Amizour est une commune de la wilaya de Béjaïa comprenant près de quarante-cinq mille habitants. Elle est composée de soixante-quatorze villages et hameaux.
C’est pratiquement l’une des plus pauvres des communes, alors qu’elle est la troisième au niveau de la population, après le chef-lieu de Béjaia et Akbou. La commune est très pauvre en ressources financières. Les seules rentrées fiscales proviennent de quelques commerces et de la seule usine qui se trouve sur son territoire. Toutes les autres ont fermé. Le budget de la commune provient donc de l’Etat qui lui accorde quelques subventions, du reste très insuffisantes, pour faire face aux besoins de la population locale sur le plan des infrastructures, du fonctionnement et du développement. Conscients de la situation, les responsables de l’APC avaient envisagé l’année dernière un grand événement en partenariat avec l’Université de Béjaïa, avec une conférence internationale sur le développement local. Cette initiative avait été approuvée par le Premier ministre en personne qui lui avait accordé son parrainage, tout comme d’ailleurs, le ministre de l’Industrie et celui de l’Enseignement Supérieur. Cette rencontre, également soutenue par des organismes internationaux, devait déboucher sur la création d’une zone industrielle ou une zone d’activités dans la commune même. Décision annoncée par le Premier ministre lui-même lors de sa dernière visite dans la région. La création d’une telle zone aurait eu l’avantage d’attirer les investisseurs pour lancer des activités créatrices d’emplois et génératrices de ressources fiscales importantes, rendant ainsi la commune moins dépendante des subventions publiques. Cependant, et à la dernière minute, ladite rencontre fut annulée par le wali, sans qu’aucune explication n’ait été donnée. La commune est donc restée en l’état avec des moyens extrêmement réduits, sans perspectives de gestion adéquate, ni encore moins de développement.
L’assemblée comme paralysée !
Ces derniers jours, le Conseil Communal a décidé de tirer la sonnette d’alarme. Car en effet, en plus de tout cela, la wilaya vient de refuser le renouvellement des subventions accordées l’année dernière, créant ainsi une situation de paralysie dans la commune. Ainsi par exemple, toutes les délibérations concernant les subventions accordées aux associations sportives sur les reliquats des exercices antérieurs ou par virement de crédit ont été rejetées par la wilaya. C’est aussi le cas pour les projets d’aménagement ou d’acquisitions inscrits sur les reliquats des exercices antérieurs par ouverture de crédit. Ce sont des projets visant à l’amélioration du cadre de vie de la population, comme l’aménagement de pistes menant vers les écoles, des terrains de sport de proximité la transformation d’un local en musée, …
Pour la wilaya, il y a urgence à consacrer ces budgets à la couverture des dépenses obligatoires, tels les salaires du personnel, les factures d’eau, d’électricité et de gaz, etc. Il faudra donc tirer un trait sur la subvention accordée l’année dernière pour «moins-value fiscale» d’un montant de cinquante millions de dinars. La reconduction de cette subvention en 2016 aurait donc dû être automatique, vu que les raisons qui l’ont motivée restent toujours les mêmes. Ce qui est étonnant, apprend-on, c’est que l’APC n’a jamais été informée de sa suppression pour l’exercice en cours. Cette situation risquerait de provoquer de fâcheuses conséquences puisqu’elle met en danger de mort le mouvement sportif de la commune. Ainsi, une vingtaine d’associations sportives risquent d’en pâtir, à l’exemple de l’USOA, véritable mémoire d’Amizour et de toute la région, troisième club de football de la Wilaya et quatrième de toute la Kabylie. L’ESFA, le club de football féminin, classé premier au niveau national, et d’autres clubs encore, comme ceux d’athlétisme qui ont formé des champions nationaux, d’Afrique et du monde arabe, risquent de mettre la clé sous le paillasson, faute de moyens financiers.
Bricolage et bureaucratie
Ce qui risquerait d’arriver avec le club de l’USOA ne manquera pas de créer de l’émoi au sein de la population. Ce club est un formidable instrument de rassemblement de la population de toute la région. Il est le symbole même de la cohésion sociale, et le rempart derrière lequel se protège Amizour contre les tentatives de division et de création de troubles sociaux. Avec un budget primitif de quinze milliards de centimes en 2016, la commune a été réduite à bricoler pour essayer de faire face à ses obligations envers ses habitants. Ce budget, rapporté à leur nombre, donnerait à peine plus de trois mille dinars par habitant. Alors que les besoins de la commune sont énormes. Les blocages administratifs et bureaucratiques font que l’APC n’arrive même pas à régulariser les prélèvements d’office opérés par le trésorier en application des décisions de justice concernant les dettes contractées ultérieurement, mettant sa trésorerie en situation négative. Il faudrait peut-être se poser des questions sur les critères d’allocation des budgets aux communes. Certaines, avec beaucoup moins d’habitants qu’Amizour, reçoivent des budgets supérieurs à celui alloué à cette commune. D’autres, comme Béjaia et Akbou, crèvent le plafond grâce aux recettes fiscales générées par leurs zones industrielles. Pourquoi alors empêcher la commune d’Amizour de disposer de sa propre zone d’activités économique et industrielle, alors qu’elle présente tous les avantages pour permettre son développement et alléger ainsi sa dépendance du budget de l’Etat ? Cela permettrait au moins de diminuer le chômage et d’éviter l’éternel phénomène de fermeture de routes et de sièges de daïras et d’APC, qui viennent de reprendre à la faveur de la rentrée sociale.
N. Si Yani