L'association Amedyaz des poètes libres rend public son manifeste

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L’association des poètes libres Amedyaz a rendu public son manifeste (le premier du genre concernant la poésie kabyle). Entièrement rédigé dans la langue de Si Mohand Ou Mhand et de Youcef Ou kaci et conçu par les poètes fondateurs de cette association, à savoir Kaci Sadi, Moussa Salmi, Hocine Louni, Mohamed Aouchiche, Salah Louni, Lyes Guechtouli, Fahem Djoudi, Salima Dali, Mohand-Akli Djouaher, Toufik Hessas, Rabah Kaddour, Akli Aït Boussad, le manifeste se veut avant tout un guide et une plateforme de revendications à même de redorer le blason des poètes d’expression kabyle, souvent marginalisés, mais aussi de cette poésie qui ne cesse de redoubler d’audace pour atteindre des cimes de plus en plus hautes, gagnant ainsi en maturité en pertinence sans rien céder pour autant de la beauté de ses textes et de son lyrisme. Il faut bien le reconnaître, depuis le début de ce millénaire, des poètes érudits, pour la plupart des universitaires au contact avec la littérature universelle, ne cessent de révolutionner la poésie kabyle que ce soit du point de vue du contenu que celui de la forme. En parfaite adhésion avec leur époque, des poètes et poétesses, à l’image d’Ahmed Khetabi, Salmi Moussa, Louni Hocuine, Mehdi Samira, Dali Salima, Mourad Rahmane et Ahmed Lahlou, ont tout simplement révolutionné l’art de faire rimer les mots en kabyle, sur les deux plans de la thématique et de la structure. En effet, cette poésie, qui prend en considération la modernité et la complexité de notre époque, n’a rien à envier à ce qui se fait ailleurs dans le monde, tant le verbe kabyle, enfin libéré des moult pesanteurs, épouse les exigences de la vie moderne et prend en charge les questions tant philosophiques qu’existentielles qui se dressent sur le chemin de chaque individu conscient de son MOI et jaloux de l’épanouissement de ce même MOI. Pour cette nouvelle vague de poètes libres, aucun sujet n’est tabou et aucune limite au verbe et à la métaphore ne contrarie le génie créateur de ces artistes hors pairs. Pourtant, la reconnaissance tarde à venir. Les créneaux diffuseurs de la culture dans notre pays tendent à marginaliser ces rapsodes au verbe incisif. Souvent on ne fait appel à eux que pour boucher les trous des spectacles sans égard à leur génie créateur. En l’absence d’une académie berbère à même de prendre en charge cette poésie, leur production ne bénéficie ni d’étude, ni de diffusion ni d’édition. Les quelques rares émissions radios consacrées à la poésie ne font qu’exploiter la sueur de ces créateurs, puisque leurs poèmes ne sont même pas déclarés à l’ONDA. Parler dès lors de cachets lors de leur passage dans ces émissions équivaut à un blasphème. Ce sont tous ces aléas qui ont poussé à la création de Amedeyaz, afin que cesse ce déni et ce mépris et redonner ses lettres de noblesse à la poésie kabyle comme le rêvait feu Mouloud Mammeri. C’est en tout cas le but majeur que se fixe l’association des poètes libres à travers ce manifeste rédigé dans une excellente langue kabyle qui fera, à ne point en douter, le bonheur des nombreux amoureux des beaux textes.

A.S. Amazigh

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