Par S. Ait Hamouda
Ces Subsahariens qu’on rencontre à Tizi-Ouzou et qu’on appelle les Africains. Ils sont dans chaque rue, chaque venelle, chaque dédale en ville et ailleurs dans les hauteurs, à mendier, à quémander la charité parce que, dit-on les Kabyles sont charitables. Ces Africains sont venus du Niger, pour la simple raison qu’ils ne trouvent pas dans leur pays de quoi calmer la faim de tout. Faim d’école, faim de loisirs, faim d’existence, faim de travail, faim de paix et de tranquillité. En fait, la paix et la tranquillité ce sont les aliments tant nécessaires à la vie autant que le pain et l’eau. C’est ce qui vous retient à votre pays, à votre terre. C’est ce qui à pousser ces pauvres hères à quitter leurs maisons et à braver tous les dangers pour venir jusqu’à nous. Sommes-nous plus opulents, plus fortunés, plus nantis dans la relativité de la misère et du besoin ? Sans doute. Ils sont venus avec plein d’espoir, comme Bouhari, ses deux femmes et ses deux enfants chercher pitance chez-nous et ils l’ont trouvée. Comme disait Jean Ziegler dans son ouvrage «La faim expliquée à mon fils» : «Je n’arrive pas à comprendre comment, à l’approche du XXIe siècle et sur une planète si riche, tant de gens continuent à mourir de faim» Et pourtant nous venons de consommer bientôt deux décades de ce siècle béni, et la faim et la misère continuent à tarauder des ventres dans ce berceau de terre sèche, rude, rocailleuse et de l’humanité qu’est l’Afrique. Sinon comment expliquer que Bouhari et sa marmaille ait traversé le plus grand désert du monde, enduré d’insupportables douleurs pour finir leur dur périple en Algérie…Bouhari s’est exprimé sans détours, sans faux semblants, sans chercher ses mots comme on cherche un bout de pain, il a tout déballé en un seul mot innocent, clair et limpide comme l’eau qui lui a manqué juste comme le pain qui lui a fait défaut. Mais que demandent Bouhari, que les Algériens de Tizi-Ouzou appellent Boukhari, sa famille et tous ses compatriotes ? Rien de particulièrement difficile, de malaisé rien que le bout de pain quotidien. Le reste, il l’accomplira avec son sourire jovial et son regard qui en dit long. Le reste, il le dira par son silence, sur l’Afrique et les Africains. L’Afrique de l’oubli et de l’amnésie, l’Afrique des guerres fratricides et de la mort. L’Afrique des épidémies et de la famine, de la survie et de la sécheresse.
S.A.H