Le BS voté dans une ambiance tendue

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La session ordinaire de l’APW de Tizi-Ouzou, consacrée au secteur de l’eau et au vote du budget supplémentaire a été tenue dans une atmosphère très tendue.

En effet, à la présentation du budget par le président de la commission finances, M. Achir, les élus de l’opposition issus du RCD, n’ont pas attendu longtemps pour sortir de leur silence en faisant remarquer au wali, le non respect de la règlementation, qui prévoit la présentation du bilan et la lecture du budget par l’administration. Celui-ci s’est dit prêt «à présenter le bilan et à donner la lecture du B.S, mais il est d’usage depuis fort longtemps, que cette mission est assurée par le président de la commission finances de l’assemblée». Le président de la commission concernée a alors tenté de présenter le budget mais sans l’aval des élus du RCD, qui se sont mis, eux aussi, à bruiter et à chahuter. Une ambiance désolante et peu éloquente, dont les promoteurs n’ont pas à s’enorgueillir. Le vote du budget s’est du coup passé dans une ambiance honteuse. Il est à noter que certains élus de l’alliance n’ont pas voté le budget et même un élu du FFS, parti majoritaire à l’assemblée, est arrivé en retard au vote. Comme il est à signaler que dans ce budget, le wali a proposé de supprimer les subventions accordées aux mouvements associatifs (associations culturelles, sportives, environnementales, scientifiques et comités de villages) pour construire un parking automobile à étages afin, disait t-il, de «générer des ressources financières aux APC, car l’état ne donnera plus aucun sous». Le wali a ensuite lu le budget, qui n’a connu, selon lui, que le gel de 4%. Il a également signalé que 1 115 opérations entrant dans le cadre des PCD, 80 dans le budget de wilaya et 44 autres du FCCL, ne sont pas lancées. «Les communes n’ont pas besoin d’argent, elles doivent d’abord consommer ce qu’elles ont», a-t-il précisé. Le président de l’assemblée a, pour sa part, déclaré que : «Les élus de l’opposition issus du RCD veulent donner un chèque à blanc à l’administration. Si nous acceptons cette proposition de supprimer les subventions destinées au mouvement associatif, ce sera la mise à mort de toutes les activités sociales, sportives, culturelles et scientifiques. Ce sera une véritable bombe à retardement alors que nous sommes en quête de paix, de cohésion sociale et d’unité». Par ailleurs, avec tout le brouhaha qui a régné dans la salle, il a fallu du temps pour aborder le sujet principal inscrit à l’ordre du jour, à savoir le secteur de l’eau.

Une richesse hydrique à bien gérer

M. Ladaouri, le président de la commission de l’hydraulique, de l’agriculture et de l’artisanat, a, dans son rapport lu à l’instance, fait un diagnostique du secteur de l’eau, qu’il a qualifié de peu reluisant et surtout gangrené par une mauvaise gestion. Il a évoqué l’insuffisance du nombre de barrages hydrauliques, la vétusté du réseau et les innombrables fuites d’eau qui sont à l’origine de la perte dans la nature de 60 % des eaux pompées. Il a aussi signalé le montant des factures impayées et le nombre de compteurs à gagner, comme il a mis l’accent sur la nature accidentée du foncier qui empêche l’acheminement de cette denrée rare et précieuse aux foyers répartis sur le millier de villages que compte la wilaya. M. Ladaouri a longuement évoqué le conflit de l’eau d’Illilten : «Il est inconcevable et inadmissible que des conflits de ce genre, qui peuvent être à l’origine de l’irréparable, puissent apparaitre dans notre wilaya qui jouit des potentialités les plus importantes en matière de l’eau au niveau national». L’orateur s’est attardé sur l’importance de réaliser les barrages inscrits à l’indicatif de la wilaya et de prévoir d’autres pour garantir un approvisionnement régulier même en cas de sécheresse. Il a recommandé la réfection des réseaux vétustes, la réparation des fuites d’eau, la construction de nouveaux réservoirs et la révision du mode de gestion. Tour à tour, le directeur de l’hydraulique, celui de l’ADE et le chargé du suivi du barrage Souk N tlèta sont intervenus pour faire le point sur leurs secteurs respectifs et les contraintes rencontrées. M. Berzoug Amar, le directeur de l’algérienne des eaux a clamé : «Notre entreprise manque terriblement de moyens. La ressource hydrique existe en quantité suffisante mais sa gestion reste un point noir. L’abondance crée parfois des conflits. Les pertes sont importantes concernant les fuites, les factures impayées et le nombre de compteurs à installer. À présent, nous avons 1 500 affaires en justice pour factures impayées et piratage. L’état du secteur n’est pas reluisant, il faut sauver le soldat Rayane». Le directeur de l’hydraulique a donné les statistiques concernant les quantités d’eau distribuées par le barrage de Taksebt : «Le barrage de Taksebt est géré par une autorité de régulation et tout est calculé minutieusement. Notre wilaya bénéficie de 165 000 m3/jour soit 38% de sa capacité. La wilaya de Boumerdès reçoit la quantité de 90 000 m3/jour, ce qui fait environ 20% et celle d’Alger est alimentée avec 180 000 m3/jour, soit 41%». Il a aussi précisé que, depuis février dernier, l’autorité de régulation a décidé la suspension de pompage vers Boumerdès et Alger, à cause, bien sûr, de la faible pluviométrie enregistrée au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou. M. Hameg a recommandé l’exploitation de toutes les eaux dont jouit la wilaya pour garantir un approvisionnement régulier et satisfaisant pour les années à venir : «La capacité de notre wilaya est d’un milliard de m3 d’eau par an, mais il faut savoir que nous ne récupérons que 100 millions alors que 900 millions de m3 vont à la mer».

Le débat fut ensuite ouvert. M. Begriche, le chef de groupe du FFS, a interpellé le wali sur l’affaire du maire d’Iflissen, qui aurait refusé de signer un permis de construire à un investisseur. L’élu du FFS a précisé que, «le maire d’Iflissen n’a pas refusé de signer un permis de construire mais un permis de morcellement qui a fait l’objet d’avis défavorable de certains services de l’administration».

La leçon venue d’un élu du FLN

Des élus sont intervenus pour interpeller les directeurs de l’exécutif et ont également proposé des solutions, à l’image de cet élu du FLN qui a noté : «Alors que des citoyens des villages concernés sont venus à cause du manque d’eau à l’hémicycle pour avoir des solutions à leurs problèmes, nous leur avons offert un spectacle désolant avec tout ce qui s’est passé depuis ce matin. Nous nous sommes occupés des futilités au lieu d’aborder le dossier chaud du secteur de l’eau inscrit à l’ordre du jour».

D’autres élus sont revenus sur la rareté de l’eau ainsi que le conflit d’Illilten, et ont invité les responsables concernés à mettre en place des mécanismes urgents pour garantir la disponibilité au citoyen, de cette denrée rare et précieuse. D’autres élus sont également intervenus pour interpeller l’administration sur différents secteurs. Le secteur de la santé de l’urbanisme, du logement des projets structurants, du gel et des retards dans l’avancement de certains projets ont été aussi à l’ordre du jour. Après les réponses des directeurs interpellés, c’était au tour du wali de revenir sur tout ce qui a été dit et entendu sur le secteur de l’eau, le conflit d’Illilten et le budget supplémentaire.

Hocine T.

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