Site icon La Dépêche de Kabylie

Les ravins pollués

L’urbanisation galopante que connaît le chef-lieu communal d’Ighil Ali, n’est pas sans conséquences sur la vie quotidienne des habitants et de l’environnement. L’extension urbaine induit toujours l’extension parallèle de tous les réseaux afférents comme l’AEP, l’électricité et l’assainissement. Ce dernier volet constitue un sérieux problème dans cette localité car, d’une part, il y a ce problème d’insuffisance dans l’extension du réseau de l’assainissement, pour cela il y a des endroits qui ne sont pas encore raccordés, d’autre part, c’est plutôt l’évacuation de ces mêmes eaux usées qui pose problème. Effectivement, l’essentiel du réseau d’évacuation des eaux de l’assainissement du village d’Ighil Ali (double chef-lieu de daïra et de commune) débouche directement vers les ravins parcourant cette localité perchée sur des reliefs montagneux accidentés. Ainsi, les profonds précipices sont transformés en collecteurs des eaux des ménages, et ces dernières coulent à profusion dans ces lieux, censés être l’environnement à protéger par excellence. Cette pollution grave, au demeurant, de l’environnement immédiat d’Ighil Ali n’est pas restée sans conséquences fâcheuses. À l’exemple de la rive Est de ce grand village, où il existe des ravins profonds qui parcourent cette contrée. Les différents réseaux de l’assainissement débouchent sur cette rivière appelée communément Tassift, où les eaux usées suintent à même le lit, en dégageant des odeurs fétides. Ces déchets liquides ruissellent jusqu’à atteindre le village de Takorabt, en aval, en continuant leur course pour déboucher au final en plein lit de l’oued Sahel à une trentaine de kilomètres plus en aval. «Par le passé l’eau de Tassift était potable et les habitants y puisaient même leur eau. Aujourd’hui que les eaux des réseaux de l’assainissement sont déversées dans cette rivière, son eau est devenue polluée et inconsommable. Pire encore, les différentes sources qui existent aux alentour sont actuellement polluées. Je me souviens même qu’un enfant a été atteint de la méningite, et ce, après avoir consommé l’eau d’une source polluée!», relate amèrement un habitant de la localité. Et comme l’a si bien résumé notre interlocuteur, les eaux usées déversées, à tout-va, dans la nature et les champs, ont fini par tout polluer sur leur passage. Même le couvert végétal et la faune n’ont pas échappé au « déferlement » des eaux des ménages. Des voix s’élèvent pour doter les extrémités des réseaux de l’assainissement de mini-stations d’épuration des eaux usées, et ce, afin de dépolluer l’environnement en proie à une insalubrité grave, laquelle menace la santé publique et l’écosystème!

Syphax Y.

Quitter la version mobile