Dans les détails de l’embuscade de M’Ghira en janvier 1956…

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Osmani Belkacem dit Si Omar est un ancien officier de l’armée de libération nationale (ALN). Il est né le 16 août 1934 à Tighilt Lhadj Ali, à Larbaâ Nath Irathen.

À l’approche de la double commémoration des événements du 20 août 1955 et le Congrès de la Soummam, ce Moudjahid s’est replongé dans le souvenir de la guerre de libération, faisant appel à sa mémoire qui demeure toujours intacte malgré ses 82 ans, pour nous apporter son témoignage. Dans ce retour en arrière, il est allé chercher les moindres détails qui vont enrichir la mémoire collective. Osmani Belkacem a passé son enfance en France, où il vivait avec son père. À l’âge de 20 ans, il a été rappelé pour le service national par l’armée française. Ainsi, pour éviter le service militaire dans «le camp de l’ennemi», il a décidé de rejoindre le FLN. Il prit contact avec un certain Terbouche Mohamed dit Si Mourad, le premier à créer un groupe FLN en France en février 1955. Ce dernier l’a conseillé de rejoindre l’ALN en Algérie. C’est ainsi que Osmani Belkacem rentra au pays en mai 1955 et rejoignit officiellement le maquis et l’armée nationale de libération le 10 janvier 1956. Dès son intégration les rangs de l’ALN, Si Omar a commencé à activer dans sa région, Larbâa Nath Irathen et ses environs, où il a pris part à plusieurs opérations. Si Omar s’est remémoré également une embuscade qu’il avait menée avec ses camarades de l’ALN à M’ghira, dans la région d’Ait Khlil, en janvier 1956.

«Nous étions 17 à nous réfugier à Tizi-Rached»

«On était 17 à se réfugier à Tizi-Rached ce jour-là. On faisait le recrutement des Moussebline au passage. Toutefois, on avait dû expliquer aux villageois qui nous étions car l’armée française leur avait déjà dit que des voleurs écumaient les lieux. On leur avait expliqué que nous étions des Moudjahidine et que notre seul souci était de libérer le pays du joug colonial», dira Si Omar avant de continuer son récit : «En quittant Tizi-Rached, le groupe des 17 s’est dirigé vers Taourirt Aden où il devait continuer l’opération de recrutement des Moussebline. Les réunions avec les villageois se faisaient dans les mosquées». La tournée du groupe s’est poursuivie. Arrivé à M’ghira dans la région d’Ait Khlili, le vigile chargé de la surveillance les a avertis du passage de l’armée française. «Il y avait deux camions chargés de soldats français», précisera Si Omar avant de relater l’affrontement qui les avait opposés à ces derniers. «Les soldats se dirigeaient vers Aqarou. Notre chef, Benouar Mhenna dit Si Tarik, nous a réunis et c’est là qu’on a décidé de faire une embuscade. On savait qu’ils allaient revenir par le même chemin, c’était la seule route qui existait», se remémore Si Omar. Et de continuer son récit : «On s’est bien organisés et les avons attendus chacun dans son coin. On s’est cachés derrière les oliviers. On avait reçu l’ordre de tirer chacun 4 cartouches. À leur arrivée, on a tiré et naturellement ils ont riposté. L’heure était à l’affrontement et l’échange de tirs. Après quelques temps, on a reçu l’ordre de se replier».

«On devait chacun tirer 4 cartouches»

«Plusieurs de leurs soldats ont été blessés. On les voyait tomber comme des mouches. De notre côté nous avons eu un seul blessé lequel s’est caché de peur qu’il ne soit tué car en guerre, on tuait les blessés graves de peur qu’ils ne tombent entre les mains des Français», se souvient Si Omar, tout ému. «Dans leur journal, dont je garde une copie jusqu’à ce jour, ils ont annoncé 8 blessés et un mort. Les villageois dans leurs témoignages ont indiqué plusieurs morts. Ils les ont vus ‘’jeter’’ les cadavres dans leurs camions», affirmera-t-il. Évoquant le Congrès de la Soummam, Si Omar nous précisera que ce jour-là ils avaient reçu l’ordre de «rester vigilants et de bien surveiller la route car des officiers de l’ALN devraient passer par là. Ce n’est qu’à leur arrivée à Tandlest qu’on avait su que c’était Abane Ramdane qui est passé par l’endroit qu’on a surveillé. Et c’est là qu’on a su qu’il avait rendez-vous avec Amar Ath Chikh qui devait l’accompagner au lieu du congrès. Malheureusement, ce dernier a été tué avant qu’il ne le rencontre par l’armée française», conclura Si Omar qui n’a pas oublié de préciser que «personne ne savait que le Congrès de la Soummam allait avoir lieu ce jour-là ni d’ailleurs l’endroit de sa tenue».

Kamela Haddoum.

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