La crise du logement perdure à Tizi-Ouzou

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La crise du logement au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou est toujours aussi aiguë. Des milliers de familles réparties sur le territoire de la wilaya vivent encore, dans le dénuement. Parfois on s’entasse à dix dans un F3. Mais il y a encore pire. Des familles survivent encore dans des taudis, des maisons en terre battue, dans des conditions d’exiguïté intenables. Quant aux normes d’hygiène, on en est vraisemblablement encore loin. Le luxe n’est assurément pas pour tous.

Dans la plupart des communes de la wilaya, le foncier public brille par son indisponibilité. Les présidents des assemblées communales se plaignent de cet état de fait. A Ouadhias, Boghni, Mechtras, Tirmitine, Ath Yenni, Iferhounène, Ouaguenoun et à travers la plupart des municipalités, l’indisponibilité du foncier fait perdurer la crise du logement, au grand dam des familles qui cherchent vainement un toit décent. Les chefs de familles se sont, pour ceux qui possèdent des lopins de terre, rabattus sur l’aide à l’habitat rural. Hélas, les quotas alloués aux communes sont peu importants pour pouvoir résorber la crise et permettre à tous les souscripteurs de bénéficier de l’aide de l’Etat. En plus du nombre très réduit des quotas, on soulève l’insuffisance du montant destiné à cette formule. 70 millions de centimes ne permettent pas d’achever l’habitation. Le relief des terrains à travers la wilaya étant souvent très accidenté plus de la moitié de l’aide va dans les travaux de terrassement. «J’ai déjà dépensé 40 millions de centimes et je ne suis qu’à l’étape de la finalisation de la plate-forme», déplorera un bénéficiaire à Tizi N’Tléta, au sud de Tizi-Ouzou. La cherté des matériaux de construction et la cherté de la main d’œuvre font que la plupart des heureux postulants n’ont pu ériger que des carcasses de maisons. Les travaux de finitions pour viabiliser l’habitation attendront des jours meilleurs. Les prix des matériaux de constructions sont en hausse depuis le début de l’été. Les constructeurs et les bénéficiaires de l’aide à l’habitat rural ont dû pour la plupart suspendre leurs travaux, espérant une éventuelle accalmie. «Ce n’est pas avec une maigre aide de 70 millions de centimes que nous allons bâtir des logements. La main d’œuvre est trop chère et les matériaux flambent. Nous demandons à l’Etat de revoir le montant de l’aide à la hausse», dira un bénéficiaire. Quand le quintal de ciment se vend à 1500 DA, la ferraille entre 6000 et 7000 DA, le camion de sable à 18000 DA et celui de sable criblé à 14 000 DA, on comprend aisément les difficultés des bénéficiaires de l’aide à l’auto-construction. Sans oublier les frais de la main-d’œuvre, 1500 DA/jour pour l’ouvrier et 2500 DA/jour pour le maçon. Il devient donc évident que construire et achever totalement une habitation avec seulement 70 millions de centimes est un leurre.

Le relief des terrains à travers la wilaya étant souvent très accidenté plus de la moitié de l’aide va dans les terrassement. «J’ai déjà dépensé 40 millions de centimes et je ne suis qu’à l’étape de la finalisation de la plate-forme», se plaint un bénéficiaire de l’aide à l’habitat rural à Tizi N’Tléta 27 602 logements LPL/LSP attribués à la wilaya depuis 2005

Pour réduire l’ampleur de la crise du logement, l’Etat a alloué à la wilaya un programme portant construction de 27 602 logements LPL et LSP, sur les plans quinquennaux de 2005/2009 et 2010/2014. Sur ce quota, hélas, seules 5 457 unités sont achevées, mais non encore distribuées, car souffrant de problèmes d’assainissement, d’alimentation en électricité et en gaz et des VRD. 13 580 unités sont toujours en cours de réalisation. Quant aux 4 716 logements restants, ils sont carrément à l’arrêt pour de multiples et diverses raisons. Pire encore, 2 289 logements ne sont toujours pas lancés depuis plusieurs années. Un autre quota de 10 278 logements est attribué à la wilaya de Tizi-Ouzou dans le cadre du logement LSP/LPA. Dans ce deuxième quota, la moitié des logements sont achevés mais une bonne partie n’est pas encore attribuée. 3 056 sont en cours de réalisation, 810 unités sont à l’arrêt à cause de contentieux inextricables entre acquéreurs et promoteurs, et pire encore, 715 autres unités ne sont même pas lancées, des quotas attribués aux APC d’Azazga, Tizi-Ouzou, Tadmaït, Azeffoun, Tizi Ghenif, Draâ Ben Khedda, Larbaâ Nath Irathen et Boghni.

6 000 logements AADL/LPP depuis 2013

La wilaya de Tizi-Ouzou a de nouveau bénéficié d’un programme AADL/LPP de 6 000 unités depuis l’année 2013. 2000 logements sont implantés au pôle d’excellence et sont en cours de réalisation. 542 logements sont affectés à Tamda, dont 200 sont achevés, et 342 non lancés et qui seront ensuite transférés à Mekla, Boghni et Tamda. 200 autres logements sont affectés à Tamda, 500 à Aghribs, mais les travaux n’ont pas démarré. 1 000 unités sont attribuées à Azazga, mais ne sont toujours pas lancées. 1 300 autres unités cherchent toujours une assiette d’accueil. 1 000 autres unités sont allouées à Draâ El-Mizan. Un autre programme LPP/AADL de 204 logements a été affecté à la wilaya, en plus de 288 autres dans le cadre LPP à Tamda. Tous ces programmes ne sont pas achevés et traînent depuis 2014. Il faut ajouter à cela un programme portant réalisation de 500 logements, dans le cadre du FNPOS, inscrits à la wilaya depuis 2011. Le programme est donc assez important, mais il bute sur des retards monstres et des litiges inextricables. A signaler que les nouveaux pôles et zones urbaines créés souffrent du manque de beaucoup de commodités, ce qui, en partie, bloque la distribution des logements. Il fallait prévoir des équipements d’accompagnement comme les écoles, les unités de soins, des salles de jeux, des stades et des espaces verts, pour éviter que ces zones ne se transforment en cités dortoirs et empêcher les maux sociaux d’y foisonner. Au sujet de l’habitat rural, il est impératif de revoir le montant à la hausse pour encourager ce segment très convoité en Kabylie. Il est aussi temps de régulariser la situation de plus de 1 000 logements squattés au niveau de la wilaya. Pour le moment, la crise du logement est toujours aussi aiguë et malmène des milliers de familles à travers Tizi-Ouzou, d’où la nécessité de concrétiser ce programme. A signaler par ailleurs que tant que ce programme n’est pas achevé la wilaya risque de ne pas bénéficier de nouveaux programmes.

Hocine T.

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