Les candidats partagés

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Face à une fuite massive des sujets, le gouvernement a décidé d’organiser une session partielle du BAC 2016. La ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, a annoncé lundi dernier, que cette session extraordinaire aura lieu du 19 au 23 juin prochain. Les candidats concernés pourront retirer les convocations à partir du 13 juin, a-t-elle déclaré en ajoutant que sept matières sont touchées par la fraude et dont les épreuves seront refaites. Pas moins de 40% de candidats sont concernés. Pour les filières retenues pour cette deuxième session, il s’agit de la filière des sciences expérimentales, où les candidats devront refaire les épreuves de mathématiques, de sciences naturelles, de physique, d’anglais, de français, de philosophie, d’histoire et géographie. Les examens de français, d’anglais, d’histoire et géographie et de philosophie seront refaits pour les candidats des filières de mathématiques, de gestion et de techniques mathématiques. Les candidats de la filière lettres et langues étrangères auront à refaire le module d’histoire-géographie uniquement. Les candidats qui ont été exclus suite à un retard pourront refaire les examens des matières concernées par cette deuxième session, selon la ministre. Ce n’est pas le cas pour élèves fraudeurs qui ne sont pas concernés par ces examens, a-t-elle assuré. Au niveau de la wilaya de Bouira, ce sont près de 7000 candidats sur 17761 qui seront convoqués pour cette nouvelle session. Le nombre de centres réservés pour cet examen reste le même que lors de la première session, soit 54 centres répartis sur 11 daïras de la wilaya. Les préparatifs ont été déjà entamées, et ce, afin de garantir un bon déroulement des épreuves, assure-t-on du côté de la direction de l’éducation. L’on apprend également que pas moins de 3000 enseignants, 54 chefs de centres, 100 observateurs seront mobilisés pour cette deuxième session. Neuf cellules d’observations seront également installées à l’échelle de wilaya. Un importent dispositif sécuritaire sera également mis en place. Hier, nous sommes partis à la rencontre de certains candidats concernés par cette session partielle à Bouira, et ce, afin de connaître leur état d’esprit et ce qu’ils pensent de cette session. Sont-ils favorables à une deuxième session, partielle ou entière? N’ont-ils pas d’avis sur la question et acceptent-ils cette fatalité? Ces derniers s’expriment souvent sur les réseaux sociaux, à travers leurs comptes Facebook. Certains se disent favorables et compréhensifs de la décision du gouvernement, et sont même passés aux choses sérieuses en révisant de nouveau leurs cours. D’autres, en revanche, s’opposent et parlent même «d’injustice» préférant ne pas se présenter à cette deuxième session. Pour Thiziri, candidate de techniques mathématiques à Bouira, il s’agit d’une bonne décision. Pour elle, le BAC 2016 s’est déroulé dans des conditions peu favorables, ce qui a influencé sur l’état psychologique de la majorité des candidats. «Nous étions vraiment perturbés. Beaucoup de sujets circulaient la veille de chaque examen, alors même si on s’est bien préparés, on ne pouvait pas bien répondre. Moi-même, j’ai rendu ma feuille blanche lors de l’examen de français, car je ne pouvais plus me concentrer !», a-t-elle assuré. Pour notre interlocutrice, il s’agit d’une véritable chance pour l’ensemble des candidats concernés. «C’est une décision courageuse, il fallait la prendre coûte que coûte pour préserver la crédibilité du BAC. Moi, dès que j’ai appris cette bonne nouvelle, je me suis remise aux études et je prépare désormais avec beaucoup de sérénité car je sais que les conditions propices pour cette épreuve seront réunies. Je sens que je vais réussir même si nous le passerons en plein mois de Ramadhan !», ajoutera-t-elle. Cet avis n’est pas partagé par Fateh, un candidat scientifique de la commune d’Ath-Rached, à l’Est de la wilaya de Bouira. Pour lui, il s’agit d’une injustice : «Dans ma tête, je suis déjà en vacances. J’ai relâché toute la pression accumulée durant l’année scolaire. Pour moi, il très difficile, voire impossible, de me remettre dans le bain. Ce sera la vraie catastrophe pour nous, je ne me fais pas d’illusions, si cette décision de refaire partiellement le BAC est maintenue, je suis sûr de le rater», se désole notre interlocuteur. Ce dernier affirmera que beaucoup de ses amis candidats ont décidé de ne pas se présenter le 19 juin prochain à leur centre d’examen. «J’ai au moins quatre amis de ma classe qui m’ont confirmé qu’ils n’iront pas passer la seconde session. Pour eux, l’échec est assuré et ils préfèrent refaire carrément l’année. Moi, malheureusement, je n’ai pas le choix, car si je n’obtiens pas mon BAC, je serais exclu l’année prochaine. Donc je prends mon mal en patiente et je recommence les révisions !», a-t-il ajouté. Cependant et même si beaucoup d’élèves et de parents d’élèves, rencontrés, se disent contre cette session partielle, la majorité sont au contraire favorables, notamment ceux qui ont raté leurs examens ou qui ont été exclus pour cause de retard. Ces derniers voient que cette décision courageuse leur permettra de régler l’injustice dont ils sont victimes. «C’est une seconde chance qui leur tombe du ciel, comme d’ailleurs ceux qui sont passés à côté de leurs examens. Je suis heureuse qu’il y ait cette deuxième session même si j’aurais voulu qu’elle touche toutes les matières. Mais c’est une chance pour mon fils qui a complètement raté son épreuve de mathématiques», souligne Kamel, père d’un candidat scientifique de la ville d’Aïn-Bessem. Son fils Hamid se dit aussi soulagé par cette nouvelle. «Je savais qu’on sera bel et bien obligés de repasser cet examen. Il ne sera jamais validé avec autant de sujets qui ont fuité. Alors, je préfère que ce soit maintenant que plus tard dans l’espoir que le ministère soit plus clément avec nous au vu de la situation dont on n’est nullement responsables…», conclut-il. En gros, les élèves que nous avions interrogés affirment être totalement compréhensifs de la décision de la ministre de l’Education nationale. «La fraude et la triche dans nos examens, particulièrement au BAC, sont devenues un problème sérieux qui menace chaque année le bon déroulement de cet examen décisif. Des mesures radicales pour éliminer ce fléau s’imposent désormais, et ça doit commencer à partir de cette année !», nous dira Hayat, une candidate libre de la filière des sciences expérimentales.

O. K.

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