Les jouets «made in China» inondent le marché

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À quelques jours de l’Aïd Tamokrant, les magasins de jouets de la vallée de la Soummam ainsi que les principales ruelles de ses villes enregistrent une affluence record.

La plupart des points de vente sont littéralement pris d’assaut par les familles, qui font tout pour répondre au mieux aux caprices de leurs enfants. Accompagnées de leurs progénitures, elles sillonnent boulevards et avenues dans l’espoir de dénicher la bonne affaire. Des étals de toutes sortes de jouets pour enfants longent les grandes artères, à l’image de la ville du piton, Akbou. Ce genre de fête est une période propice et particulièrement fructueuse pour les commerçants de jouets. En effet, à l’approche de cette fête religieuse, les jouets figurent parmi les achats les plus essentiels sur la liste des dépenses. Le marché algérien se voit, en cette période, submergé par différents types de marchandises importées, notamment de la Chine, pays leader dans le commerce des jouets. Le made in China, à bas prix et à profusion, est de ce fait là pour donner le sourire à des enfants en mal de sensations fortes, mais qui reste, de l’avis de nombreux observateurs avertis, souvent dangereux. Pour les commerçants et les vendeurs à la sauvette, le plus capital est de réaliser un profit lors de ces périodes de fête. Pour les parents, l’urgence est de faire plaisir aux chérubins, mais pour les enfants, c’est l’aspect ludique qui importe, un aspect qui se transforme quelquefois en drame, notamment quand les jouets utilisés sont dangereux, du genre pistolets lançant des balles en plastique, des liquides, des fléchettes, pistolets à laser, pétards et autres articles. Les vendeurs de jouets sont partout. Rien que dans le chef-lieu de la commune de Sidi-Aïch, le principal pont de la ville éponyme s’est transformé ces derniers temps, en rue commerçante, à la sauvette. Des jouets proposés à la vente sur des étals à même les trottoirs ne sont, pour la plupart, absolument pas conformes aux normes de sécurité que doivent respecter les fabricants des jouets destinés à des enfants de certains âges. Ce commerce envahi, chaque Aïd, le marché algérien avec une panoplie de jouets «made in China» : poupées, pistolets, voitures, masques, ballons, camions. Une gamme variée qui s’avère indispensable pour compléter la tenue de l’Aïd des enfants. Chacun se vante de son acquisition, même si les jouets se ressemblent, et chacun veut en avoir un. Contrairement aux jours ordinaires, où les parents résistent à l’insistance de leur enfant face à ces gadgets, en ce jour de fête, c’est même parfois le parent qui demande lequel des jouets proposés par le marchand ambulant lui plaît.

L’Aïd, une haute saison pour les commerçants

La période de l’Aïd est synonyme d’une haute saison pour les vendeurs de jouets. L’afflux massif des clients sur les magasins de jouets et autres étals de fortune illustre l’engouement des enfants pour les jouets. «On commence à se préparer juste avant l’Aïd. Nos ventes augmentent considérablement pendant cette période. Une grande quantité de marchandise est écoulée deux semaines avant cette occasion», explique Salim, jeune vendeur. «Une grande partie de la marchandise est écoulée depuis deux semaines. Ces jours-ci, l’afflux des parents en compagnie de leurs gosses est important», signale-t-il, avant d’ajouter qu’en cette circonstance, différentes sortes de jouets sont exposées, et ce, en fonction de l’âge. «On expose des catégories de jouets en fonction de l’âge des bambins. Interrogés sur la provenance des jouets et de leur dangerosité notre interlocuteur reste taciturne, tentant de vanter la qualité de ses produits.

Jouets «dangereux» !

La majorité des articles exposés portent l’étiquette «made in China». Les jouets dans la totalité des magasins sont importés de Chine. «Les articles chinois sont très prisés du fait de leurs prix à la portée de toutes les bourses», déclare un vendeur de jouets. Ces jouets représentent, de l’avis de nombreux spécialistes, un véritable danger en raison du grave préjudice qu’ils peuvent causer aux enfants. Mais, qui peut s’en soucier tant que le consommateur n’y prête guère attention ? Le danger des pétards, des fusils à baïonnettes, des pistolets lançant des cartouches en plastique, des fléchettes et des liquides ne sont pas des moindres. Des accidents portant atteinte à l’intégrité physique des enfants peuvent survenir. Des gamins qui ont perdu un œil suite à un pétard brusquement lancé où suite à un tir perdu d’un pistolet en plastique ne manquent pas de marquer l’évènement de l’Aïd. Aussi, il est bien utile de signaler l’existence de cas d’étouffement ou d’intoxication d’enfants suite à l’ingestion d’une partie d’un jouet magnétique ou fabriqué à partir d’une matière toxique. Dans le même registre et au-delà du préjudice physique que peut receler l’usage de jouets jugés potentiellement dangereux, un aspect foncièrement important, souvent négligé est celui de la diffusion de la violence à travers des joujoux violents. Les pistolets lançant des flèches, des balles en plastique, des épées ou des couteaux en plastique aussi sont en ce sens potentiellement préjudiciables. C’est comme si on apprenait aux enfants à devenir de facto de futurs mafiosi avec cette vente anarchique d’armes factices. Ce ne sont que des jouets, mais des jouets dangereux. Les psychologues s’accordent à dire que l’enfant se construit à travers le jeu. Partant de ce fait, le recours à des armes, même en plastique, est susceptible d’ancrer des conduites violentes dans le comportement du gosse, d’où le devoir des parents de choisir minutieusement les jouets des enfants. Un choix pertinent peut s’avérer constructif et avantageux pour le développement de l’enfant.

Bachir Djaider

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