De violentes émeutes ont éclaté, avant-hier aux environs de 18 heures à El Esnam, à 10 km à l’Est du chef-lieu de la wilaya de Bouira, entre des jeunes manifestants et les forces de l’ordre, suite à une altercation survenue, vendredi passé, entre un jeune de la localité, Mohamed Merdoud en l’occurrence, et des policiers en civil du commissariat d’El Esnam.
Les manifestants qui ont, dans un premier temps, assiégé le siège de la sûreté urbaine pour dénoncer ce qu’ils ont qualifié «d’agression d’un jeune par des policiers», ont brulé des pneus et bloqué le tronçon de la RN5 traversant la localité à l’aide de pylônes et autres pierres. La situation a vite dégénéré pour se transformer en affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Aux jets de pierres lancés par les manifestants, les forces anti-émeutes useront de gaz lacrymogène pour riposter. Les affrontements se sont poursuivis durant toute la soirée de dimanche, même au-delà. Hier encore, la tension était palpable. Des sources locales, de nombreuses arrestations (23 selon certains) ont été effectuées parmi les manifestants avant-hier soir et hier matin. L’on apprend, par ailleurs, que le maire de la localité M. Halal, fait de son mieux pour faire calmer les esprits surchauffés et ramener de la sérénité. À l’heure où nous mettons sous presse, la tension a un peu baissé mais il règne toujours un climat électrique à El Esnam. La population qui a déjà appelé dès samedi, «à ce que toute la lumière soit faite sur ce qui s’est passé et la prise de mesures adéquates», réclame à présent la libération des jeunes arrêtés.
Mohamed Merdoud témoigne
Pour revenir aux faits, Mohamed Merdoud, qu’on a rencontré hier à l’hôpital de Bouira, a bien voulu nous relater sa version des faits. Notre interlocuteur qui souffre d’une fracture à l’épaule dit être victime d’une agression de la part de plusieurs agents en civil vendredi soir. «J’étais à la recherche d’un clandestin pour regagner mon domicile, lorsque je tombe sur des personnes à bord d’un véhicule que je pensais reconnaître. J’ai demandé à l’un d’entre eux à quel prix il m’mènerait chez moi, il m’a proposé un prix que j’ai jugé exorbitant. S’en est suivi une discussion autour du prix de la course. À ce moment-là je ne me doutais pas que j’avais à faire à des policiers en civil. D’ailleurs, ils s’étaient prêtés au jeu», dira-t-il. Et d’ajouter : «Tout à coup, le ton est monté d’un cran. Les personnes à bord du véhicule descendent et commencent à me bousculer. Je me retrouve par terre roué de coups». Pour notre interlocuteur, les choses ne s’arrêtent pas là car, dira-t-il encore, «d’autres policiers en tenue, cette fois-ci, arrivent pour m’embarquer au commissariat. Là encore, on m’a malmené. Des pompiers m’ont évacué peu après vers Lakhadria, puis à Bouira où j’ai subi, avant-hier, une opération chirurgicale». À la question de savoir s’il a agressé un policier comme l’avait déclaré le chef de la sûreté de wilaya à des confrères, M. Merdoud nie catégoriquement ces faits. «Je n’ai agressé personne», nous confie-t-il. Dans l’entourage proche de Mohamed, notamment son père et ses cousins qu’on a pu approcher, hier, à l’hôpital, l’on dit ne pas comprendre les agissements des policiers. Pour un de ces cousins, «si Mohammed a par hasard fauté les policiers pouvaient poursuivre la procédure légale, c’est-à-dire l’emmener au commissariat pour l’interroger».
D. M.