Quand les élèves bossent le temps des vacances d'été !

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Pas de répit pour les élèves des trois paliers de l'éducation nationale en ces vacances d'été?

Tout porte à le croire, car la plupart d’entre eux mettent à profit les vacances scolaires pour ramasser un peu de pactole, et ce, afin d’affronter les dépenses liées surtout à leur scolarité et autres, à l’instar des fringues, des gâteries, des sorties entre copains à la plage, etc. Ces élèves, en majorité des adolescents, savent pertinemment que les temps sont durs, et qu’il leur faut compter beaucoup plus sur eux-mêmes pour atténuer, un tant soit peu, la facture des dépenses familiales, et surtout se permettre tout ce dont ils ont besoin. Toutefois, il est établi que ce sont les apprenants, issus de familles défavorisées, qui sont les plus enclins à travailler comme saisonniers, le plus souvent dans des conditions difficiles, empreintes d’exploitation, car les employeurs, durant la saison estivale, lorgnent beaucoup plus du côté de cette catégorie de main-d’œuvre bon marché et corvéable à souhait. Les enfants dont l’âge peut aller de 7 à 15 ans (bien évidemment l’on prend compte, ici, de ceux qui n’ont pas encore atteint l’âge légal pour travailler) sont exploités à outrance et sous-payés. Souvent, ils exécutent des tâches difficiles et avilissantes (nettoyage, lavage,…) pour des miettes! Les cas de ces enfants scolarisés qui bossent le temps des vacances scolaires sont légion dans la vallée de la Soummam, pour ne citer que cette région charnière du pays. On les trouve bosser comme des forçats beaucoup plus dans les cafés, les fast-foods, les restaurants, les magasins, le transport de voyageurs, les marchés et exceptionnellement dans les plateformes de parpaings. Ces garçons ne savent pas trop que faire de leurs vacances, étant donné qu’ils ne peuvent pas se permettre des sorties, des séjours au bord de la mer, car leurs familles sont de conditions modestes.

« J’ai 15 ans et je travaille comme receveur ! »

« Je ne sais pas trop que faire de ces longues journées de vacances « , nous disait ce jeune collégien de 15 ans. Cet élève travaille comme receveur au profit d’un transporteur de voyageurs, comme nous l’avons constaté. Il est chargé de collecter l’argent auprès des usagers. Sa frimousse et sa politesse l’aident bien dans sa besogne. Mais cet emploi n’est pas de tout repos, car il faut être patient avec les clients souvent pas trop amènes. D’incessants arrêts sont aménagés le long des trajets desservis, et à chaque fois, notre receveur doit ouvrir la porte, laisser embarquer les usagers et la refermer. Des gestes qu’il exécute parfois avec une certaine lassitude, qui en dit long sur la façon de gagner son pain. Néanmoins, malgré le fait que ce garçonnet n’est pas assuré car il travaille au noir, il gagne bien sa vie, pour un gars de son âge. « Je gagne, 800 da par jour. Mes copains travaillent aussi comme receveurs » dit-il avec une certaine fierté. Que va-t-il faire de tout cet argent qu’il gagne? Notre interlocuteur dit vouloir aider sa famille, et diminuer, par ricochet, les dépenses de son père liées, entre autres, à l’achat des fournitures scolaires et des vêtements. Dans la foulée, ce gentil garçon n’omet pas de nous dire: » Je travaille aussi pour me payer des escapades au bord de la mer à Béjaïa avec mes amis ». Dans un peu plus d’un mois, ce sera la rentrée scolaire, et quelques jours après viendra la fête de l’Aïd El-Adha. En attendant, les élèves profitent des vacances scolaires pour ‘’vendre’’ leur force à des employeurs « impitoyables »…

Syphax Y.

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