Depuis bien avant la fermeture de la décharge communale en 2014, les ordures ménagères inondent le chef-lieu de la commune de Bouzeguène, exposant le citoyen à des risques de maladies sans que les autorités locales ne réagissent.
Les ordures jonchent les abords des routes et le moindre espace et semblent faire partie du décor de la région. En effet, tout près du commissariat, de la banque BDL, du centre culturel, des 100 locaux commerciaux et de la station des fourgons assurant la desserte Bouzeguene-Azazga, des monticules d’ordures ménagères et de détritus de tous genres sont exposés en permanence aux yeux des riverains ou des visiteurs. Les résidents de la Cité des 42 logements sont les plus touchés par cette catastrophe, eux qui respirent quotidiennement les odeurs nauséabondes au lieu de l’oxygène. «C’est le désastre durant l’Aïd. Au lieu de profiter des moments de joie avec les siens, on a fait le gendarme en courant derrière les gens qui jettent leurs déchets fétides et les peaux de moutons n’importe où. En l’absence des autorités, les jeunes sont arrivés à menacer d’incendier les véhicules de ceux qui font ces actes irresponsables. C’est la seule manière de protéger ce qui reste de notre cité», dira un citoyen. «Ça me fait mal de voir cette image près de ma maison et autour de ma cité tout au long de l’année. Mes enfants sont sujets à des allergies en permanence, ils ont tout le temps des boutons sur le visage et sur tout le corps. On ne peut même pas ouvrir les fenêtres quand les ordures sont incinérées», dira une citoyenne. Selon des fidèles, cette situation a même fait régir l’imam de la mosquée du chef-lieu lors de son prêche du vendredi passé pour attirer l’attention des services concernés et des citoyens afin que chacun intervienne en urgence pour faire cesser ce désastre environnemental qui nuit à l’image de la société. La santé publique est plus que jamais menacée et les citoyens désespérés ne savent plus à quel saint se vouer. «Cet espace aurait dû être un manège ou un jardin sous d’autres cieux au lieu d’être un abri pour les chiens et chats errants. Ce qui se passe est le résultat de l’incompétence des responsables locaux à gérer leur municipalité», dira une citoyenne. «Le civisme, ce n’est pas notre fort, il faut se l’avouer aussi», dira-t-elle encore. Et de regretter que «pourtant dans plusieurs villages, le volet environnemental commence à susciter l’intérêt des villageois. Les citoyens s’organisent pour installer des décharges contrôlées, des centres de tri, de compostage et de recyclage. Les habitants ont compris que leur bien-être dépend de la qualité de leur environnement. La mairie de Bouzeguène paie des millions si ce n’est des milliards pour transporter quelque déchets jusqu’à Oued Falli mais ne fait quasiment rien face à la prolifération des ordures dans le chef-lieu, notamment cette décharge qui pollue la vie aux citadins du chef lieu. Le quartier 100 locaux commerciaux n’est pas loin. Il en souffre aussi. Les quelques commerçants qui y ont commencé l’activité s’inquiètent déjà sur l’avenir de leur emploi si cette situation venait à perdurer. Interpellé sur la question, le maire de Bouzeguène rétorque qu’il n’est «pas au courant de cette décharge.» Et si la situation est «pourrie à ce point», cela ne peut que venir de «l’incivisme des citoyens» qui habitent le quartier ou les environs.
Fatima Ameziane