Le colportage d’eau, un commerce juteux

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Le manque d’eau potable fait le malheur des uns, mais aussi le bonheur de certains.

Des milliers de foyers ne voient que très rarement l’eau couler de leurs robinets, si ce n’est jamais, si bien que le marché du colportage d’eau bat son plein dans la localité de Chemini, notamment en cette saison de chaleur. Cet été 2016 aura été la pire saison pour les Cheminois depuis des lustres. Tous les jours, les villageois doivent se débrouiller pour se procurer ce liquide vital. Chaque matin, la chasse à l’eau est devenue le quotidien amer de milliers de familles, contraintes de faire la corvée des jerricans dans une ambiance des plus tendues. Par ailleurs, tout un budget est réservé pour l’achat de bouteilles d’eau et de citernes. Une autre épreuve difficile pour ces citoyens qui voient leurs portemonnaies s’user par les dépenses qui n’en finissent pas. L’eau potable est en effet très rare dans ces contrées semi-arides durant l’été ! Tout le monde s’accorde à dire que les mois de juillet et août sont marqués d’une pierre noire dans la localité de Chemini. Et cet été les colporteurs n’ont pas chômé ils ne chôment toujours pas d’ailleurs. Ils travaillent tout au long de la journée. Les villageois sont obligés de recourir à eux et la demande ne cesse d’augmenter. Ceci entraînant cela, les colporteurs cotent désormais leurs citernes à 1500 DA au lieu des 1000 DA de l’année dernière. Et cette crise arrive au plus mauvais moment de l’année, quand on sait que la consommation d’eau triple en été. Et les colporteurs en profitent bien à 1 500 DA les 2000 litres d’eau. Ces nouveaux marchands de l’or bleu se disputent un marché florissant, loin de toute réglementation, faisant fi des moindres règles, même celle d’hygiène. Les citernes sont tirées généralement par des tracteurs de champ ou portées par des camions et sillonnent tous les terrains de cette région. On sait aussi que la plupart des colporteurs s’approvisionnent à partir des puits de la région, contrôlés ou pas ! Une bonne partie de ces citoyens n’a aucune idée des conditions d’hygiène ni du lieu de la provenance de l’eau qu’ils achètent. Certaines citernes ne sont pas du tout entretenues ou sont carrément rouillées. Mais les colporteurs, bien sûr, affirment et assurent que l’eau est bonne à boire et qu’ils n’ont jamais eu de problème avec les consommateurs. Le nombre des colporteurs d’eau s’est multiplié depuis le début de l’été. Ils sont obligés de faire plusieurs rotations, jour et nuit, pour satisfaire les nombreuses commandes des citoyens. Certains parmi ces derniers doivent patienter deux ou trois jours avant de recevoir l’eau commandée. Les marchands d’eau s’approvisionnent dans des puits de particuliers ou aux sources d’eau de certains villages des communes voisines. Il faut réserver une semaine à l’avance, car leurs carnets de commandes sont déjà pleins. Et certains de ces marchands d’eau activent avec des camions-citernes ou avec des citernes tractées sans disposer d’aucun registre de commerce attestant leur conformité avec les règles d’hygiène, surtout en cette période propice à la propagation des maladies à transmission hydrique (MTH).

Bachir Djaider

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