Oisiveté, marasme et interminables parties de dominos

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C’est vraiment terrible pour les jeunes de vivre dans des coins où il n’y existe pas le moindre endroit de loisir et de distraction. Ceux qui habitent les villages enclavés de la région de M’Chedallah sont doublement affectés, car ils ne disposent pas de structures et d’infrastructures de loisirs et de sports à même de combler l’horrible vide et le spleen qui les « happent » quotidiennement. Les exemples sont légion de ces patelins enclavés, où les jeunes regardent passer le temps sans pour autant pouvoir faire quelque chose. Dans toutes les localités de la vallée du Sahel, qui englobe les communes de M’Chedallah, Ath Mansour, Chorfa, Ahnif et El Adjiba, hormis les chefs-lieux communaux où il existe, plus ou moins, quelques structures culturelles (bibliothèques, centre culturels, salles polyvalentes,…), le reste des villages ne sont aucunement bien lotis. C’est le cas à Ath Hamdoun, Ilythen, Tiksiridene et Selloum. Les jeunes dans les villages isolés, à défaut, forment des « cercles » de jeunes à l’air libre, où ils causent et plaisantent entre amis. Les lieux de regroupement, appelés communément « Tajamaït », sont également investis par des personnes de différents âges, où l’on « décortique » les dernières nouvelles du village. Les cafés, pour leur part, ne désemplissent pas de jeunes qui, faute de mieux, y passent le temps en jouant des parties de dominos ou de cartes, laissant de temps en temps éclater des fous rires ou des accès de colère entre joueurs. Les randonnées entre amis vers les monts du Djurdjura ou les bois avoisinants constituent aussi des dérivatifs de fortune pour les jeunes de cette région de la vallée du Sahel. Cependant, une autre activité semble faire plus d’adeptes parmi la masse juvénile des patelins enclavés. En effet, pour tenter de combler les vastes loisirs avec les moyens de bord, et en l’absence des infrastructures sportives et culturelles dignes de ce nom, les jeunes de ces contrées déshéritées organisent, régulièrement, des tournois de football, histoire de tirer les jeunes du marasme et des fléaux sociaux qui gangrènent la société. Ainsi, des terrains vagues, aménagés en stades, abritent des joutes amicales en drainant des foules de jeunes assoiffés de spectacles et de joie. Les jeunes de toutes les localités se solidarisent entre eux en collectant des sommes d’argent, avec lesquelles ils préparent les tournois, en achetant aussi les coupes symboliques et autres présents destinés aux futures vainqueurs. C’est le cas à Takerboust et Tiksiridene où des tournois de foot ont été organisés durant ce mois d’août. Toutefois, malgré ces activités de fortune organisées avec presque zéro moyens, les jeunes arrivent quand même à créer une ambiance indescriptible dans les stades. Peu importe les moyens mis en œuvre, l’important est que les jeunes arrivent à oublier la mal-vie et le marasme dans lequel sont confinés leurs villages.

Y. Samir

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