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Un précurseur et un moudjahid de la première heure

Chawki Mostefai, personnalité politique et historique de la guerre de libération nationale de premier plan, est décédé samedi soir à Alger, à l'âge de 96 ans.

L’inhumation a eu lieu, hier, au cimetière d’Aïn Benian après la prière du Dohr. La levée du corps s’est faite au domicile familial. Né le 5 novembre 1919 à M’Sila, le défunt fut un des animateurs de la première heure du mouvement national, auquel il a consacré sa vie politique de 1941 à 1962. Selon sa biographie, Chawki Mostefai entre à l’école primaire de Bordj-Bou-Arreridj où il reçoit un enseignement éducatif français. Il entre ensuite au collège de Sétif pour y poursuivre des études secondaires et obtient avec succès son baccalauréat de philosophie en 1938. Il fait des études universitaires de médecine à Alger, interne à Toulouse puis se spécialise en ophtalmologie à Paris. Entre 1936 et 1937, il est membre de la section des jeunesses socialistes (SFIO) à Sétif. Il a été missionné par le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), pour négocier avec l’OAS l’arrêt des hostilités, la politique de la terre brûlée et par conséquent, la reconnaissance des accords d’Evian du 19 mars 1962. «Tout jeunes déjà avec quelques camarades du collège de Sétif, dans les années 1934 à 1938, nous formions un groupe de patriotes ; on se disait nationalistes qui suivaient assidûment les péripéties politiques de l’époque. Notre groupe comprenait Allag Abderrahmane de Kherrata ; Ali Benabdelmoumène de Toudja-Béjaïa ; Derouiche Mohammed de Perigotville (Aïn El Kebira) ; Ahmed Sidi Moussa de Michelet (Aïn El Hammam) ; et moi-même de Bordj Bou Arréridj», écrit Chawki Mostefaï dans une lettre adressée à Lamine Debaghine il y a quelques années. Ce fut en fait un groupe qui formait un «îlot» assez insolite, dans cette région du Constantinois où régnait, disait-il, la fédération des élus. Nourri aux idées nationalistes et abreuvé au journal de l’Etoile nord-africaine La Oumma, ce grand militant, — qui avait lui et ses amis du collège de Sétif à peine 20 ans — pensait déjà à déclencher la guerre contre le colonialisme en 1940. «Combien était plus réaliste à nos yeux la revendication de l’indépendance comparée à la fumeuse politique d’assimilation d’un peuple arabe et musulman à une communauté étrangère et catholique de surcroît», racontait-il. «C’est ce petit groupe de cinq élèves qui se retrouvera en ce mois de juin 1940 rassemblé à la Faculté d’Alger : Allag, Derouiche et moi-même en médecine ; Benabdelmoumène et Sidi Moussa en droit». Ils deviendront tous, au contact d’un grand militant du mouvement national, Lamine Debaghine en l’occurrence, militants du Parti du Peuple Algérien (PPA). Chawki Mostefaï, ancien membre de la direction du Parti de peuple algérien, dirigé par Messali Hadj, est issu d’une grande famille de Bordj Bou-Arréridj. Il est né le 5 novembre 1919 à M’Sila où son père était cadi. En 1941, encore étudiant âgé d’à peine 21 ans, il accède à la direction du PPA sur proposition de Lamine Debaghine. Suite à des divergences avec Messali Hadj, il démissionne en 1951, lors de la réunion du Comité central du parti. Pendant la guerre de Libération nationale, Chawki Mostefaï est conseiller politique au département de la lutte armée (CCE/FLN) et ambassadeur du GPRA en Tunisie, puis au Maroc. Plus tard, il est désigné membre de l’Exécutif provisoire, chargé de préparer le référendum d’autodétermination et l’élection de la première Assemblée nationale constituante de l’État algérien. En sa qualité de coordinateur du groupe FLN, il est mandaté pour négocier avec l’OAS l’arrêt des violences, en particulier le projet de dynamitage du réseau d’égouts de la Casbah et de Belcourt, ainsi que l’adhésion de l’OAS aux accords d’Evian du 19 mars 1962. Il se retire définitivement de la politique après l’indépendance du pays.

Sadek A. H

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