Les déversements sauvages de déblais reprennent de plus belle et redoublent d'intensité au niveau de la ferme pilote du côté de Raffour.
Des citoyens riverains courroucés et extrêmement révoltés nous ont de nouveau approchés lundi dernier pour dénoncer «l’absence totale des autorités» face à cette agression caractéristique de terrains agricoles, signalée dans ces mêmes colonnes durant le mois écoulé (voir notre article du 21/04/2016) sans qu’aucune des nombreuses autorités directement concernées ne fasse le moindre geste pour y mettre un terme. En effet, c’est une inqualifiable nouvelle agression perpétrée sur les terres de la ferme pilote des légendaires surfaces agricoles d’Oughazi qui faisaient partie de l’historique » grenier de l’Europe » du temps où elles étaient exploitées par des fermiers colonialistes. En effet, elle (la ferme pilote) connaît des déversements sauvages, anarchiques de déblais composés de la terre provenant des fouilles des nouvelles constructions, de pierres et de débris de matériaux de construction composés d’agglomérés comportant une forte composition d’amiante. Le tout déversé sur des surfaces agricoles à proximité du CEM et du lycée de Raffour, en face d’un alignement d’habitations du quartier mitoyen de cette ville. Des surfaces pourtant remises en valeur, il n’y a pas longtemps, par un investisseur actionnaire dans cette ferme pilote qui a engagé des moyens colossaux pour évacuer les monticules de ces déblais qui ont enseveli environ 50 hectares de ces surfaces hautement fertiles. Une opération d’envergure qui lui a coûté sur le moment l’admiration des citoyens. Ce même investisseur qui a plié bagage il y a une année suite à des contraintes rencontrées sur le terrain, a immédiatement procédé à la pose d’une clôture pour protéger les terrains et y interdire l’accès. Hélas, c’est compter sans l’incivisme des uns et la passivité des autres. Une brèche a été pratiquée dans cette clôture pour permettre aux engins des travaux publics d’y accéder et les déversements ont repris de plus belle depuis l’année passée, soit immédiatement après la campagne de moisson-battage dont la récolte de blé dur a été de 45 quintaux à l’hectare en moyenne, sur ces surfaces agressées sans état d’âme.
Des entreprises du bâtiment pointées du doigt
Les citoyens qu’on a rencontrés sur les lieux pointent du doigt les entreprises qui interviennent sur le projet des 150 logements sociaux de Raffour, mitoyen du lycée, un projet étatique de surcroît. Bien entendu, même les auto-constructeurs profitent eux-aussi de cette occasion qui leur est offerte pour se débarrasser des encombrants déblais et même des ordures ménagères à moindres frais. Ces surfaces agricoles ensevelies de nouveau sur une superficie qui frôle les deux hectares, reprennent de nouveau leur ancien décor de hideux terrain vague et de foyer d’épidémies que ne sépare qu’une route du dernier quartier ouest de Raffour, l’un des plus populeux de cette importante agglomération. » La nature a horreur du vide », disait l’adage. Où sont passés les services techniques chargés du suivi de ce projet de logements sociaux, ceux de l’agriculture et les gestionnaires de cette ferme pilote qui sont les premiers concernés au même titre que ceux de la subdivision agricole de M’Chedallah? Il y a aussi le mouvement associatif qui se confine dans un silence assourdissant face à cette catastrophe à plusieurs facettes. Il a fallu que les citoyens de Raffour, courroucés par cet état de fait, s’ingèrent pour attirer notre attention sur cette inqualifiable et inadmissible agression qui prend de l’ampleur au fil du temps et en toute impunité sachant qu’il est inclus dans le cahier des charges des entreprises qui interviennent sur ce projet des 150 logements, l’ « évacuation des déblais » rémunérée au même titre que le reste des lots des gros œuvres ou des lots secondaires. Ceci dans le moment où les falaises d’Aharrach ont grandement besoin de ces déblais pour servir de digue et arrêter l’érosion provoquée par les crues d’Assif n’Sahel qui s’avancent vers des terrains agricoles sur lesquels elles grignotent chaque année et qui ne sont qu’à quelques encablures au Sud de Raffour. Reste à espérer que les autorités locales réagissent incessamment pour y mettre un terme. Il suffirait de colmater cette brèche de quelque 15 mètres de largeur, mais en obligeant auparavant ceux qui ont déversé leurs déblais sur ces lieux à procéder à leur évacuation vers un endroit approprié. Joint par téléphone, le gérant de cette ferme pilote dira qu’il a saisi l’APC par écrit et… rien de plus. Et si l’APC ne réagit pas, doit-on pour autant croiser les bras et prier qu’une autre autorité intervienne pour y mettre un terme, ou faudrait-il que les citoyens passent à des actions de rue pour se pencher sur ce cas répressible ?
Oulaid Soualah

