Après les galas du Ramadhan, Malika Domrane donne rendez-vous à ses fans à Oran et à Alger le jeudi et le vendredi prochains. Dans cet entretien, elle nous parle de ces rendez-vous et revient sur son parcours.
La Dépêche de Kabylie : quelle est l’actualité de Malika Domrane ?
Malika Domrane : Après les galas du Ramadhan, je me prépare pour d’autres sorties : une au théâtre de verdure à Oran, le Jeudi 18 août prochain, et une autre le 19 août au Casif de Sidi Fredj à Alger, comme je prépare aussi un nouvel Album.
En parlant du nouvel album en préparation, pourriez-vous nous en dire plus ?
Oui avec plaisir. C’est un album de 12 à 14 chansons, qui sont déjà prêtes. Je commencerai l’enregistrement bientôt. Les thèmes traités sont la femme, les enfants,… comme je rends hommage à Matoub Lounès et aux victimes du printemps noir. Je suis toujours dans le style habituel, je veux, avec ces chansons, toucher toutes les tranches de la société. Le choix des chansons s’est fait en ayant une approche directe avec mon public, je ressens sa joie et ses peines et je les traduis dans mes chansons. Les événements de la Kabylie et l’assassinat de Matoub m’ont affectée sérieusement et je ne m’en remets toujours pas, donc je leur ai consacré deux chansons.
Et si on parlait de Malika Domrane, la femme.
Elle ne se dissocie pas de la chanteuse, la chanson c’est ma vie. Je suis mariée, maman de 3 enfants, ma vie est pleine de douleurs. Aujourd’hui, j’ai réussi à surmonter certaines mais d’autres vivront tant que je respirerai. Pour la chanson, j’ai beaucoup sacrifié. Mes parents ont choisi de ne plus m’adresser la parole, car avant c’était difficile de chanter quand on est une femme en Kabylie. J’ai dû me séparer de mes enfants et de mon mari durant 4 ans et quitter le pays lors de la décennie noire, car ma vie était menacée. Mes enfants ne pouvaient pas venir avec moi, ils avaient leurs études… C’était une période très difficile.
En parlant de vos débuts, pourrions-nous en savoir plus ?
J’ai commencé à chanter très jeune. À l’âge de 13 ans déjà je faisais partie de la chorale Fatma N’Soumer, chez moi. Mon premier album est sorti en 1979. J’ai côtoyé tous nos grands chanteurs, c’était la belle époque. La décennie noire a donné une autre tournure à ma vie artistique.
Une explication s’il-vous plait ?
J’ai toujours vécu pour la chanson, mais quand je suis partie en France après les menaces qui pesaient sur ma vie, mais surtout après la mort de Matoub, j’étais complètement anéantie, je n’ai pas pu me remettre, donc ma carrière s’est, en quelque sorte, figée. Je n’ai malheureusement pas pu vivre pleinement ma passion.
Vous parlez de la belle époque de la chanson kabyle… que voulez-vous dire exactement ?
Avant, on chantait malgré le peu de moyens, avec beaucoup d’amour. Chanter c’était un art qui n’était pas donné à tous. On se donnait à fond dans nos productions. Maintenant, il n’y a plus de créativité les jeunes se sont livrés à la facilité. Les chansons sont plus commerciales qu’autre chose. Avant, il n’y avait pas internet, pas de téléchargement ni de piratage, le chanteur pouvait vivre de ses chansons, en vendant des disques ou des cassettes, maintenant on ne vit plus de ça. Les galas et les fêtes sont les seuls vrais revenus du chanteur, et c’est pour ça qye les chanteurs d’aujourd’hui privilégient la chanson commerciale, ce n’est pas de leur faute. Les conditions sont difficiles.
Un dernier mot pour votre public Malika…
Je remercie mon public qui m’accueille toujours à bras ouverts. Il m’apporte du soleil dans ma vie. J’espère qu’il sera nombreux pour les prochains rendez-vous à Oran et au Casif. Je vous aime tous.
tretien réalisé par Kamela Haddoum.