Des Subsahariens arrivent en ville…

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Bien qu’ils hantent les grandes villes depuis plusieurs années déjà, les Subsahariens ne sont arrivés à Aïn El Hammam que depuis quelques jours.

Les habitants qui les aperçoivent pour la première fois, se demandent avec curiosité ce qu’ils sont venus chercher dans une région où le chômage atteint toutes les catégories de la population. La commune aux moyens limités dont la majeure partie de la population vit chichement, ne peut se permettre de prendre en charge ce contingent qui paraît important, venu s’y installer. «Les grandes cités seraient-elles saturées pour qu’ils viennent dans nos contrées, si pauvres ?», se demande un sexagénaire qui regarde ces mioches en guenilles qui, dit-il «fendent le cœur». On les rencontre, comme dans les grandes villes, à tous les coins de rue, une urne à la main pour demander quelques pièces qui les aideront à survivre. C’est par familles entières qu’ils s’entassent dans des gites ne répondant ni à la sécurité ni aux conditions de vie minimales. Ainsi, des femmes et des enfants vivent en ce moment, dans une roulotte du marché destinée à la vente de fruits et légumes, inoccupée par son propriétaire. D’autres ont trouvé refuge dans des abris de fortune tels les locaux désaffectés, abandonnés, aux abords du marché hebdomadaire. Si certains d’entre eux cherchent du travail, nous disent les commerçants de la ville, d’autres ont recours, comme la plupart de leurs compatriotes, à la mendicité. Dès que la circulation automobile est ralentie, ils tendent la main aux chauffeurs et à leurs passagers. Des âmes généreuses n’hésitent pas à répondre à leurs sollicitations, en signe de solidarité. Venus de leur propre chef, a-t-on appris, ils sont considérés en situation irrégulière. Ce qui dédouane les autorités locales quant à leur prise en charge officielle. Cependant, le croissant rouge dont la mission ne s’embarrasse pas de ces considérations, devrait prendre des dispositions devant leur assurer au moins des repas et une prise en charge sanitaire. Des enfants en bas âge, trainant au milieu des restes de légumes avariés, abandonnés par les marchands ambulants, révoltent les propriétaires de voitures qui stationnent, chaque matin, aux abords des roulottes du marché. «Qu’on les prenne en charge convenablement, ou qu’on les renvoie d’où ils sont venus. S’ils peuvent passer sans encombre l’été ils ne supporteront jamais les conditions hivernales de chez nous», nous dit un commerçant.

A.O.T.

… à Tizi-Ouzou, ils sont au secours des chantiers

Le taux de chômage prend chaque jour son ascension aussi bien dans les villes que dans les villages de la wilaya. S’il y a un secteur qui peut l’atténuer un tant soit peu, il ne peut être que celui du bâtiment. Malheureusement, il n’échappe à personne de remarquer que nombreux sont les chantiers en souffrance en raison notamment du manque de la main d’œuvre.  » Ce n’est pas seulement la main d’œuvre qualifiée qu’on cherche. Mais, on ne trouve même pas de travailleurs. Nos jeunes ont l’esprit ailleurs. Il y a ceux qui ne pensent qu’à fuir et d’autres qui préfèrent des emplois de gardiens ou d’agents de sécurité », constatera un entrepreneur de la région de Boghni. Et de poursuivre:  » vous savez, je fais des mains et des pieds pour trouver des maçons, des carreleurs et des ferrailleurs, en vain. Et maintenant, il y a une tendance en vogue: c’est le travail à la tâche. Et on ne peut adopter cette manière de faire parce qu’elle est coûteuse ». Devant ce manque de main d’œuvre locale, certains n’hésitent pas à faire travailler des personnes venues notamment du Mali, du Niger et autres pays d’Afrique. D’ailleurs, ces  » noirs » comme les surnomment les gens du nord, prennent d’assaut notamment les chantiers privés, car ils savent pertinemment qu’ils ne seront pas arrêtés sur leur lieu du travail pour être renvoyés ensuite dans leurs pays respectifs. Presque dans toutes les régions de la wilaya, de Fréha en passant par Azazga, Draâ Ben Khedda, Tizi-Ouzou, jusqu’à Boghni, ces Subsahariens sont au secours des chantiers.  » Chez nous, les manœuvres exigent jusqu’à deux mille dinars par jour. Et puis, le travail fourni n’est pas vraiment de qualité. Je fais travailler deux Maliens pour le même salaire. Ce sont des bosseurs. Et puis, ils ne réclament pas beaucoup de choses. Mais, je vous assure que j’ai de bonnes relations avec eux. J’ai même mis à leur disposition une cabane tout près du chantier et je leur donne même de la nourriture « , nous confiera un constructeur d’une habitation individuelle à Boghni. Par ailleurs, il nous a été donné de constater que même les Marocains, notamment ceux qui excellent dans la décoration extérieure, sont embauchés dans de nombreux chantiers individuels.  » Pour peindre une façade, ils demandent jusqu’à sept cents dinars le mètre. Mais, ils vous feront sortir un chef d’œuvre. Vraiment, nous sommes loin encore dans ce genre de décoration. Et puis, chez nous, je vous dirai que nous n’avons que des bras cassés. Non seulement, nous n’avons sur le marché du travail aucune main d’œuvre qualifiée, mais aussi je vous assure que nos manœuvres sont vraiment exigeants lorsqu’on arrive à les trouver. Si vous voyez aussi des Syriens et des Subsahariens sur les chantiers, il ne faut guère s’étonner », ajoutera le même interlocuteur. Ce que redoutent aussi bien ces employeurs occasionnels et ces manœuvres saisonniers, ce sont les descentes policières. À vrai dire, notre interlocuteur n’a pas tort de raisonner ainsi parce que les Algériens refusent de travailler comme ouvriers simples. D’ailleurs, de l’avis de tout le monde, même pour faire déplacer des matériaux de construction d’un endroit à un autre, il faudra parfois aussi chercher du côté des jeunes qui viennent des autres régions du pays.  » Je vous assure que si cela continue à ce rythme, nous devrons penser à importer aussi des manœuvres de l’étranger », ironisera la même personne. En tout cas, il est temps aussi que la formation professionnelle pense au moyen de multiplier les métiers du bâtiment parce que ce sera le secteur le plus en vue à l’avenir d’une part, et il faut d’autre part encourager les jeunes à opter pour les métiers de bâtiment.

Amar Ouramdane

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