L’alimentation en gaz naturel de tous les villages de la commune d’Aïn El Hammam semble renvoyée aux calendes grecques.
Six villages «oubliés» de l’opération attendent toujours la concrétisation du projet datant de 2009 et qui devait être livré en 2011. Les années se suivent avec «une multitude de promesses sans lendemain. Désespérée, ma vieille mère ne pense pas en profiter avant sa mort», nous confie un villageois. Conscients que leur attente continuera encore, ils se résignent à préparer le bois de chauffage pour l’hiver prochain. Pourtant, la majeure partie du réseau est réalisée depuis plus d’une année. Il ne subsiste que de menus travaux qui ne demandent qu’un mois de travail. L’entreprise chargée de mener à terme cette tâche, quitte souvent les lieux pour n’y revenir que plus de trois mois plus tard. Ce qu’elle vient de faire pour la deuxième fois, cette année seulement, réduisant à néant l’espoir de plusieurs milliers d’habitants qui avaient cru à la fin de leur calvaire, suite à l’intervention personnelle du wali de Tizi-Ouzou, suivie de la visite sur site de son secrétaire général au mois d’avril dernier. Ce qui ne semble pas avoir donné les résultats escomptés. On se souvient que ce jour-là le 10 avril exactement, l’entrepreneur avait promis, lors d’une réunion à laquelle nous avons été conviés, «la mise en gaz du village Tillilit dans vingt jours», c’est-à-dire le trentième jour du même mois. «Pour tempérer les ardeurs de la population qui commençait à manifester son mécontentement, quelques ouvriers ont été envoyés pour remblayer certains fossés et contrôler le tronçon principal, déjà posé depuis plus d’une année. Puis plus rien», nous dit un vieux villageois. À la veille du Ramadhan, soit deux mois après les délais fixés par ses responsables, l’entreprise demande à effectuer la mise en service de la moitié des foyers, puis de revenir après le mois de carême, pour la tranche suivante. «Une option que nous avons refusée, sachant qu’il (l’entrepreneur) cherche une porte de sortie pour ne plus revenir», juge notre interlocuteur. Cependant, la population refuse d’entrer en confrontation avec l’entreprise qui ne rend compte qu’aux services de l’Etat. «Ces derniers, bien que forts du cahier de charges, semblent dépassés par les événements. Nous avons patienté durant des années et interpellé pacifiquement toutes les autorités, au niveau de la wilaya. Toutes reconnaissent le tort qui nous a été causé», disposera-t-il encore. Pendant ce temps, des dizaines de villages qui avaient procédé aux fermetures d’institutions publiques pour le même problème, ont eu gain de cause et bénéficient du gaz naturel sans avoir patienté autant que les villageois de Tillilit, Aourir, tasga Melloul et Ighil Boghni. «Faut-il que les quatre villages, renfermant plusieurs milliers d’habitants, sortent dans la rue pour qu’on daigne les écouter, enfin?», nous dit un groupe de jeunes en colère.
A.O.T.