Massacre, à la tronçonneuse, des tailleurs de pierre

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Par S. Aït Hamouda

Non, je ne veux pas mourir de silicose. Je ne veux pas crever comme ça, par manque d’oxygène, les poumons congestionnés de poussière, pour le bout de pain qu’ils ont été chercher dans les pierres. Non, de grâce comprenez-moi, je ne veux pas mourir. C’est ainsi que semble s’adresser le tailleur de pierre de Kabylie, des Aurès, ou de toutes les régions où règne la pierraille en semant la mort parmi les jeunes tailleurs qui se savent condamnés, irrémédiablement, à une fin aussi rapide qu’inéluctable, aussi douloureuse qu’inévitable, aussi regrettable qu’inexplicable, aux gens qui ne manquent pas d’acheter cette matière au prix vil. Travailler la pierre à la tronçonneuse sans les précautions d’usage s’apparente à un suicide, puisque c’est un labeur, assurément, mortel. Mais allez l’expliquer aux jeunes et aux vieux qui n’ont pas d’autres choix que cette fatale occupation. Pas une étude épidémiologique à l’échelle de la wilaya ou nationale, n’est faite pour évaluer l’ampleur réelle du problème et prendre les mesures qui s’imposent, notamment pour sensibiliser les jeunes qui ne réalisent pas les dangers encourus. L’Algérie se trouve à la 4e place des contrées où des personnes sont, au bout de 6 mois d’exposition et d’inhalation de poussière de silice, atteints de cette terrible maladie. D’autant plus que les pratiquants de cette activité n’utilisent aucun moyen de protection contre l’absorption de ces poussières mortelles. Une première étude des dossiers des malades atteints de silicose, pris en charge au niveau du CHU de Tizi-Ouzou, n’a fait que confirmer la dangerosité de la situation à laquelle s’exposent les tailleurs de pierres. On les trouve aux abords des routes de toute la Kabylie et même ailleurs, exposant leur marchandise faite de tas de pierres de granit, de grès et de pierre bleue, rose ou jaune. Cependant, qui se soucie de l’état de leurs poumons ? Qui connaît la silicose qui habite leurs poumons et ne leur donne aucunement le temps de jouir du produit de leur vente et de leur jeunesse, ou encore de réaliser leurs projets ? Très peu certainement. En attendant la loi qui devrait en cadrer cette activité mortelle, des jeunes et des vieux périssent massacrés à la tronçonneuse.

S. A. H.

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