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Sidi Ali Bounab crie son marasme

La coordination des présidents des six (06) comités de villages de Sidi Ali Bounab, dans la commune de Tadmaït, s’est réunie, vendredi dernier, pour débattre des problèmes qui préoccupent les habitants de cette région de Tizi-Ouzou, frontalière de la wilaya de Boumerdès.

Une copie du PV nous a été remise par le président de l’un des comités, M. Belmadani Nassim. «Pas moins d’une dizaine de points et non des moindres ont été longuement débattus au cours de cette réunion», nous dira-t-il. La plus grande préoccupation de la population de cette région trop longtemps meurtrie, isolée et carrément oubliée des autorités locales et autres responsables de la wilaya, est incontestablement l’ouverture, dans les meilleurs délais, du chemin de wilaya n°3, fermé durant la période de la décennie noire. Celui-ci commence à Mouldiouane, face à la BMPG de Draâ Ben Khedda, et va jusqu’au monument N° 9, sur une distance de 12 à 15 km. Cette fermeture rappelle celle de la RN24 reliant Tigzirt et Dellys qui aujourd’hui est rouverte à la circulation et au trafic commercial. La réouverture de ce chemin est le souhait de tous les habitants de Sidi Ali Bounab qui attendent que cette décision soit prise par leurs dirigeants civils et militaires, notamment après le retour de la paix dans la région, trop longtemps meurtrie et à laquelle a été collée une étiquette non reluisante au cours de cette sinistre période. «Ce CW3 fait la jonction entre les deux wilayas de Tizi-Ouzou et Boumerdès et sa fermeture a complètement bloqué le développement de la contrée», nous diront Nassim, Ahmed et Rabah, membres de la coordination, qui préciseront : «Un échangeur a été prévu, sur plan, à Thighilt N’Tizi, il permettra d’accéder à l’autoroute Est-Ouest (pénétrante). C’est dire l’impact que pourrait avoir ce CW3 sur toute la région».

«La réouverture du CW3 est devenue impérative»

L’autre point débattu par la coordination est l’inexistence inexpliquée de structures sanitaires, prouvant que la DSP n’a aucun égard pour les habitants de cette région de plus de 8 000 âmes, réparties sur les villages Ihidoussène, Iwaryachène, Aït Saâda, Aït Khercha, Ath Mamar, Ath Sidi Smaïl et Tala Malek. Les malades et les femmes enceintes trouvent les plus grandes difficultés à rejoindre Tadmaït ou Draâ Ben Khedda. Il est à rappeler que de nombreux habitants du village Thala Malek ont fui les affres du terrorisme aveugle, abandonnant leurs terres et leurs maisons. Les villages sont d’ailleurs aujourd’hui dans un état de délabrement avancé et exigent d’importantes dépenses pour leur reconstruction. Pas d’accès, les poteaux électriques menacent de tomber, des fils pendent de partout, les toitures se sont effondrée, les portes et fenêtres ont depuis longtemps été volées… Tel est le sinistre décor dépeint par notre interlocuteur qui en parlent la gorge serrée. Celui-ci affirme en outre que la conduite d’AEP de Sidi Ali Bounab, Ighil Azougagh vers Timezrit, en acier, est très vétuste. Les fuites d’eau sont légion et l’eau a une couleur repoussante et un très mauvais goût, menaçant la santé des citoyens. Dans un autre registre , on apprend que le projet de gaz naturel, prévu et destiné pour les villages cités plus haut, n’est pas près d’être achevé car l’entreprise réalisatrice a carrément disparu et n’a plus donné signe de vie. Elle avait juste fait du bricolage, bâclant le peu de travaux effectués, sans qu’elle ne soit inquiétée par qui que ce soit.

Booster le développement dans la région

Pour les villageois, l’inscription d’un CEM est une urgence, car même si le transport scolaire est disponible, les élèves du cycle moyen sont contraints de faire 12 km, du village Iwaryachène à Naciria (Boumerdès). Les comités de villages insistent sur l’inscription d’un CEM sur les hauteurs de Sidi Ali Bounab. Le président du comité de village Thala Malek, M. Mérabtène Rabah, nous apportera son témoignage : «Les habitants de Thala Mallek veulent rejoindre leur village, mais le CW3, toujours fermé les en dissuadent. C’est pourquoi, aujourd’hui, il est devenu impératif que ce chemin soit remis en état. Les populations sont conscientes de l’impact qu’aura cet accès principal et salutaire». Et d’apporter une précision de taille : «Suite à l’absence d’accès aux villages, due à la fermeture trop prolongée du CW3, de nombreux habitants des hauteurs de Sidi Ali Bounab ont préféré dresser des bidonvilles à Tadmaït, Draâ Ben Khedda ou squatter des logements en ville.

Concernant le secteur de la jeunesse, celui-ci, à en croire le PV de la réunion de vendredi dernier, est dépourvu de la moindre infrastructure : pas d’aires de jeux, pas de stade, pas de foyers ni de maisons de jeunes, pas de bibliothèque (ni même de salle de lecture). Concernant la culture et le sport, c’est le désert absolu ! Les jeunes sont désœuvrés, désemparés et nos interlocuteurs se posent la même question : «A qui la faute ?». Ils nous ont informés qu’une demande d’audience allait être adressée au wali et déposée, dimanche 08 mai (hier NDLR), par la coordination des comités de villages de Sidi Ali Bounab.

Arous Touil

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