Ressentie par la population, particulièrement les personnes âgées, qui y fait face difficilement, la canicule de ces derniers jours ne passera pas sans laisser de traces également dans l’agriculture. «Il est difficile de faire pousser quoi que ce soit sans un arrosage abondant et quasi quotidien», indique une vieille femme dont le potager ne demeure verdoyant que grâce à la proximité d’une source dans son champ. Les feuilles des figuiers commencent à jaunir par manque d’eau, sous l’effet de la chaleur. Elles tombent une à une, faute de pluie. Les arbres fruitiers non arrosés et exposés au soleil, sont les premiers à faire les frais de ce stress hydrique. Ainsi, les figuiers, chargés de fruits il y a quelques jours seulement, commencent à les perdre un à un avant d’arriver à maturation. En cette période où d’habitude, on trouve des figues fleurs, les arbres ne présentent que quelques fruits, d’à peine plus gros qu’une bille alors que c’est vers la fin du mois de juillet que commence la saison de «lekhrif». «Hormis les propriétaires des figueraies se trouvant en zone humide, près des sources, les autres ne mangeront pas beaucoup de figues cette année», nous fait remarquer notre agricultrice qui voit, par ailleurs, d’autres facteurs à la faiblesse des récolte de figues, ces dernières années. «Peu de gens travaillent encore leurs terres. Regardez ce champ dont les arbres sont entourés de ronces. Les terres ne sont jamais labourées et les arbres non taillés ni entretenus, encore moins arrosés. Comment voulez-vous espérer en tirer des fruits ? La terre vous rend ce que vous lui donnez». De nombreux propriétaires, en effet, ne se rendent dans leurs champs que pour la récole. Les vergers luxuriants, hérités de leurs aïeux, ne sont plus que maquis et chênes. La sécheresse, la situation d’abandon dont font l’objet les champs dont nos prédécesseurs tiraient leur subsistance, ne peuvent mener qu’à la disparition de ce qui a toujours fait la fierté des montagnards. On ne peut, de ce fait, s’étonner que le prix des figues sèches dépasse les quatre cents dinars le kilo.
A.O.T.