Les premiers sont arrivés quelques jours avant le Ramadhan, avant d'être suivis par d'autres avec femmes, enfants et balluchons sur le dos.
En s’éparpillant dans les grandes rues du chef-lieu de daïra, ils s’adonnent à la mendicité. À l’heure actuelle, soit à peine deux semaines de leur arrivée, ils s’enhardissent à écumer les grandes agglomérations périphériques de la ville de M’Chedallah, traînant leurs progénitures derrière eux sous un soleil de plomb. À ce rythme, ils ne tarderont pas à arriver dans les villages reculés et à partir de là s’exposer à tous les dangers, à commencer par les agressions sexuelles dans ces zones reculées où il n’y a pas trace des services de sécurité d’autant plus que l’ensemble des villages sont étroitement ceinturés par des forêts vierges où rôdent des délinquants. Ces malheureux affichent des corps sales, squelettiques, décharnés et usés par la faim et les affres climatiques. Ils font pitié à voir. Ils errent sans but comme des âmes en peine sans qu’aucune autorité n’intervienne ou fasse un geste envers ces réfugiés qui se retrouvent livrés à eux-mêmes et qui ne vivent que grâce aux aumônes des bienfaiteurs. Abordé mercredi dernier, devant l’entrée de l’hôpital de M’Chedallah, un jeune Nigérien qui tend un bol en plastique pour recueillir les pièces de monnaie que lui donnaient les passants, nous apprendra en usant de quelques mots en français accompagnés par des gesticulations qu’ils viennent de la région d’Akbou qu’ils ont quittée à cause du surnombre qui ne leur permet plus d’amasser l’argent nécessaire pour survivre. Si durant la saison estivale, ils peuvent passer les nuits dehors, mais qu’adviendra-t-il de ces loques humaines une fois arrivée la saison humide ? Comment sont-ils arrivés dans ces régions du pays profond ? Sont-ils sains atteints de maladies contagieuses ? Telles sont les questions que se posent les citoyens vivement inquiets en voyant leur nombre qui s’en va crescendo. Un état de fait sur lequel doivent se pencher les autorités pour faire le nécessaire afin de mettre fin à leur calvaire, d’autant plus qu’ils ont tous des nourrissons et des enfants en bas âge exposés à toutes les maladies, faute d’hygiène et de nourriture. Où sont les croissants rouges qui ne cessent de solliciter la presse pour ébruiter leurs occasionnelles activités, et les incalculables associations de bienfaisances ? Tout ce beau monde détourne la tête face au drame de ces réfugiés qui continuent de souffrir en silence…
Oulaid Soualah

