Des dizaines de citoyens du village d’Ath Abdellah-Ouali, rattaché administrativement à la commune d’Ath-Rached, au Sud-est de la wilaya de Bouira, ont organisé durant la matinée d’hier un rassemblement de protestation devant l’école primaire Medini Ahmed.
Les protestataires réclament l’inscription de leurs enfants en préscolaire. Ils déplorent le fait que l’école primaire ne dispose que d’une seule classe pour le préscolaire et que celle-ci ne peut accueillir que les 25 enfants déjà inscrits. Ils réclament ainsi l’ouverture d’une deuxième classe. «Nos enfants sont privés de leur droit à la scolarité. Le préscolaire est obligatoire dans le système éducatif depuis 2008. Selon la loi, chaque enfant ayant atteint l’âge de cinq ans a le droit d’être inscrit. Malheureusement, dans notre village qui ne dispose que d’une seule école primaire, il n’y a qu’une seule classe ouverte cette année pour accueillir seulement 25 élèves. Toutes nos demandes ont été rejetées et la direction de l’établissement refuse toujours de s’expliquer !», nous dira Karim. K, l’un des parents protestataires. Notre interlocuteur nous expliquera que des établissements scolaires d’autres villages et du chef-lieu communal refusent l’inscription de leurs enfants, sous prétexte que leur village dispose d’une classe de préscolaire : «Nous ne savons plus à qui nous adresser. Les autres écoles refusent d’inscrire nos enfants. Nous sommes tous conscients de l’importance du préscolaire pour nos enfants, surtout sur le plan psychologique ! Malheureusement les responsables de cette école, et au lieu d’ouvrir d’autres classes pour accueillir nos enfants, n’ont pas trouvé mieux que de renvoyer nos enfants !». Les protestataires réclament donc l’ouverture d’une seconde classe de préscolaire, une demande rejetée en bloc par l’administration, qui de son côté avance un manque flagrant de moyens pédagogiques et humains : «Depuis le début de l’année scolaire, nous avons enregistré un grand nombre dossiers de demandes d’inscription au préscolaire. Environ 60 demandes ont été rejetées faute de places pédagogiques. Nous comprenons la colère des parents, mais nous n’avons pas le choix ! L’école ne dispose même pas de salle libre, ni d’enseignant pour une nouvelle classe», nous dira une source de l’administration dudit établissement. Elle ajoutera : «L’inscription des élèves s’est faite selon leurs dates de naissance en commençant par ceux nés au mois de janvier de l’année de référence, mais vu le nombre croissant d’élèves, nous ne pouvons guère aller au-delà de février ou mars». Cette manière de faire, aussi logique soit-elle, est rejetée par les autres parents qui s’estiment lésés. Ils ne comprennent pas pourquoi leurs enfants, ayant atteint 5 ans, ne peuvent jouir de ce droit comme tous les autres enfants. Considéré comme une nouveauté introduite récemment dans le système éducatif en Algérie, le cycle préscolaire demeure, plusieurs années après sa mise en œuvre, une problématique difficile à régler. Les textes réglementaires préconisent en effet une place pour tout enfant ayant atteint l’âge de cinq ans. L’expérience s’est généralisée, au fil des ans, à l’ensemble des écoles publiques. Mais un problème de taille est apparu : le nombre de classes ouvertes demeure nettement insuffisant par rapport au nombre d’enfants. On n’en trouve en effet qu’une ou deux par école, ce qui est nettement insuffisant quand on sait que la classe de préscolaire ne peut accueillir plus de 25 élèves, normes pédagogiques obligent. A Bouira, et depuis la rentrée scolaire, les écoles primaires sont envahies par les demandes d’inscriptions. Des demandes qui ne peuvent être toutes satisfaites, faute de places pédagogiques. Harcelés chaque jour par des parents très exigeants et voulant à tout prix scolariser leurs enfants, les directeurs des écoles ne savent plus à quel saint se vouer.
Oussama Khitouche