Des habitants disent non

Partager

Le dossier du relogement des habitants de la cité Ainouche Hdjila dite évolutive, qui a longtemps alimenté la chronique locale, connait, ces jours-ci, des rebondissements. Le wali de Bouira, Nacer Maaskri, est le premier à s’exprimer sur le sujet. En effet, dans des déclarations reprises par la presse locale, la semaine dernière, le premier magistrat de wilaya évoquait une démolition imminente de la cité. Selon Maaskri, «ses services n’attendent que la réception des désistements de quelques habitants de la cité» pour procéder au relogement puis à la démolition du quartier. Pour rappel, les autorités ont exigé des habitants du quartier à ce qu’ils se désistent de leurs logements pour procéder à leur relogement. La déclaration du wali n’est pas passée inaperçue puisque cette semaine, des habitants du quartier ont réagi pour remettre sur la table un ensemble de revendications. Ces habitants qu’on a reçus dans notre rédaction, conditionnent leur départ de la cité par la satisfaction de certains points. Parmi les points soulevés par nos interlocuteurs, figurent ceux ayant trait au dédommagement des propriétaires de logements et aussi à l’affectation de quota aux jeunes célibataires et aux mariés. À propos du premier point relatif au dédommagement des propriétaires de logements, un de nos interlocuteurs trouve aberrant le fait de proposer à un propriétaire un logement en location. Pour lui, le propriétaire doit être dédommagé pour son bien, ou bien jouir du droit de propriété du nouveau logement. «Des dizaines d’habitants du quartier sont propriétaires de logements, certains ont payé chers ces appartements. Et maintenant on vient leur proposer des logements sociaux dans le cadre du recasement pour lesquels on leur demande de payer un loyer chaque mois. Cela est inconcevable et surtout injuste», dit-on. Et d’ajouter, «il y a deux solutions, soit on dédommage ces propriétaires, soit on leur délivre des actes de propriété des nouveaux logements». A propos de cette dernière option, notre interlocuteur avoue que les autorités ont écarté cette possibilité sous prétexte que l’OPGI ne délivre pas d’actes de propriété pour des logements sociaux et que c’est contraire à la loi. Mais d’après lui, il incombe aux responsables concernés de trouver une formule à même de satisfaire ces propriétaires. Abordant les points relatifs à l’affectation de quota pour les célibataires et aux personnes mariés, nos interlocuteurs soutiennent que beaucoup de personnes représentant ces deux catégories, ont été lésées lors de l’opération de l’attribution de logements. Selon eux, plusieurs personnes ont été laissées sur le carreau alors que d’autres personnes de la même catégorie ont pu bénéficier de logements. Pour eux, cette manière de faire est injuste. Nos interlocuteurs exigent de l’équité et surtout de la transparence dans l’attribution. Sur un autre volet et s’agissant des désistements, nos interlocuteurs ne veulent même pas entendre parler. Pour eux, il n’est pas question de se désister de leurs logements. À ce sujet, ils feront savoir que plus de 90 personnes propriétaires au niveau de la cité évolutive ne se sont pas désistées de leurs logements. Du côté des autorités locales, l’on évoquerait juste quelques cas récalcitrants. Par ailleurs, nos interlocuteurs parlent de la visite récente des experts du CTC dans le quartier. Ces experts auraient classé les bâtiments dans la case rouge et comme menaçant ruine. En réaction à cette visite d’experts du CTC, nos interlocuteurs disent ne pas tenir compte du résultat de l’expertise et exigent plutôt une expertise indépendante. Evoquant les habitations menaçant ruine, nos interlocuteurs se demandent pourquoi les haouchs de la ville de Bouira, lesquels sont dans un état lamentable, n’ont pas reçu la visite des experts du CTC et leurs habitants n’ont pas encore été évacués. Pour eux, la visite du CTC dans la cité évolutive n’est qu’un prétexte pour justifier une éventuelle opération de démolition. Pour conclure, nos interlocuteurs font savoir qu’ils ne sont pas prêts à quitter leurs logements et personne ne les forcera à le faire. Ces habitants, qui disent refuser la hogra et la marginalisation, souhaitent que la même loi soit appliquée à tous. Pour rappel, un bras de fer s’est engagé entre habitants du quartier et autorités locales depuis presque deux ans, soit depuis l’affichage de la liste des bénéficiaires de logements sociaux à l’été 2014. Après plusieurs actions de rue et rassemblements, le nombre de bénéficiaires de logements dans le cadre du recasement a été revu à la hausse. En effet, un quota supplémentaire de plus de 20 logements a été rajouté au quota initial qui était de 168. Tout au long de l’année 2015, d’autres citoyens qui attendaient leur relogement sont montés au créneau pour exiger que l’on mette un terme à leur calvaire. Cependant, les autorités, à leur tête le chef de daïra, ont à chaque fois conditionné le recasement de tous les habitants par le désistement des logements. Dans le plan des autorités, le relogement puis la démolition de la cité restent conditionnés par le désistement de tous les habitants du quartier de leurs logements. Et jusque qu’au jour d’aujourd’hui, c’est toujours le statut quo.

D.M.

Partager