Jamais la pollution n'a atteint des proportions aussi alarmantes dans la wilaya de Béjaïa que ces dernières années.
La croissance démographique, l’industrialisation tous azimuts et le lancinant problème de la gestion des déchets couplé à l’incivisme des « citoyens » concourent, tous, à l’augmentation de la pollution qui a envahi l’environnement en ne laissant que quelques espaces indemnes, non encore atteints par les hommes, mais qui demeurent néanmoins en sursis ! Le cas de l’oued Sahel, une rivière qui parcourt les territoires de la wilaya de Béjaïa du sud au nord, est l’un des exemples édifiants d’une pollution qui ne dit pas son nom! De bout en bout, ce cours d’eau n’est épargné ni par le jet des dizaines de tonnes d’ordures en tous genres, ni par les eaux usées qui s’y déversent en centaines d’hectolitres par jour! Aucun coin du Sahel n’est épargné. La pollution y a atteint des seuils plus qu’alarmants, et rien ne semble présager d’un changement dans le sens de le dépolluer définitivement. Actuellement, avec l’entrée de plein pied de la saison estivale, cette rivière a vu son débit d’eau chuter de manière ahurissante. Pas plus tard que le mois d’avril dernier, les eaux coulaient à flot, résultant entre autres de la fonte des neiges et des pluies diluviennes qui se sont abattues le long de cette année. À présent, ce cours d’eau n’est qu’un long filet d’eaux usées pestilentielles et glauques. Sur le pont d’Allaghane, qui fait la jointure entre les communes de Boudjellil et Tazmalt, on pouvait dominer un bout du Sahel, qui donnait de la peine à voir! Ses eaux ont changé de couleur, en tirant vers le bleu marin, signe d’une pollution grave aux eaux usées. Il est devenu un cloaque à ciel ouvert, où débouchent tous les réseaux d’assainissement des communes limitrophes, à l’instar de Boudjellil, Aït R’zine, Ighil Ali et Tazmalt. Des bouches d’égouts « vomissent », quotidiennement, des centaines d’hectolitres d’eaux usées chargées de matières toxiques, polluantes et industrielles (ménages, ateliers mécaniques et de lavages, unités industrielles, poulaillers,…) lesquelles vont en ruisselant le long de cette rivière longue d’environ 150 kms. Le Sahel est l’un des affluents de l’oued Soummam, pollué lui aussi à l’extrême. Pourtant, la vallée de la Soummam, où ces deux grandioses cours d’eau coulent, est classée en 2013 zone humide…protégée! Malheureusement, force est de constater que cette région charnière de la wilaya de Béjaïa et du pays, somme toute, n’a pas vraiment bénéficié de la protection que lui conférait son nouveau statut. Dans le même contexte, il est à déplorer l’absence de volonté de la part des citoyens de la région et des pouvoirs publics afin de protéger l’environnement et de le dépolluer. Vers le milieu des années 2000, il était question de la réalisation d’une station d’épuration des eaux usées au niveau de la commune de Tazmalt, afin de diminuer la pollution de l’oued Sahel, et permettre à la faune et la flore environnantes de végéter dans de meilleures conditions! Malheureusement, le projet n’a jamais vu le jour, et l’idée n’a pas été relancée à ce jour! Toutefois, il reste, comme pis-aller, cette solution qui pourrait s’avérer très efficace, et qui consiste en l’aménagement de bassins de décantation au niveau des extrémités des réseaux d’assainissement provenant des communes de Tazmalt, Boudjellil, Aït R’zine et Ighil Ali pour diminuer le degré de pollution des eaux usées. Ces bassins ne sont pas coûteux pour les différentes collectivités locales, lesquels permettent de purifier, un tant soit peu, les eaux usées afin de déverser une eau plus ou moins dépolluée vers cette rivière « martyrisée »!
Syphax Y.

