Le projet de la pénétrante vers l'autoroute Est-Ouest qui devrait relier la wilaya de Tizi-Ouzou à Djebahia, dans la wilaya de Bouira, ne semble pas avancer.
Tout d’abord, il faut signaler que suite aux différentes visites sur les lieux effectuées depuis octobre dernier aussi bien par le ministre des Travaux publics que le wali, il a été constaté que le taux d’avancement n’était guère appréciable après trois ans du lancement des travaux. Au départ, le délai contractuel accordé au groupement turc ONE était de 36 mois. Mais à la cadence dont sont menés déjà les terrassements, sans parler des tunnels et des viaducs, le projet va aux pas d’une tortue. Certes, le relief est accidenté mais il est peut être plausible de dire que même les moyens mis en branle pour mener un tel projet ne sont pas vraiment conséquents. Car, rappelons-le, lors de sa visite au tunnel de Tizi Larbaâ sur les hauteurs de la ville de Draâ El-Mizan, l’ex ministre des Travaux publics, M. Abdelkader Ouali, avait piqué une colère allant jusqu’à installer une commission qui devait lui rendre compte de l’avancement des travaux à chaque fin de mois. Il avait alors instruit la réalisation dans les meilleurs délais de ce tronçon de plus de 43 kilomètres et de renforcer les effectifs. Certes, il y a eu un certain redéploiement, mais cela restait toujours insuffisant au vue de la cadence des travaux. Ceci, d’un côté. De l’autre côté des retards sont accusés par les différentes oppositions des citoyens. Au niveau du lieu-dit la Casse, sur la RN25 avant d’arriver à Draâ Ben Khedda, ce sont les ex-exploitants agricoles de l’EAC qui avaient bloqué durant des mois, la construction du viaduc qui servirait d’échangeur à ce niveau. À Tafoughalt, ce sont les oléiculteurs qui ont exprimé leur colère parce qu’ils ne sont pas indemnisés. « Personne n’a reçu encore aucun sou. Certes, les quelques oléiculteurs ont été indemnisés pour uniquement les oliviers, mais pour les terres traversées par cette autoroute, tout est encore au stade de la constitution des dossiers. Pour le moment, on temporise avant de passer à l’action », nous confiera un membre du collectif des propriétaires terriens de Tafoughalt. C’est le même son de cloche chez les habitants de Tachtiouine. Mais, hier, ce sont les habitants de Maâmar qui ont enclenché une action de protestation. Ils sont montés au créneau pour dénoncer cette «anarchie» qui y règne. En effet, ils étaient plus d’une vingtaine de jeunes qui, bien avant huit heures, ont sommé les conducteurs d’engins à arrêter les machines. « Nous demandons à l’Agence nationale des autoroutes (ANA) d’arrêter les travaux parce que nous avons déjà évoqué ce problème et il a été soumis aux responsables concernés. Mais à notre grand étonnement, nous constatons que le groupement ONE a repris les travaux sans avoir respecté ce qui a été dit en juin dernier sur place », s’élèvera une voix de la foule assise devant les engins sous un soleil de plomb. Et à une autre d’intervenir : « Est-ce qu’il y aurait quelqu’un qui accepterait qu’un viaduc de plus de mille mètres de longueur et de quarante mètres de hauteur survole sa maison ? ». Un autre intervenant dira : « Nous nous sommes opposés parce que nous savons que nos habitations sont menacées. Imaginez le flux de véhicules quotidien sur ce viaduc qui ira jusqu’à la mosquée de Maâmar. Y aura-t-il du calme dans toute la région ? ». Et à un autre d’expliquer la situation: « Pour éviter tout danger et tout désagrément, nous avons proposé trois variantes pour dévier ce tracé. La plus plausible consistait à faire un retrait vers le haut du côté choisi. Tout d’abord, le viaduc ne sera long que de trois cents mètres et puis il n’y aura ni danger ni encore moins de désagréments ».
Le chef de daïra promet une réunion de concertation prochainement
Selon nos interlocuteurs, le responsable de l’ANA s’était rendu sur les lieux, mais aucun compromis n’a été trouvé si bien qu’ils campent sur leur position. « Nous resterons ici le temps qu’il faudra. Nous attendons que le chef de daïra revienne sur les lieux parce qu’il l’a déjà fait et il avait pris des engagements à ce sujet. Il avait même ordonné l’arrêt des travaux jusqu’à nouvel ordre. Nous dénonçons le mépris des responsables de l’ANA et du groupement ONE. Ils ne nous associent jamais quand il s’agit de décisions qui pourraient nous causer du mal », fulminera un autre protestataire. Notre tentative de recueillir la version du responsable de l’ANA a été vaine. Par ailleurs, des chauffeurs employés par une entreprise de sous-traitance manifestaient, depuis avant-hier, leur colère parce qu’ils n’ont pas été payés depuis six mois. « Nous ne pouvons plus supporter cette situation. D’ailleurs, même les bons qu’ils nous remettent ne portent aucun cachet rond officiel à l’exception de celui du magasinier du groupement ONE. À qui allons-nous nous adresser ? En tout cas, tout est flou. Même si nous allons à la justice, les bons que nous avons n’auront aucun sens pour arracher nos droits. Nous avons bloqué les camions de l’entreprise et nous ne les lâcherons pas si notre argent n’est pas versé. Au sujet du blocage du chantier par les habitants, le chef de daïra précisera : « Nous allons encore nous réunir incessamment en présence de l’ANA et de la DTP ainsi que les représentants de ces citoyens. S’il y a une possibilité technique pour dévier ce tracé il n’y a aucun problème. Nous n’allons pas quand même accepter la démolition des habitations s’il y a une autre solution, sinon l’intérêt général prime sur toute autre considération ».
Amar Ouramdane