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Ces travailleurs qu’on appelle les éboueurs

S. Aït Hamouda

Il y a des choses que l’on remarque chez nous, les jours de fêtes, pas toujours de bon alois. Il y a des comportements, des expressions, indignes chez nos concitoyens. Comme si ces façons de se conduire, mal polies, sont devenues des atavismes lors de nos réjouissances et nos jours de liesses. Nous ne savons plus célébrer nos Aïds (sghir ou lkbir) comme nous le faisions naguère. Nous n’apprenons plus à nos enfants à jouir de ces occasions, nous leur volons leur enfance, nous leur nions leur qualité de chérubins pour en faire, malgré leur âge innocent, des adultes. Que les commerçants et autres tenanciers de cafés soient fermés les jours de l’Aïd, nous trouvons cela pas du tout sympa, mais nous le tolérons et nous nous taisons parce que nous nous sommes habitués au silence face à leurs extravagances et à leur mépris vis-à-vis de ceux qui les font vivre. Qu’ils soient boulangers, marchands de fruits et légumes, bouchers, épiciers ou vendeurs de poudre de perlimpinpin, un seul mot d’ordre, unanimement partagé la fermeture au grand dam des consommateurs. Cependant, il y a une catégorie de travailleurs qui, fête ou pas, trouvent le temps de travailler. Qui trouvent le temps de bosser pour notre bien à tous. Et nous, nous ne les voyons même pas. Si, si, il nous arrive de les entrapercevoir, lorsque nous jetons par la fenêtre nos détritus. Ce sont les éboueurs comme nous les appelons ou plutôt les agents de la propreté collective. Ceux-là n’échappent jamais à nos lapidations verbales, à notre mépris et à notre vindicte, bien qu’ils participent, autant qu’ils peuvent, à notre bien-être à tous. Nous ne savons plus qui nous sommes : des êtres humains normalement constitués, des zombies sortie d’on ne sait quels dédales, ou bien des hommes civilisés qui connaissent leurs droits et leurs devoirs ? Certes, nous connaissons très bien les premiers, les droits, quant aux seconds, les devoirs, ils peuvent attendre… Godo, s’il lui arrivait par miracle, d’advenir. Nous n’avons pas le temps…

S.A.H

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