, une conférence peu commune, pour célébrer le 20 avril, anniversaire du printemps berbère. Le campus a en effet regroupé la majorité des acteurs d’avril 1980. Une manifestation initiée par la section CNES de l’université de Tizi-Ouzou. Une dizaine d’entre eux ont pris part à cette conférence intervenant face aux étudiants, à l’auditorium de Hasnaoua, afin de revenir sur cette ère qui a marquée à tout jamais le combat identitaire. Des interventions où chacun a fait part de son expérience mais aussi de son avis sur la situation actuelle du combat identitaire. Les interventions ont toutes convergé vers une seule idée, celle de «faire ressusciter l’esprit de 80». Un esprit qu’ils ont d’ailleurs longuement évoqué hier. De Mouloud Lounaouci, Saïd Kelil et Arezki Abboute, à Fali Ahmed, Oussalem Mohand Ouamar, en passant par Rachid Aït Ouakli, Ali Brahimi, Saïd Douman et Karim Bacha frère de Mustapha Bacha notamment, les intervenants se sont succédé pour se remémorer les meilleurs et aussi les pires moments du printemps berbère 1980. Des faits dont la majorité sont connus, dont l’interdiction de la conférence de Mouloud Mammeri qui devait avoir lieu au campus universitaire de Hasnaoua en mars 1980. Il y eut aussi les ripostes de l’Etat qui ont suivi, avec l’arrestation et l’emprisonnement de pas moins de vingt-quatre personnes à Berrouaghia. Mais à travers ces interventions, les participants se sont tous entendus pour dire qu’à cette époque-là «l’union malgré les divergences» régnait avant toute autre chose, estimant que c’est là le joyau de «l’esprit 1980». Arezki Abboute, qui se remémora la solidarité qui régnait en ce temps-là parmi tous les acteurs du printemps berbère, a estimé que «c’est grâce à cette même solidarité que l’on parle encore aujourd’hui du printemps berbère et de la lutte pour l’identité amazighe». Rachid Aït Ouakli a pour sa part aussi insisté sur l’union qui a caractérisé l’esprit de 80, expliquant à sont tour qu’à cette époque-là étudiants, enseignants et travailleurs s’étaient donné la main pour animer la contestation et porter haut la revendication identitaire. Il sera rejoint par son camarade Ali Brahimi qui insistera sur la nécessité de réhabiliter la langue et la culture, allant jusqu’à opter pour la «reconstruction du Mouvement culturel berbère (MCB) et qui doit émaner des autorités morales reconnues de tous», dira-t-il. Dr Ahmed Fali insistera aussi de son côté sur la «restitution de l’esprit 80». Tout ceci pour dire que «le combat n’est pas terminé». Car pour les intervenants, rien n’est encore joué et rien n’est complètement acquis. Même si la langue amazighe est aujourd’hui incluse dans la Constitution, les intervenants préfèrent cependant jouer la prudence. Puisque, comme le résume Mouloud Lounaouci, «l’amazighité est un projet de société de valeurs, comme la liberté la solidarité et l’égalité ce n’est pas qu’une question de langue». D’autant plus que s’arrêter à la langue uniquement c’est mettre en péril les acquis et donner lieu à d’autre problème qui sont notamment, «la transcription, le choix de la variante et le contenu pédagogique», ajoutera le même intervenant. Ali Yahia Abdenour, invité lui aussi à prendre part à la rencontre des anciens animateurs du mouvement de 1980, ne manquera pas d’appeler à l’union, au rassemblement et à la mobilisation autour de Tamazight. Par ailleurs, la conférence ne s’achèvera pas sans invitation à la production et à l’écriture de l’histoire du printemps berbère et du MCB. Karim Bacha, estimant qu’il s’agit là d’un élément important à ne pas sous-estimer, invitera les anciens camarades de son frère, Mustapha Bacha décédé à écrire leurs mémoires. Une manière de permettre aux jeunes générations et générations futures de connaitre les événements, le mouvement et son histoire.
T. Ch.
