Ighil N’ath Mhend veut se faire entendre

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Les habitants du village «Ighil N’Ath Mhend», relevant de la commune d’Ath-Rached au sud-est de la wilaya de Bouira, souffrent depuis plusieurs années d’un manque flagrant en matière de commodités nécessaires pour leur cadre de vie. Les villageois dont le nombre dépasse les 1600 âmes, affirment que leur localité sombre de plus en plus dans l’isolement. Ils soutiennent que leur village n’a bénéficié d’aucun projet de développement pour l’amélioration de leur cadre de vie, malgré les nombreuses actions de protestation qu’ils ont organisées ces dernières années. Les habitants de ce douar perché à plus de 1000 mètres d’altitude, demeurent sceptiques quant à leur désenclavement puisque les multiples promesses qui leur ont été faites par les responsables locaux demeurent, malheureusement, sans suite. Un habitant fera le constat suivant : «Chez nous, c’est un peu comme le grand désert. Ighil, c’est plutôt une colline oubliée. Il n’y a pratiquement rien ! Ni établissements publics, ni maison de jeune ou stade, ni commerces ! La seule route qui relie le village au chemin communal a été réhabilitée en 2007 et commence déjà à afficher des signes de dégradations, le reste des routes est complètement dégradé. Ces routes deviennent impraticables durant l’hiver. Nous souffrons aussi d’une pénurie grave d’eau potable, car le village n’est pas raccordé au réseau AEP, nos enfants et nos femmes parcourent quotidiennement 04 kilomètres pour pouvoir s’approvisionner en eau potable.»

Perché à 1000 mètres, plus près du ciel que des pouvoirs publics

Il faut dire que le seul programme concret dans notre village est celui de l’aide à l’habitat rural, car beaucoup de citoyens, notamment les jeunes ont pu bénéficier de l’aide de l’Etat, à part ça, rien !», Nous dira Laïd, un habitant dudit village. Selon notre interlocuteur, l’enclavement du village n’encourage pas le retour de nombreux villageois, obligés de quitter leurs demeures durant la décennie noire. «Notre village a été frappé à maintes reprises par les terroristes, et beaucoup de villageois ont abandonné leurs maisons à cause de la situation sécuritaire. Aujourd’hui et bien que la sécurité ait été rétablie, la majorité préfèrent rester dans leur exil, plutôt que de revenir car ils ne peuvent pas vivre dans de telles conditions : ni eau, ni électricité ni transport ni gaz naturel !», s’est-il indigné. L’absence de couverture du réseau téléphonique dans leur village, était l’autre carence soulevée par les villageois. «Pour pouvoir passer un coup de fil, il faut que vous vous déplaciez sur le haut d’une falaise pour capter le réseau. La situation se complique d’avantage durant la saison hivernale, surtout avec les chutes de neige qui sont fréquentes dans cette région», ajoute un autre jeune de cette région. Le village déplore aussi l’absence d’une salle de soins. Les citoyens sont obligés d’effectuer de pénibles déplacements au chef-lieu de la commune sur plus de 20 km d’autant plus que la route du village est dans un état de dégradation très avancé. Un transporteur se plaint de l’état de cette route et dit que cela complique leur tâche. Pendant l’hiver, les villageois sont l’otage des conditions climatiques. «Pendant l’hiver, c’est l’enfer ici. Tout le monde est bloqué surtout lorsqu’il neige», nous dit un autre citoyen. En somme, tout manque dans ce village oublié. Le village manque aussi d’un réseau d’assainissement des eaux usées. Un citoyen nous dit à ce sujet : «Heureusement que nous avons des fosses sceptiques !» Signalons par ailleurs qu’à Ighil N’ath Mhend, il y a une forêt dense qui pourrait tirer le village de l’oubli si elle bénéficiait de toute l’attention qu’elle mérite, notamment avec la réalisation de pistes pour des randonnées pédestres et d’infrastructures adéquates pour le tourisme de montagne. Elle peut donner au village une attraction particulière.

Oussama Khitouche

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