La décontraction en direct

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On ne peut pourtant pas soupçonner les chefs d’Etat arabes de faire dans la compensation puisqu’il fallait faire preuve d’un optimisme immodéré pour espérer de la rencontre d’Alger plus que ce qu’elle en a donné. Il sera certes toujours question de sourires dans les commissures des lèvres quand on sait que parmi «les grandes réalisations» que la déclaration recommande de fructifier, il y a «le Parlement arabe» dont tout le mode aura déjà anticipé la nature. Peut-on parler d’un Parlement arabe quand la majorité des pays n’en ont pas ou en possèdent d’affreux ersatzs ? Boutade bien placée d’un confrère : à défaut d’être député tout court, il y en a qui seront députés arabes, ce qui veut tout dire. La déclaration contient bien sûr des recommandations plus sérieuses qui, si elles venaient à être bien prises en charge par un comité et des mécanismes de suivi dont la création a été largement évoquée, peuvent offrir quelque perspective à une organisation, a soulevé plus de scepticisme que d’enthousiasme. Il s’agit entre de la “poursuite des efforts visant à développer et à moderniser la Ligue arabe pour une meilleure efficacité de ses mécanismes qui doivent s’adapter aux mutations mondiales, de la construction d’une paix juste et globale au Moyen-Orient et en faire un choix stratégique pour le règlement du conflit avec Israël avec comme référence l’initiative arabe prise au sommet de Beyrouth, de la satisfaction procurée par le climat qui a prévalu à l’élection présidentielle en Palestine ayant consacré la démocratie comme option…S’agissant précisément de la paix au Proche-Orient, il faut retenir que le débat en direct autour de la question, suite à la proposition de Mahmoud Abbas de créer un groupe de contact arabe avec les puissances siègeant au Conseil de sécurité de l’ONU a été au centre d’une petite polémique qui n’a pas manqué de vivacité, même si le langage diplomatique y a dominé. Fallait-il que ce groupe soit constitué des pays directement concernés, à savoir la Palestine, le Liban, la Syrie et la Jordanie, ou alors de pays arabes plus influents sur la scène internationale ? Intervention du représentant Jordanien : “Personne ne peut défendre les intérêts des quatre pays mieux qu’eux-même”, puis de Hosni Moubarek pour soutenir le contraire avant de proposer Bouteflika, Ben Ali, Amr Moussa et l’un des quatre. Le président algérien tranche sans le dire devant l’insistance de Bachar El Assad à mi-chemin entre les deux : cela se décidera dans les instances de l’organisation. C’est à ce moment que M. Bouteflika entame son discours de clôture. Il insistera sur le Parlement arabe “qui donnera le statut de partenaire aux peuples arabes”, “la réforme du Conseil économique et social”, et “l’accord sur la stratégie de la famille qui aura à faciliter notre adaptation à la réalité mondiale”. M. Bouteflika a terminé son intervention en invitant ses homologues à se préparer au prochain sommet qui les réunira avec leurs partenaires des pays sud-américains.

Slimane Laouari

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