Rien de neuf à At Rgad. Les semaines à dormir debout s’y suivent toujours. Cela va sans doute continuer jusqu’à l’horizon 2019. En attendant, chacun y met le paquet qu’il peut sur le starting-block de la magistrature suprême. Beaucoup y vont avec déjà un pied sur l’étrier du cheval d’El Mouradia et la certitude que rien ne va s’écrouler et que tout leur est à jamais acquis. Pour mieux asseoir leurs certitudes «crachées, jurées», ils se livrent une guéguerre pour la domestication et le contrôle total de notre Lbachir la Besace et de Sfunteh-tv. L’exercice est bien évidemment saupoudré d’actualité comi-tragiques : virées dans blanchisseries de «llawliya salhin» et révélations panaméennes. Pendant ce temps où l’on a d’yeux et d’oreilles que pour 2019, Taddart, elle n’a d’yeux que pour la courbe du cours du brunt. Sous l’emprise d’un blues qu’on ne lui a jamais connu, Sadiya n l’Euro s’est enfermée chez elle, la semaine durant. Ses complices sont allés lui rendre visite.
– Amek Na Sadiya, ce n’est pas la forme ? s’inquiète Da Militant.
– Un peu fatiguée, c’est tout.
– On est là Sadiya, intervient le vieux Dezdeg.
– Vous ne pouvez pas faire grand-chose hélas.
– Ce que t’as Na Sadiya s’appelle le «icmiqnat», dit à son tour Da Militant.
– C’est quoi ça ? Toi, depuis que t’es mis à lire…
– Le «icmiqnat» est un mot que j’ai inventé alors que je lisais «les identités meurtrières» de Amin Malouf. En fait, il a le sens de cafard, bleus, mais en quantité industrielle.
– Et c’est quoi le bleus et cafard en kabyle ?
– En kabyle ça veut dire «teddigutid»
– Oui, c’est bien ça, t’as raison.
Et s’est alors que le vieux Dezdeg se rappelle la machine à remonter le temps. Il propose à ses amis :
– Et si on prenait notre machine pour aller à une époque, où il fait bon vivre. Ça changera les idées à Sadiya.
– Très bonne idée ! estime Da Militant.
– Je ne pense pas que cela soit une bonne idée. Cela pourrait même accentuer le «icmiqnat» de Na Sadiya, trouve Kaci l’Angoisse.
– Pourquoi donc Kaci ?
– Parce que cette époque où il faisait bon vivre dans ce pays n’existe pas. De toute façon, je ne l’ai pas encore rencontrée, depuis que je me suis mis sérieusement à lire et Dieu sait, des livres j’en ai lu ! Cette époque est à inventer.
T.O.A
t.ouldamar@yahoo.fr

