La session de l’assemblée populaire de la wilaya de Tizi-Ouzou, consacrée au secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique et qui s’est tenue, hier, au niveau de l’hémicycle Rabah Aissat, fut véritablement extraordinaire, dans la mesure où le supérieur fut passé au peigne fin avec la projection de photographies prises au cours des déplacements de la commission en charge de ce dossier aux niveau des différents campus et résidences universitaires.
Le premier responsable de la wilaya, M. Brahim Merad, fut tout aussi scandalisé que les élus de la situation dans laquelle se débat l’UMMTO. «Le moins que l’on puisse dire est que la situation qui prévaut à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou est dramatique ! Je fais ce constat amer tout comme vous. Mais nous devons nous poser la question suivante : pourquoi sommes-nous arrivés à cette situation ?!», déclarera le wali, ajoutant : «Il faut assainir le secteur et que les responsables soit de vrais responsables». Toutefois, poursuivra-t-il, «les projets actuellement dans le pipe, nous devons absolument les réaliser et nous projeter dans l’avenir. En ce qui concerne la rentrée universitaire prochaine, nous allons assurer une rentrée acceptable avec la réception de ces places pédagogiques et les lits d’hébergements qui sont suivis par une commission de wilaya qui se rend sur les chantiers une fois par semaine». Il précisera au passage qu’«il faut normaliser la wilaya de Tizi-Ouzou comme toutes les autres régions du pays, pour asseoir l’autorité de l’Etat et mettre fin à ces conditions déplorables et négatives que vit cette wilaya».
Le président de l’APW, Mohamed Klalèche, soutiendra pour sa part que : «La rentrée universitaire 2016/2017 s’annonce encore une fois très difficile surtout si les infrastructures ne sont pas réceptionnées avant le mois de septembre 2016, sachant que les effectifs des étudiants qui s’élèvent actuellement à 55 000 étudiants devront dépasser les 60 000 étudiants pour la rentrée prochaine. Les retards accumulés dans la livraison de ces infrastructures sont intolérables et les parties à responsabiliser sont multiples.
Les directions de la wilaya concernées directement ou indirectement et l’administration rectorale doivent travailler en parfaite coordination et efficacité et redoubler d’effort pour achever les 17 000 places pédagogiques et 17 500 lits en cours de réalisation». Il ajoutera : «Nous sommes conscients que toute la communauté universitaire accorde à la pédagogie un intérêt suprême, mais cela nécessite inévitablement une approche inclusive et un cadre de dialogue permanent et responsable…». Selon le P/APW, l’étudiant de l’UMMTO est en situation précaire. Plusieurs problèmes sont à déplorer : l’insécurité l’hygiène, la restauration, l’hébergement, la violence, les activités culturelles et sportives et la montée des fléaux sociaux.
«Certes des efforts ont été déployés, mais ils restent très loin d’un minimum souhaité», tiendra-t-il à préciser. Le recteur de l’UMMTO, le Pr Arezki Derridj, dira à son tour : «Les partenaires de la communauté universitaire doivent travailler en symbiose pour le développement de l’UMMTO. Les étudiants doivent s’épanouir scientifiquement et aller vers des formations ‘’professionnalisantes’’ en adéquation avec le monde économique d’aujourd’hui. Certes, notre université connaît un certain nombre de difficultés, mais on ne peut parler de marasme. Ces perturbations sont liées à un problème de communication». Il précisera : «Il faut limiter, voire supprimer les pyromanes qui prêchent le désordre au sein de l’UMMTO».
Le recteur admettra quant à lui que l’UMMTO est difficile à gérer : «Nous avons des faiblesses dans l’encadrement administratif et dans le corps des enseignants». M Derridj lancera un appel à l’endroit des pouvoirs publics et des élus de la wilaya : «Il faut aider l’université de Tizi-Ouzou à se stabiliser. Nous devons travailler la main dans la main pour améliorer la situation de l’UMMTO. Les problèmes existent, mais il faut regarder dans le rétroviseur les choses qui ont été consenties par l’Etat. Nous allons travailler ensemble pour pallier à ces problèmes de fonctionnement…».
Lors des débats qui furent très chauds, l’une des élues dira de la situation qui prévaut au supérieur, notamment les résidences universitaires : «Elle est navrante et indigne ! C’est une catastrophe dans tous les sens du terme». Une autre dira : «L’état de chaos dans lequel se trouve l’UMMTO était programmé dans la mesure où les infrastructures n’ont pas suivi !». Il a également été question, au cours des différentes interventions des élus, de la corruption qui gangrène le supérieur : «La corruption bat son plein à l’UMMTO, il y a une opacité dans la gestion des résidences et à cela s’ajoute l’insécurité au niveau des campus et résidences», fustigera l’une d’entres elles. Une autre élue proposera la mise en place d’une commission mixte pour faire le suivi des travaux jusqu’à la rentrée prochaine. M. Klalèche interpellera le recteur sur le cas des étudiants exclus pour le retard qu’ils ont accumulé dans leur scolarité et amnistiés par le ministre du Supérieur lors de sa visite de travail à Tizi-Ouzou.
A cela, le recteur répondra n’avoir reçu aucune circulaire de sa tutelle dans ce sens mais que «ces cas d’exclusions sont pris en charge au cas par cas». Le P/APW lui rétorquera : «Je vais saisir le ministre du Supérieur par courrier pour lui rappeler son engagement envers ces étudiants».
7 000 places pédagogiques seront réceptionnées à la rentrée universitaire 2016/2017
Selon M. Ahmed Ouadah, directeur des équipements publics de la wilaya, 7 000 places pédagogiques au niveau du campus de Tamda seront réceptionnées pour la rentrée prochaine 2016/2017, dont 2 550 achevées. 1 750 places seront réceptionnées en septembre et 2 700 en décembre. Les lits qui seront réceptionnés à la rentrée prochaine sont au nombre de 5 500 à Tamda, ainsi qu’un restaurant central de 800 places, également à Tamda. Après la présentation des trois directeurs des œuvres universitaires de Tizi-Ouzou, des DOU de Tamda, du centre et de Hasnaoua, de la situation de leurs directions respectives, le P/APW déplorera qu’aucune d’entre elles n’ait présenté sa situation financière.
Taous C