Site icon La Dépêche de Kabylie

Le wali menace les investisseurs défaillants

«Je suis venu pour vous écouter, si vous avez des problèmes, nous allons les régler ensemble sinon, nous allons récupérer nos terrains pour les attribuer à d’autres investisseurs», c’est ainsi qu’a entamé son discours, hier, M. Nacer Maâskri, wali de Bouira, à l’issu du conseil de wilaya dédié à l’investissement au niveau des zones communales d’activités (ZAC). Ainsi, c’est en présence des investisseurs locaux, des directeurs de l’exécutif et des maires de la wilaya que M. Maâskri a tenu à insister sur l’importance des zones communales d’activités, non seulement pour la création d’emploi à l’échelle locale mais aussi pour la relance du secteur économique et financier à l’échelle nationale. Le premier magistrat de la wilaya n’a pas aussi manqué de souligner les nombreux dispositifs appliqués par l’État, pour faciliter la tâche aux investisseurs locaux, notamment en matière d’administration. «Vous avez toutes les facilités possibles. Sur l’ensemble des plans, nous avons pris en considération vos préoccupations et réclamations. Parfois nous intervenons même dans des secteurs qui nous ne concernent pas, à l’image des banques où, à maintes reprises, nous avons réussi à débloquer des crédits et des situations financières. Idem pour la situation du foncier, où toutes les facilités ont été offertes notamment avec le guichet unique pour l’investissement et l’agence ANDI», a-t-il insisté avant d’ajouter : «Cependant et malgré tous ces dispositifs, la situation de l’investissement, particulièrement à l’échelle communale, reste à désirer. Plus de 50% des projets qu’on a accordé n’ont pas été lancés ou à l’arrêt, pour des raisons qu’on ignore. Certaines zones d’activités, à l’image de celles de Sour El-Ghozlane, Bechloul et Lakhdaria, datent des années 1970 mais qui ne connaissent toujours pas l’essor souhaité et rare sont les investisseurs qui ont respecté leurs engagements ! La wilaya de Bouira dispose d’énormes potentiels et de tous les moyens nécessaires pour la placer en pôle position, en matière d’investissement. Cette situation est inacceptable et elle ne devrait pas continuer». Tout en saluant les efforts consentis par certains investisseurs locaux qui ont réussi leurs paris en créant de la richesse à l’échelle locale, M. Maâskri n’a pas hésité de menacer les investisseurs défaillants de leur réitérer les assiettes de terrains qu’ils occupent dans les plus brefs délais. «Nous avons près de 350 dossiers d’investissements en instance. Certains projets sont importants et très sérieux, mais nous n’avons pas pu les valider en raison d’un manque d’assiettes industrielles. Mais dorénavant, nous allons suivre de plus près vos situations respectives et nous n’allons pas hésiter à récupérer nos terrains pour les attribuer à d’autres investisseurs plus sérieux et compétents», a-t-il martelé. Dans le même sillage, l’intervenant a exhorté également les investisseurs locaux à s’organiser dans le cadre d’une association, pour mieux se représenter auprès des instances de la wilaya. «Vous avez la possibilité de vous organiser en association ou en collectif pour chaque zone. Vos représentants travailleront avec nous en collaboration dans le suivi des projets, mais aussi pour nous transmettre vos doléances», a-t-il ajouté. Concernant la viabilisation et l’aménagement de ces zones, M. Maâskri a exhorté les investisseurs à contribuer financièrement dans ces opérations, en avançant l’exemple de la wilaya de Sétif où les investisseurs ont entièrement financé les opérations d’aménagement des zones de cette wilaya. «La wilaya et les collectivités locales sont prêtes à contribuer pour les opérations de viabilisation, mais vous devez vous aussi participer à cette effort», a-t-il affirmé. Vers la fin de son intervention, M. Maâskri a également plaidé auprès des élus locaux pour l’accompagnement des projets d’investissements au niveau de leur territoire, mais aussi pour l’orientation et l’accompagnement de ces projets. «Les maires doivent aussi assumer leur mission pour l’accompagnement et l’orientation des investisseurs. Vous pouvez les aider non seulement à l’échelle locale, notamment avec les populations, mais aussi au niveau de l’administration. Beaucoup d’investisseurs ne connaissent pas les démarches nécessaires ni leurs devoirs envers l’autorité locale, à l’image de leurs redevances en matière des taxes et d’impôts qui peuvent constituer des rentes plus importantes pour les caisses communales», a-t-il martelé. À noter pour la fin que la wilaya de Bouira dispose de 13 zones communales d’activités, réparties sur 11 communes. Selon les chiffres avancés par la direction de l’industrie de la wilaya, ces mêmes zones englobent près de 600 lots industriels attribués au profit de 286 projets d’investissements. Seulement 104 projets sont opérationnels et 182 autres sont à l’arrêt ou en réalisation. Des chiffres alarmants qui reflètent la réalité de l’investissement dans la wilaya de Bouira.

Oussama Khitouche

Quitter la version mobile