L'oued Amarigh prend sa source dans les entrailles des monts des Bibans dans la wilaya de Bordj Bou Arreridj et parcourent sur une distance de plus de 70kms d'autres wilayas à l'instar de Béjaïa et Bouira.
Cette rivière s’est transformée, depuis des années déjà en un véritable collecteur des eaux usées et des déchets en tous genres. Ce cours d’eau, qui est l’un des affluents de l’oued Sahel en aval, est en proie à une pollution très grave.
Nous avons constaté cela de visu en parcourant, récemment, près de 3 kms de cet oued. Et le constat que nous y avons fait donne froid au dos: plusieurs bouches d’égouts « vomissent » quotidiennement des dizaines d’hectolitres d’eaux usées et pestilentielles sur le lit de l’oued, où elles ruissèlent en formant des cloaques et autres étangs glauques, dégageant des odeurs répugnantes. Le spectacle est plus qu’affligeant dans cette rivière, où, jadis, coulait une eau limpide mais saumâtre, d’où son nom de l’Amarigh qui veut dire littéralement: l’eau saumâtre. Bien évidemment, malgré son arrière-goût un peu salé cette eau était consommée par les hommes et les cheptels. Avant l’industrialisation à tout-va, la multiplication des différents emballages et le changement des mœurs de la société laquelle est passée de la production à la consommation, l’Amarigh n’était assujetti à aucune pollution aussi minime soit-elle par le passé. Aujourd’hui, la donne a changé et les déchets ont envahi cet oued de manière effrayante. Dans la suite, est-il nécessaire de souligner que ce cours d’eau sépare les wilayas de Bouira et de Béjaïa, en constituant des frontières administratives entre ces deux circonscriptions. Les communes de Boudjellil (w.Béjaïa) et Ath Mansour (w.Bouira) sont parcourues et séparées par l’Amarigh. Ces deux collectivités ne s’encombrent aucunement pour acheminer leurs réseaux de l’assainissement jusqu’au lit de cet oued pour y déverser les eaux usées des ménages. Les unités avicoles en rajoutent une couche, à leur tour, dans cette agression grave à l’environnement en déversant des eaux usées chargées de fiente de volaille. En conséquence, les eaux putrides et nauséabondes forment des marécages et des nappes aux eaux verdâtres sur le lit de l’Amarigh. Le hic, c’est que des oiseaux, des échassiers notamment, y ont élu domicile depuis des mois en risquant de connaître un sort tragique en se barbotant et en se désaltérant des eaux polluées. Par ailleurs, il est à déplorer l’absence totale d’une station d’épuration des eaux usées qui se déversent par dizaines d’hectolitres par jour dans ce cours d’eau. Les bouches des réseaux de l’assainissement des localités voisines ne sont pas équipées d’au moins de bassins de décantation, à même de diminuer, un tant soit peu, la pollution des eaux. Le comble, c’est qu’à moins d’un kilomètre de l’embouchure des oueds de l’Amarigh et de Tiksighidène, il existe des forages qui alimentent les communes de Chorfa et Boudjellil. Et cela n’augure rien de bon lorsque l’on sait que les eaux polluées coulent à quelques mètres au-dessus de la nappe phréatique.
Y. Samir

