La doyenne d'Ighzer N'Chevel s’en est allée

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C’est avant-hier qu’a été enterrée la doyenne d’Ighzer N’Chevel sur les hauteurs de Boghni. En effet, elle s’appelle Saâdi Fatima Naâmar Omar que tous les villageois surnomment  » Jida Foufi », notamment ses quarante petits-enfants. Elle est décédée à l’âge de 101 ans, car elle est née présumée en 1915. «Elle a continué à préparer, elle-même, ses repas jusqu’à son dernier souffle», nous dira l’un de ses trois enfants encore sous le choc parce que pour lui «c’est une bibliothèque qui vient de brûler», d’autant plus qu’elle représente la mémoire du village en matière d’histoire. Elle racontait avec force détails toutes les batailles qui eurent lieu dans ce douar martyr qui a donné 480 martyrs pour l’indépendance du pays. Lors de notre visite, l’an dernier, et plus précisément chez elle, le 7 mars 2015 (relire son portrait dans notre édition du 8 mars 2015), elle nous avait séduit non seulement par ses valeurs morales, mais aussi, par son remarquable intelligence telle celle d’un éléphant comme on le dit souvent. D’ailleurs, pour l’estime que lui réservent les habitants du village, son enterrement a eu lieu en présence d’une grande foule d’autant plus qu’elle avait beaucoup aidé les moudjahidines de la région et au bout du compte aucune pension ne lui avait été accordée. Tout de même, elle était restée fidèle aux martyrs qu’elle glorifia avec ses poèmes à chaque fois qu’elle est invitée aux célébrations des fêtes nationales (premier novembre, 5 juillet, 18 février et 19 mars). C’est pour dire que cette centenaire avait, dans son cœur, l’Algérie mieux qu’autre chose. «C’est une moudjahida, et personne ne pourra lui dénier ce titre. En tout cas, Dieu l’accueillera dans son vaste Paradis tout comme tous les martyrs. Que Dieu aie son âme», suffira de nous dire un moudjahid présent à ses funérailles. «Si aujourd’hui, Jida Foufi n’est plus dans ce bas monde, elle sera toujours vivante dans nos cœurs et sa silhouette continuera à planer devant nous et devant tous les coins qu’elle aimait», nous déclarera l’un de ses petits-fils. À Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons.

Amar Ouramdane

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