El-Mizab, un village marginalisé

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Les habitants du village El-Mizab, dans la commune de Seddouk, ne savent plus à quel saint se vouer pour trouver une oreille attentive à leurs doléances.

«Comme on a frappé à toutes les protes des responsables de l’APC, de la daïra et de la wilaya qui ne veulent toujours pas dépasser le stade des promesses qu’ils nous donnent et qu’ils ne tiennent pas, il nous reste un espoir, celui d’attendre les portes du ciel s’ouvrir sur nous», a fait savoir Merouche Hocine, l’un des habitants et membre de l’association socioculturelle locale, que nous avons consulté et qui nous donnera ci-dessous plus de détails. «Notre village compte environ mille habitants qui vivent dans des problèmes incommensurables. Nous avons fait toutes démarches auprès des autorités locales, notamment l’APC et la daïra et la wilaya, mais malheureusement, il semble que nos cris de détresse tombent dans les oreilles de sourds. On est allé jusqu’à fermer les sièges de l’APC et la daïra à deux reprises pour nous faire entendre, mais en vain. Nous avons même parlé avec le wali de Béjaïa, lors de sa visite à la commune de Seddouk, qui nous a bien écoutés et a instruit devant nous les directions de wilaya concernées. Force est de constater que rien n’a été fait pour notre village après six mois passés. Durant ces six mois, on n’est pas resté les bras croisés du fait qu’on est allé voir la direction des mines et de l’énergie, la sous-direction de l’énergie (ex Sonelgaz), certaines autres directions de la wilaya et même le chef de cabinet du wali, qui nous demandent à chaque fois d’attendre. Ne dit on pas que l’espoir fait vivre, de longues attentes font mourir ! Doit-on aller voir du côté des ministères pour leur demander des projets ? Je ne pense pas que c’est faisable», dira notre interlocuteur. Et d’ajouter : «Pourtant, on n’a pas cessé de dire aux responsables concernés que les projets que nous avions demandés sont prioritaires. À commencer par l’aménagement urbain qui fait défaut».

Que de manques !

Les gens ont acheté des lots de terrain et construit leurs maisons avec leur propre argent, fruit de leurs sueurs et labeurs, et finalement après des dizaines d’années ils marchent toujours sur la gadoue en hiver et inhalent la poussière en été. «L’APC de Seddouk, de 2012 à ce jour, a bitumé une dizaine de routes environ, en ville ou dans les villages, alors que notre village n’a même pas eu droit à un projet de TVO. Un projet d’un groupe scolaire a été accordé en 2010 à notre village qui s’agrandit avec de nouvelles constructions au sol émanant des privés, 118 logements en voie de finition émanant d’un promoteur public et 118 autres émanant d’un promoteur privé. Malheureusement, ce projet d’école reste à la traine à présent et nos enfants enjambent une rivière où ruissellent les eaux usées de la ville de Seddouk. Ces eaux usées à ciel ouvert provenant d’une obstruction d’une conduite d’égout non réparée, ne constituent pas seulement un danger pour les écoliers mais engendrent des nuisances aux habitants des résidences proches de la rivière en question, de par les odeurs nauséabondes qui se répandent à des centaines de mètres à la ronde sans oublier la prolifération des mouches et moustiques en été. Nous vivons un calvaire durant les trois mois de la saison estivale. L’oisiveté le farniente et la monotonie collent à la peau de nos jeunes, à cause du manque de loisirs dû à l’absence d’une aire de jeux de proximité et d’un foyer de jeunes où ils pourront se retrouver. C’est le cas de nos malades qui vont jusqu’à la polyclinique de la ville pour des soins infirmiers alors que si on avait un centre de soins comme tous les villages, ils seront épargnés des déplacements onéreux en taxi. Dans le domaine de l’extension, notre village ne cesse de s’agrandir avec de nouvelles constructions qui malheureusement, une quarantaine d’entre elles, attendent des années un projet d’extension de gaz de ville et d’électricité qui tarde à venir. Certains propriétaires pressés par le besoin habitent leurs logements dans la précarité en recourant à la bougie ou en ramenant du courant électrique chez des voisins lointains. Quand au gaz, ils utilisent la bouteille de gaz butane. Il y en a des propriétaires qui n’habitent pas encore leurs logements à cause de l’absence de ces commodités. Tout compte fait, je peux dire sans me tromper que notre village est le parent pauvre de la commune de Seddouk», déclare-t-on. Pour notre interlocuteur, le seul organisme qui a vraiment répondu, et dans les plus brefs délais, à leur demande reste l’ACTEL de Béjaïa qu’il a tenu, d’ailleurs, à remercier au passage. «Le directeur de l’ACTEL est le seul, pour le moment, qui a répondu favorablement à notre demande d’un projet de téléphonie fixe. Nous sommes allés le voir et le lendemain il a envoyé une équipe pour faire le nécessaire. Dommage, il n’existe pas beaucoup de responsables comme lui, autrement dit, aucune siège ou route ne soient fermés», renchérit-il. Beaucoup de gens rêvent de construire dans ce village où le prix d’achat du mètre carré d’un lot de terrain est le plus cher dans la commune de Seddouk. La raison est la plus simple. Ce village est un éden à le voir depuis la ville de Seddouk. Il est situé à l’abord de la RN74 et au piémont et lisière d’une pinède sur une surface légèrement accidentée. Ses constructions à la belle architecture charpentées avec la tuile rouge dont la plupart sont assorties de jardins fleuris lesquels sont dotés de murets construits avec de la pierre locale et de puits leur assurant une suffisance d’eau potable et d’irrigation de potagers, font de lui un village de province. Mais seulement, il est le moins nanti en matière de projets étatiques, c’est pourquoi ses habitants crient haut et fort, à qui veut bien les entendre, leur marginalisation.

L.Beddar

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