La visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, hier à Tizi-Ouzou, offre à la wilaya l’occasion de montrer ce qu’elle a enregistré de positif et de négatif dans les différents secteurs.
A partir de 2004, la réalisation de nombreux projets inscrits à son actif dans le but de sa « mise à niveau » par rapport aux autres wilayas du pays ont permis à cette circonscription administrative de respirer et de voir venir. Mais la restriction budgétaire décidée par l’Etat, suite à la chute des cours du pétrole ayant eu pour conséquence le gel de projets inscrits et non lancés en réalisation, a été l’occasion pour l’optimisation des dépenses publiques à travers la définition des priorités en matière de développement local. Ayant constaté que cette wilaya accusait un retard en matière de développement, induit notamment par le peu de projets inscrits et la lenteur dans la concrétisation de ceux dont elle a bénéficié en plus des périodes d’instabilité (événements du printemps berbère, assassinat de Matoub Lounes, printemps noir, et terrorisme) qu’a vécues cette région, l’Etat a doté Tizi-Ouzou d’enveloppes financières conséquentes en vue de sa mise à niveau. A titre d’exemple, la wilaya a bénéficié dans le cadre du plan quinquennal 2010/2014, de l’inscription d’un total de 835 opérations sur les Plans sectoriels de développement (PSD), tous secteurs confondus, pour une autorisation de programme (AP) globale de 160,31 milliards de DA, selon les chiffres communiqués par la Direction du suivi des budgets. A cette cagnotte s’ajoute un montant de 27,248 milliards de DA pour 85 opérations inscrites et notifiées à la wilaya dans le cadre du Programme Complémentaire, intervenu suite à la visite du Premier ministre en 2013, ainsi que 17 autres opérations inscrites durant l’année 2015 pour une AP globale de 2,830 milliards de DA. S’agissant des Plans communaux de développement, un total de 1189 opérations ont été inscrites durant la même période, touchant l’ensemble des 67 communes de la wilaya, pour un montant global de 4 milliards de DA.
Projets en souffrance relancés
Ces budgets mobilisés ont permis la relance des projets qui étaient en souffrance et le lancement et la réalisation de plusieurs projets structurants qui ont contribué à améliorer, de manière sensible, le cadre de vie de la population locale, s’accorde-t-on à dire. Il s’agit notamment des projets de la pénétrante autoroutière vers l’autoroute Est-ouest dans la commune de Draâ Ben Khedda, du téléphérique devant relier la nouvelle gare de Bouhinoune de Tizi-Ouzou au village de Rdjaouna, du stade de 50 000 places et d’un pôle d’excellence à Oued Falli. Il faut retenir que de pôle d’excellence cette zone a été déclassée par l’actuel wali de Tizi-Ouzou en pôle d’investissement par manque de sous et à cause des tergiversations des propriétaires fonciers. La wilaya a également bénéficié du projet de modernisation et d’électrification de la voie ferrée Thénia (Boumerdes)-Oued Aissi. Pour ce qui est de l’encouragement de l’investissement créateur d’emplois et de richesses, la wilaya a bénéficié d’un important programme de réhabilitation et de création de zones d’activités et industrielles. Le foncier industriel local composé de 17 zones sera renforcé par deux grandes zones industrielles. Une enveloppe de 2, 457 milliards DA a été débloquée au profit de la wilaya, au titre de l’exercice 2013, dans le cadre de la création de deux parcs industriels, l’un à Tizi-Gheniff qui s’étend sur 116,55 ha et l’autre à Souamaa d’une superficie de 372,47 ha.
La dynamique de développement maintenue
Même si l’année 2015 a été marquée par la chute des cours du pétrole à l’échelle mondiale, il n’en demeure pas moins que ce contexte constitue une occasion privilégiée pour les pouvoirs publics de tracer une « dynamique collégiale » impliquant l’administration et les élus pour la mobilisation de toutes les énergies et potentialités économiques dont disposent la wilaya. Cette synergie sera axée sur l’achèvement du programme en cours et la clôture des opérations achevées notamment, et surtout la relance de l’investissement créateur de richesses et d’emplois en mobilisant tous les atouts fonciers et industriels, a-t-on observé de même source. Ayant eu à s’exprimer sur la situation du développement dans la conjoncture économique nationale marquée par une restriction budgétaire, le wali de Tizi-Ouzou, Brahim Merad, a rassuré que la dynamique de développement lancée dans la wilaya «sera poursuivie pour la concrétisation de plusieurs projets structurants». Il s’agit notamment de la pénétrante à l’autoroute Est-ouest, la modernisation et l’électrification de la voie ferrée, le stade de football de 50 000 places couvertes, le pôle universitaire de Tamda, la ville nouvelle et le pôle d’excellence de Oued Fali, le barrage de Tizi N’Tlata, l’évitement de la ville de Tizi-Ouzou et les différents programmes de logements, projets qui sont en cours de réalisation ou en voie d’achèvement.
L’investissement au cœur de la visite du Premier ministre
La situation de l’investissement à Tizi-Ouzou était au cœur de la visite de travail du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans la wilaya. Il a visité plusieurs projets économiques réalisés dans le cadre de l’investissement public et privé tels que l’entreprise publique Electro industrie d’Azazga et la briqueterie privée Iratni dans la commune de Tizi-Ouzou. Cette visite se voulait une occasion pour le chef de l’exécutif de voir sur place les contraintes entravant l’investissent au niveau local, afin de permettre à la wilaya de Tizi-Ouzou d’apporter sa contribution à la politique nationale de diversification de l’économie hors hydrocarbures. Les principales contraintes avancées par les autorités locales et qui font pratiquement consensus entre l’administration et les élus, sont le manque de viabilisation des zones d’activité la rareté du foncier industriel, les oppositions à l’implantation de nouvelles zones et la non-concrétisation de projets par des opérateurs ayant bénéficié d’assiettes de terrain au niveau de ces zones. Selon une situation présentée par la direction locale de l’investissent, l’offre foncière industrielle de la wilaya de Tizi-Ouzou est estimée à 427, 74 ha dont 339,72 ha exploitables répartis sur 16 zones d’activité et une seule zone industrielle qui totalisent 1 342 lots créés, dont 893 ont été affectés et 449 en attente d’attribution. Pas moins de neuf zones souffrent d’un manque de viabilisation notamment en matière d’aménagement des accès et de raccordement aux réseaux divers (eau, assainissement, gaz, Internet), selon la Commission investissement, développement local, équipements et emploi de l’Assemblée populaire de wilaya.
Plus de 600 projets d’investissement validés
S’agissant des projets d’investissement, une situation d’affectation des assiettes foncières et l’état des projets au niveau des zones d’activité de la wilaya, arrêtée à mars dernier et présentée par la direction de l’investissement, fait état de 618 projets validés. Toutefois, sur ces 618 projets, seulement 182 sont fonctionnels, alors que 169 sont en cours de réalisation. Par ailleurs, quelque 267 projets, implantés dans différentes zones d’activité n’ont pas été lancés par les promoteurs concernés, est-il précisé dans le même rapport de situation. Une opération d’assainissement du foncier industriel, visant à récupérer des lots affectés pour des projets non concrétisés depuis 15, voire 20 ans, et ce, en vue de leur réaffectation à des investisseurs « sérieux », a été lancée par la wilaya. Le nombre total de dossiers déposés au niveau du Calpiref au 31 décembre 2015 est de 711 pour un montant d’investissement global de près de 208 milliards de dinars et plus de 38 000 emplois à créer. Sur ces dossiers, 335 relèvent du secteur de l’industrie, 141 du tourisme, 110 des services, 79 des matériaux de construction et 15 de l’agriculture. Le secteur de l’industrie manufacturière est représenté dans la wilaya par 163 entreprises identifiées, dont 9 grandes industries avec un effectif dépassant 250 ouvriers dont 4 relevant du secteur public et 5 du privé dont l’ENIEM, Electro industrie, EATIT-confection, leader meuble Taboukert, Aures emballage et la laiterie de Draâ Ben Khedda. Le secteur de l’industrie sidérurgique et métallurgique, métallique et électrique est le plus pourvoyeur en emplois, avec 35 entreprises privées et publiques, employant plus de 4 000 travailleurs. S’agissant des autres secteurs d’activité celui de l’agro-alimentaire, avec 67 entreprises, emploie plus de 2 600 travailleurs, l’industrie textile totalise plus de 1 170 travailleurs, les matériaux de construction qui compte 22 entreprises publiques et privées emploie 998 travailleurs, et l’industrie du bois et du plastique avec 900 employés, entre autres. Les oppositions des propriétaires, un frein au développement Le problème des oppositions à l’implantation de nouvelles zones est l’autre contrainte rencontrée à Tizi-Ouzou. Celle-ci, qui a bénéficié en 2011, et au titre du programme national de création de nouveaux parcs industriels, de l’inscription de deux nouvelles zones industrielles à Souamaa (370 ha) et Draâ El-Mizan/Tizi Gheniff (111 ha), peine à les concrétiser. Si le problème lié à la nature du terrain, classé à « haute valeur agricole », devant recevoir la zone de Draâ El Mizan/Tizi Gheniff, a été résolu par la défalcation d’une partie de la superficie dédiée à ce projet, au niveau de Souamaa, des riverains maintiennent leur opposition à l’implantation de la zone. En fait, la wilaya, par son relief très accidenté n’offre que peu de surfaces à l’investissement industriel porteur réellement de richesses et d’emplois. Une circonscription touchée par un chômage endémique et par les réticences des propriétaires à céder leurs terrains par méfiance ou pour d’autres raisons, peine à s’inscrire dans une véritable dynamique de développement.
Synthèse de S. A. H