«Tizi-Ouzou, une région à vocation artisanale»

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«L’apport de l’artisanat de la région dans l’économie» est le thème de la conférence animée par M. Belkhir Ali, directeur de la maison de l’artisanat de Tizi-Ouzou, à l’occasion de la journée du patrimoine. En effet, au cours de sa communication, M. Belkhir, en homme du secteur, savait de quoi il parlait et ne pouvait avancer des choses sans être convaincu de leur véracité. «Notre région recèle des potentialités importantes dans le domaine artisanal, ce qui la rend une région à vocation artisanale», dira-t-il. Et d’ajouter, «l’activité artisanale n’est pas seulement un métier, elle est intégrée dans le mode de vie de notre population, car elle provient de l’héritage ancestral (…). C’est un art précieux qui s’exprime de différentes façons». Et de citer des exemples : «la bijouterie, la poterie, la vannerie, le tissage, la sculpture sur bois, la broderie, le vêtement traditionnel et la ferronnerie d’art». Chacune des localités de la région a une spécialité propre à elle dans le métier. Ainsi, la poterie est la spécialité des régions de Matkaâs, Aït-Kheir, Ouadhias, Bounouh, Tirmitine, -le versant Sud de la wilaya- d’ailleurs, les femmes de ces localités ont perduré cet art depuis des siècles à tel point qu’aujourd’hui, la réputation de la poterie de la région dépasse les frontières de l’Algérie. Le conférencier a donné des précisions sur cette activité : «Aït Kheir est surnommé : village aux mille potiers». Les artisans et artisanes connaissent et maitrisent bien leur travail. D’ailleurs, ils assurent une importante production facilement commercialisée. En plus, ils n’ont pas besoin de se déplacer pour aller chercher la matière première, car elle se trouve dans leurs terres. Il s’agit de l’argile, cette terre rouge qui résiste à de hautes températures et qui permet de produire une poterie de haute qualité. Quant à Aït Hichem et Béni Z’menzer, elles sont connues pour le tissage. Le tapis d’Aït Hichem est de réputation nationale et dépasse même nos frontières. Les artisanes pour qui cet art n’a pas de secrets, décorent ces tapis d’une façon parfaite. Chaque décors raconte une histoire et symbolise un fait, un évènement, un sentiment ou un état d’âme que seules ces femmes peuvent traduire et expliquer. Les motifs berbères ont de très grandes importance et influence sur la société. Par ailleurs, La bijouterie d’Ath Yenni à émail cloisonné sertis d’émaux, date de la Phénicie ancienne. Ce bijou (comme son nom l’indique) est toujours fidèle aux origines les plus lointaines. Il est fait avec adresse et talent. «La variété des produits ne se trouve nulle part ailleurs !», déclare le conférencier. Cependant, la matière première fait défaut et les promesses de tous les responsables qui ont visité la localité durant la fête du bijou, ne sont pas encore concrétisées. La dernière est celle de M. Amar Ghoul que les artisans locaux attendent impatiemment. M. Belkhir apporte une explication à ce décor : «la matière première utilisée est le plané le fil et l’émail. Les couleurs utilisées sont : le bleu qui symbolise le ciel, le vert de la nature, le jaune de la lumière et le rouge du feu par le corail». C’est ce dernier (corail) qui fait aussi grandement défaut avec l’argent brut, dont la distribution est assurée par l’Agénor et que les artisans trouvent des difficultés à s’en procurer en quantité suffisante pour leurs commandes et pour la commercialisation. En outre, l’activité de la sculpture sur bois est une spécialité de la région de Djemaâ Saharidj et de Tizi Rached, avec la fabrication de coffres à bijou, de plateaux à thé et de meubles de tous genres (salles à manger et chambres à coucher, pour ne citer que ces exemples). Le deuxième volet de la communication abordé par le conférencier est : l’apport de l’artisanat dans l’économie. «L’artisanat contribue au développement local et à la promotion de notre économie, car c’est un créneau porteur et créateur de richesse, d’emplois et de valeur ajoutée», a-t-il déclaré. Pour étayer ses dires, il a donné quelques chiffres de ce secteur à l’échelle nationale : «le nombre d’activités artisanales est passé de 63 000 en 2002 à 334 000 en Juin 2015. Le nombre d’emplois, pour la même période, est passé de 150 000 à plus de 810 000, et le taux de croissance annuelle est de 13 %». Le conférencier a également argumenté l’importance et l’impact de cet artisanat dans l’économie du pays : «il contribue dans le produit intérieur brut (PIB) du pays. Les dernières estimations s’élèvent à 230 milliards de DA en 2015, alors que le montant était de 63 milliards de DA en 2008». Et d’avancer que le nombre d’artisans inscrits jusqu’au 31 Décembre 2015 au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou était de 5 246 engendrant la création de 19 410 postes d’emplois. Dans sa conclusion, l’orateur a attiré l’attention des pouvoirs publics sur la nécessité d’une meilleure prise en charge de cet artisanat qui constitue le fer de lance des artisans. À l’Etat, donc, de le promouvoir par une bonne distribution de la matière première, d’une mise sur pied de commissions et de la création d’un label. Les efforts de toutes les parties concernées doivent être conjugués.

Arous Touil

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