La journée de protestation organisée, hier, par des travailleurs de la direction du commerce de la wilaya de Tizi-Ouzou, affiliés au syndicat national du personnel de l’administration publique (SNAPAP), a atteint un taux de suivi de 24,5 %, représentant 74 des 302 travailleurs.
Les manifestants ont organisé un sit-in devant le siège de la wilaya. Sur des banderoles accrochées aux barreaux et aux murs, l’on pouvait lire : «Halte à la hogra», «Basta la médiocrité», «Honneur et dignité» et «Non à la division de la direction du commerce». M. Talbi Mohand, SG de la section syndicale SNAPAP de la direction du commerce, nous expliquera les raisons de ce mouvement de grève : «Aujourd’hui, nous sommes là devant le siège de la wilaya pour crier haut et fort notre désarroi quant aux conditions socioprofessionnelles des travailleurs de la direction du commerce». Il ajoutera : «Des rapports ont été adressés au ministère du Commerce en 2014, mais ceux-ci sont restés lettre morte. Un rapport de rappel a été envoyé au nouveau ministre du Commerce qui a diligenté une commission ministérielle afin d’enquêter sur la véracité de nos propos». Le responsable syndicaliste poursuivra : «La plateforme de revendications est restée insatisfaite dans sa quasi-totalité». Le SG de la section nous énumèrera ensuite les points de la plateforme de revendications des travailleurs grévistes. Huit points y figurent : exiguïté des locaux abritant notamment les inspections territoriales du commerce – amélioration des conditions de travail, humaines et matérielles – égalité des chances quant à l’accès aux postes de responsabilité – cesser toute forme de menace, d’exclusion et d’intimidation à l’égard des travailleurs – cesser toute instrumentalisation des agents pour contrer toutes les initiatives salutaires émanant de la section syndicale – revoir le barème de notation de la prime de rendement – cesser tout recours à la confrontation entre agents et commerçants et annulation pure et simple des notes de service relatives aux reliquats de congés et aux récupérations des permanences. Au cours de ladite réunion, aucun terrain d’entente n’a été trouvé selon la déclaration : «Nous avons décidé le suspendre les travaux et quitter le bureau. Ce qui a contraint la section syndicale à appeler les travailleurs à une assemblée générale pour le 24 mai, pour décider d’un mouvement de protestation pour le 31 mai». Plusieurs contrôleurs et inspecteurs nous ont confié leurs préoccupations : «Des bureaux de 18 m2 pour une trentaine de contrôleurs à Draâ Ben Khedda», nous dira l’un d’eux. L’exiguïté des lieux est décriée dans toutes les inspections tant à Boghni, Draâ El-Mizan, Azazga et à Tizi-Ouzou. Le SG de la section ajoutera : «Ils ont violé l’article 206 relatif aux congés selon la loi 06 -03 de la fonction publique». L’article 98 de la même loi définit la notation de la prime de rendement qui est du ressort du chef de service. Une autre travailleuse soulèvera son affectation illégale à Draâ El-Mizan : «J’habite à côté du siège de la wilaya et je me retrouve affectée à Draâ El-Mizan», nous racontera-t-elle. Plusieurs travailleurs tenaient également à exprimer leur désarroi : «Les commerçants des Ouacifs refusent carrément d’être contrôlés».
Les explications de Doguemane Akacha
«La direction du commerce n’est pas au courant de cette journée de protestation, d’autant plus qu’aucun courrier officiel n’a été adressé à la direction. Donc, ce mouvement est illégal !». Il poursuivra : «Une réunion a été tenue, le 10 mai, avec les partenaires sociaux. Ces derniers ont énuméré des points que nous avons étudiés et des décisions ont été prises, certaines sur le champ d’autres exigeaient du temps pour être concrétisées». Notre interlocuteur nous expliquera : «La fermeture des sanitaires au niveau de la cité administrative est due à des travaux en cours et les sanitaires ne tarderont pas être remis en service. La délivrance des fiches de paie est faite à chaque demande de l’intéressé. Désormais, le travailleur aura sa fiche de paie demandée ou pas. La prise en charge des validations des anciennetés est prise sur le champ par mes soins. Sur les 45 demandes faites dans ce sens, 37 ont été réglées, restent 8 en instance car rejetées par les services financiers pour manque de documents, notamment l’affiliation. Je me suis moi-même déplacé à la CNAS pour régler ce problème. Le redéploiement des agents, il faut le souligner, se fait selon la nécessité et la spécificité de la conjoncture». Un agent est en effet appelé à sillonner toute la wilaya. La formation des travailleurs est prise en charge, notamment celle des recrues de 2011 à ce jour (plus de 150 agents). Notre interlocuteur nous précisera : «cette formation, qui n’existait pas avant, a été initiée par moi-même au profit des travailleurs car ils doivent améliorer leur niveau dans le domaine. C’est une décision unique en Algérie. Le module de fiscalité sera inscrit. L’équité dans les nominations pour les deux corps, (ancienneté et grade) revient à l’autorité de nominations. Comment noter un agent qui, en quatre ans, a dressé huit (8) PV ?».
M. Doguemane ajoutera : «Tout contrôleur est appelé à faire des missions même en dehors des horaires de travail et j’ai insisté pour que des inspecteurs volontaires soient désignés par leurs pairs pour conduire les véhicules de service. J’ai reçu un niet catégorique». Le directeur du commerce nous dira avoir associé les partenaires dans toutes les affaires relatives aux travailleurs : «J’ai par ailleurs ouvert quatre inspections, deux mois après mon installation, en janvier 2012 et j’ai ordonné l’assainissement de tous les congés», précisera-t-il. Pour conclure, le directeur nous affirmera être disposé au dialogue et à la recherche de toute solution qui pourrait améliorer les relations et les conditions de travail de tous.
Arous Touil

