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L’église de Maâtkas menacée de fermeture

La communauté chrétienne en Kabylie est sous pression. Après l’église d’Aït Djima, dont le Pasteur a été mis en demeure, au mois de février dernier, par le chef de daïra des Ouadhias, le sommant de cesser toute activité cultuelle dans le lieu servant à l’exercice du culte de sa communauté, c’était au tour, hier, de l’église de Maâtkas de subir le même traitement.

En effet, ses responsables ont été destinataires d’une mise en demeure, signée par le chef de daïra de Maâtkas, exigeant la fermeture de leur lieu de culte, a-t-on appris, hier, de Hocine, l’un des serviteurs de cette communauté chrétienne. Le motif indiqué dans ladite mise en demeure est la non-conformité à l’ordonnance n° 06-3 du 28/02/2006, régissant le culte autre que musulman. «Il m’a été donné de prendre connaissance de l’exercice de culte autre que musulman à l’intérieur de l’habitation que vous avez érigée, et ce en contradiction avec les dispositions de l’ordonnance n° 06-03 du 28/02/2006, fixant les conditions d’exercice des cultes autres que musulman», lit-on dans la mise en demeure adressée par le commis de l’État aux dignitaires de l’église de Maâtkas. Précisément, le chef de daïra reproche aux responsables de cette communauté chrétienne la non-conformité de leur lieu de culte à l’article 05 de l’ordonnance n° 06-03, qui stipule que la réalisation d’un lieu de culte autre que musulman est subordonnée à une autorisation de la commission nationale de culte. «Ce n’est pas le cas pour votre habitation qui est réalisée sur la base d’un permis de construire ayant pour objet habitation», a argumenté le responsable de l’administration locale. Par conséquent, cette mise en demeure informe les trois responsables de l’église de Maâtkas, cités nommément dans le document, que le contrat de location de ce lieu de culte est nul. «Le bail de location est considéré comme nul, parce que conclu en infraction aux dispositions de l’ordonnance (06-03 de 2006 ndlr), laquelle soumet toute construction d’un lieu de culte autre que musulman à une autorisation préalable». Par ailleurs, le chef de daïra de Maâtkas menace les responsables de l’église en question de poursuites judiciaires en cas du non-respect de sa mise en demeure. «J’ai le regret de vous mettre en demeure collectivement de cesser toute activité dans l’édifice précité dès réception de la présente de rompre le bail de location qui est conclu en violation de la réglementation régissant l’activité et de remettre les lieux à leur destination initiale d’habitation sous peine de poursuites judiciaires conformément à la réglementation en vigueur», a-t-il averti. Pour sa part, l’un des responsables de l’église de Maâtkas, en l’occurrence Hocine, nous a informés qu’il a remis, il y a un mois, au chef de daïra, tous les documents attestant le fonctionnement de son église en toute légalité. «Nous avons fourni au chef de daïra et à la gendarmerie de Maâtkas tous les documents nécessaires, à savoir l’attestation d’affiliation à l’EPA, l’agrément et le bail de location. Notre église fonctionne conformément à la réglementation en vigueur», a-t-il souligné. Dans ce sillage, le Pasteur Hocine affirme que l’église de Maâtkas, qui compte une soixantaine de fidèles, y compris des familles entières, «n’a aucun problème avec la communauté musulmane de la région». Notons que la nouvelle Constitution, adoptée au mois de février dernier, a consacré dans son article 36 la liberté de l’exercice de culte, en stipulant que « la liberté de l’exercice de culte est garantie dans le respect de la loi ».

Boualem Slimani

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