«Je me fais beau et… je défigure ma ville»

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En sillonnant les rues de la ville de Tizi-Ouzou, on est frappé par la multiplication des aspects et actes d’incivisme. d’innombrables affiches et posters sont collés sur les murs des bâtisses, sur les pylônes électriques et autres.

Un nouveau phénomène qui n’est pas pour embellir la ville certainement, d’autant plus qu’elle se trouve déjà dans un état, le moins qu’on puisse dire, crade. De la Tour à la Grande rue, en passant pas la rue des Genêts, le tableau est le même. Des ordures, des saletés et des mauvaises odeurs. Et pourtant, Tizi n’était pas comme ça ! Une ville qui respirait jadis la nature, l’air pur de ses espaces verts devenus aujourd’hui si rares et mal-entretenus pour le peu qui en reste. Des affiches, des photos à moitié déchirées et des traces de colle sur les murs et immeubles donnent une image des plus laides à la ville. Des artistes se font beaux et se «prennent» en posters pour les coller ensuite sur les murs un peu partout en ville. Leur seul souci est de promouvoir leurs albums et se faire connaître. Ça parle d’amour dans les chansons et des idéaux, sans doute loin d’être acquis ou appliqués en réalité. Mais qu’en est-il de l’amour de sa ville ? Qu’est ce qu’ils en font ? Devient-il moins important face aux économies conséquentes engendrées par une publicité gratuite dans la ville au détriment de l’image et de la beauté de cette espace commun ? Des affiches commerciales de produits cosmétiques des entreprises dont le souci est d’enjoliver les visages de leurs utilisatrices mais qui se soucient peu de celui de la ville qu’ils défigurent avec leurs affiches immondes et mal placées. C’est le paradoxe. Un autre constat alarmant, c’est celui des affiches publicitaires des écoles ! Oui des écoles privées, qui sont censées éduquer et donner l’exemple à une société déjà en manque de repaires. Elles versent, désormais, dans la médiocrité de cet acte incivile qui en dit long du niveau de ceux qui le pratique. C’est un constat, un état des lieux, assez troublant de s’avoir que le bien-être collectif que peut véhiculer une ville propre ne préoccupe pas bon nombre de personnes. De leur côté les habitants ainsi que les citoyens de passage dans la ville n’en sont pas moins responsables. Preuve en-est la multiplication des gestes primitifs et inciviles : jeter les ordures et les déchets par terre ou dans des espaces non alloués à cet effet. L’endroit connu sous le nom l’Abattoir, près du CHU de Tizi-Ouzou, est devenu une véritable décharge publique. L’odeur infecte qui s’y dégage rendrait malades sans doute les passants qui traverseront cette ruelle.

Artistes, producteurs, particuliers, politiques, directeurs d’écoles… personne ne se gêne !

En empruntant ce trajet en escaliers, les exemples et les situations croisés n’ont fait que confirmer malheureusement le constat. En outre, dans les autres petites ruelles, les plus isolées surtout, s’ajoute aux ordures l’odeur de la pisse qui envahit et pollue l’atmosphère. Ces gestes renseignent sur l’état décadent de la société. De l’inconscience ou de l’insouciance peut-être, ou c’est juste une éducation et une culture qu’on ne nous a pas inculqués ! Voulons avoir des réponses à nos questions, on n’a pas hésité à interpeller quelques personnes qu’on a croisées. Une jeune dame qui semblait être consciente de l’impacte de tous ces actes sur l’environnement et sur le citoyen, nous a avoué que ça lui arrive de jeter «intentionnellement» quelques déchets par terre. «En tout cas, il n’en est pas difficile. Une bonne éducation et une bonne dose de volonté et de l’implication de tout un chacun, c’est ce qu’il faut. C’est un travail à long terme», dira un passant que nous avons interrogé sur la question. De son côté Ami Tahar, ancien éboueur connu dans la ville de Tizi-Ouzou, regrette la situation et ne comprend pas «l’irresponsabilité» des uns et «l’insouciance» des autres. C’est ainsi que la saleté et les ordures sont confondues dans le décor de la ville qui se noie dans sa tristesse et qui a perdu son éclat d’autrefois. L’image est devenue courante, voire habituelle, à Tizi-Ouzou. C’est à croire qu’il n’y a pas un service d’hygiène qui s’occupe de l’espace public pour le maintenir propre, du moins rien ne se fait pour le moment pour changer la situation, que ce soit de la part des autorités ou des citoyens.

Kamela Haddoum

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