Timechret, le palliatif

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Si dans certaines régions du pays, on se réjouit de la sensible baisse des prix des ovins pour cette saison, dans la circonscription de Maatkas où l’on n’a pas trop constaté ces prix au rabais au niveau du marché c’est plutôt le sacrifice collectif et la solidarité qui sont en vogue à l’occasion des fêtes de l’Aïd, et ce depuis déjà plusieurs années. Ainsi, la devise de nombreux villageois pour faire face à cette onéreuse dépense liée à ce rituel religieux (qui coïncide encore cette année avec la non moins ruineuse rentrée scolaire) consiste, en effet, en l’abattage d’un bovin par des ménages constitués en collectif à la place du sacrifice de nombreux ovins qui reviendraient assurément plus chers. Ce n’est donc qu’un retour à cette vieille tradition kabyle Timchret qui est opéré pour permettre dans un esprit de partage et de solidarité à tout le monde d’avoir de la viande et à moindre coût. «C’est bovins contre ovins» arguera avec un brin d’humour un fonctionnaire qui a précisément créé un collectif pour la circonstance. Ce phénomène très rural commence même à gagner les villes telles Draa ben Khedda, Boghni et même Tizi-Ouzou. En effet, pour les ovins, les prix oscillent sur le marché de la wilaya de Tizi-Ouzou, et par ricochet sur l’ensemble des marchés du nord du pays, entre 28 000 dinars pour un agneau et 60 000 dinars pour un grand mouton. Seules donc les grandes bourses peuvent se permettre d’acquérir ce grand bélier cornu et beau comme l’aiment les enfants. Ainsi, c’est fini, cette coutume de «un mouton à tout prix pour mes enfants» comme ont l’habitude de se targuer certains pères de familles qui s’endettent quelques fois pour satisfaire cette exigence sociale et religieuse. Autrefois, c’étaient les ménages qui n’observaient pas ce rituel qui étaient montrées du doigt dans le village ou dans le quartier, aujourd’hui ce sont plutôt les familles qui brocantent l’ovin qui sont désignées comme «aristocratiques» au sein de la société. C’est dire qu’en plus d’autres dépenses inhérentes à la fête comme les habits, par exemple, c’est une véritable «banqueroute» qu’ont connu les ménages avec cette rentrée sociale qui n’en finit pas car après une saison estivale bien dépensière également (ramadan, fêtes…), les crédits n’ont fait que s’accumuler. En tout état de cause, ce ne sont pas seulement les familles nécessiteuses qui crient à la cherté de la vie, la classe dite moyenne est aussi ébranlée et ne cesse aussi de se plaindre de cette inflation qui frappe de plein fouet l’économie nationale.

C. A.

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