En évoquant Houra, un village de quelque quatre mille cinq cents âmes perché à l’extrême Est de la commune de Bouzeguène, à la lisière de la célèbre forêt d’Akfadou ayant servi de poste de commandement de l’ALN durant la guerre de libération nationale, il serait regrettable de ne pas mettre en avant le dynamisme et la détermination du comité de ce village et de l’association culturelle «Assa».
En effet, si malheureusement dans plusieurs autres villages de la Kabylie, Thajemaât tend de plus en plus à perdre sa valeur et l’avis de ses membres n’est souvent pas pris en compte, à Houra, c’est tout à fait l’inverse, car le comité de village est toujours souverain et occupe une place de choix. Aussi, l’avis de ses membres trouve toujours égard. Après concertation et délibération, les décisions prises par le comité de village de Houra sur une affaire quelconque concernant les villageois sont irréversibles. D’ailleurs, grâce aux efforts et la médiation des représentants des habitants de ce village, excellents dans le dénouement des conflits, les antagonismes sont gérés de manière vraiment remarquable, équitable et surtout sans recourir à la justice. Sans avoir l’aval des membres dudit comité aucune affaire, quelque soit sa nature et quelque soit sa difficulté n’est transmise aux palais de justice. Le linge sale se lave en famille à Houra. La gestion des conflits au sein du village est assurée en toute quiétude sans la moindre dépense. En plus de leur participation bénévolement dans le règlement des oppositions, les membres du comité de village de Houra ne ménagent aucun effort pour prêter main forte dans le travail pour l’intérêt commun. Chaque année, à la veille du mois sacré de Ramadhan, en plus des aides accordées par les pouvoirs publics dans le cadre des divers dispositifs d’aide, 800 quintaux de semoule sont collectés auprès des âmes charitables de la région avant d’être distribués aux familles nécessiteuses en fonction de l’ordre de mérite. Durant les moments d’effervescence tout comme dans la majorité des activités à caractère lucratif, les éléments du comité de village de Houra prennent part activement. Ils participent à l’organisation des fêtes, des funérailles&hellip,; comme ils ne ratent également pas la célébration des dates historiques et celles ayant trait à l’identité berbère. Par exemple, durant la deuxième semaine du mois de juin de l’année dernière, le comité de village de Houra, en collaboration avec les associations culturelles «Assa» et «Yakoubi Ferhat», a organisé la deuxième édition du Festival du burnous. Pour les initiateurs de cet événement, qui a drainé des milliers de personnes et durant lequel un riche programme d’animation a été concocté le burnous a une valeur symbolique méritée, nécessitant d’être sauvegardée. «Le burnous est la meilleure tenue qui puisse caractériser l’homme berbère libre, brave, digne et honorable. Il le protège du froid comme de la chaleur. Grâce au burnous, on ne peut savoir qui est riche et qui est pauvre… Une maison berbère qui ne l’a pas, c’est comme si elle n’a pas d’identité», comme l’avait, d’ailleurs, souligné à juste tire par la même occasion Mohand Ouidir Saib. Sinon, les éléments du comité de village de Houra restent toujours soucieux de la tranquillité des villageois qu’ils représentent dignement, fidèlement et surtout bénévolement.
Djemaa Timzouert

