L’école primaire baptisée Remous Saada

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L’école « Ibaraken » sise au chef-lieu des Ouadhias, au Sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, porte officiellement depuis avant-hier jeudi, le nom de la chahida Remous Saada.

À cet effet, une grandiose fête a été organisée jeudi dernier par la direction et le personnel de l’établissement. En présence des autorités locales, des services de sécurité de la Protection civile, des cadres du secteur local de l’éducation, de celui de la formation professionnelle, de l’organisation nationale des Moudjahidines, des parents d’élèves et de nombreux invités de marque en plus de la famille de la chahida, et après la levée des couleurs nationales et l’observation d’une minute de silence à la mémoire des martyrs de la révolution, l’effigie de la chahida fut dévoilé. La directrice dudit établissement, Melle Rahem, après avoir souhaité la bienvenue à l’assistance et remercié ses invités pour l’avoir honorée, passera la parole au président de l’APC des Ouadhias, M. Youcef Akir, qui a indiqué : «Nous sommes heureux d’être parmi vous pour baptiser cette école au nom de la chahida Remous Saada. Un grand coup de chapeau à la direction de l’école pour cette belle initiative. Nous sommes bien sûr disponibles pour soutenir ce genre d’initiatives et ferons tout pour aider cette école à avancer». Après plusieurs interventions et plusieurs témoignages sur la chahida et la lecture de sa lettre destinée à sa famille pendant sa détention, on donna l’occasion à la chorale de l’école pour interpréter des chants faisant éloge aux glorieux chouhadas de la révolution. Le poète écrivain Mr Yanes montera sur la scène pour déclamer plusieurs de ces poèmes. Après la pose déjeuner, c’est le tour des distinctions. Les trois premiers élèves de chaque division pédagogique ont été gratifiés de cadeaux et de diplômes d’honneur, au même titre que la fille de la chahida, des inspecteurs et les autorités. Signalons qu’une animation musicale a été assurée par un DJ pour créer de l’ambiance. Chose très appréciée par les 378 apprenants que compte cet établissement. Les élèves ont aussi assuré des représentations théâtrales. En somme, l’école Remous Saada a vécu une journée que les écoliers n’oublieront pas de sitôt. La directrice de l’école que nous avons rencontrée sur les lieux a demandé : «Nous espérons qu’à partir d’aujourd’hui, on désignera notre école par son nom Remous Saada et aux citoyens de ne plus parler d’école «Ibaraken», d’ailleurs les baraquements d’antan n’existent plus. Nous demandons aussi aux responsables concernés de nous doter de rayonnage et de mobilier nécessaire pour ouvrir une bibliothèque et de nous construire un bloc administratif».

Qui est Remous Saada ?

Remous Saada est une combattante de la première heur,e puisqu’elle a participé à la guerre de libération depuis 1954. Elle est née le 6 décembre 1908 à Ait Abdelkrim, dans la commune des Ouadhias. Elle a été tuée en 1959 par l’armée coloniale et a été jetée dans les champs au lieu-dit Hendjar Djerah du côté du village Tiqiwecht, dans la même localité. Sa fille, encore en vie, que nous avons questionnée a déclaré : «J’étais orpheline de père dès l’âge de 2 ans. C’était ma mère qui s’occupait de moi et de ma grande sœur Ellah Yerhemha. Au déclenchement de la révolution, ma mère s’est engagée corps et âme dans la lute pour l’indépendance. Elle s’occupait de la distribution du courrier, de l’acheminement et de la répartition du ravitaillement. Elle transportait aussi des armes, d’ailleurs notre maison était devenue un entrepôt pour l’ALN. En 1959, elle a été donnée par les ennemis de l’Algérie. Elle s’est réfugiée dans la région de Béni Douala mais là aussi, ils ont fini par la retrouver et la capturer. Elle a été sauvagement torturée par l’armée coloniale. Comme elle a résisté ils ont fini par l’assassiner et la jeter en pleine nature du côté de Tiqiwecht». Concernant cet hommage rendu à la chahida après 54 ans d’indépendance, notre interlocutrice a trouvé : «Nous ne remercierons jamais assez la direction de cette école pour avoir pensé à notre mère. Je suis merveilleusement surprise que je pense que c’est aujourd’hui que je viens de naître. Concernant ma modeste vie, nous vivotons mon mari et moi qui sommes tous les deux des malades chroniques. Notre mère n’a à aucun moment bénéficier de quoi que ce soit. Cette cérémonie est la première du genre. En 2013, j’ai déposé un dossier au niveau de la mouhafadha de Tizi-Ouzou pour une reconnaissance aux sacrifices de ma mère, mais à ce jour, je n’ai reçu aucune réponse».

H. T.

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