Las de voir leur village continuellement submergé de détritus, une vingtaine de villageois de tous âges se donnent la main pour changer l’image de Taourirt Menguellet qui, depuis quelques années, reflète une image hideuse. Sans organisation aucune ni d’autre motivation que celle d’améliorer leur cadre de vie, Hamid, Tahar, Farid et tous les autres ont pris la décision de sacrifier, régulièrement, leur vendredi matin pour débarrasser le village des ordures qui «arrivent jusqu’aux maisons», nous dit l’un d’eux. Vendredi dernier, nous étions à peine une dizaine pour le nettoyage de Thajmaath et les abords du terrain de jeux. Nous avons réussi à évacuer une vingtaine de bennes d’un tracteur mis gracieusement à notre disposition par un citoyen. «Ce n’est qu’une fois que nous avions commencé le travail que nous nous sommes rendus compte que l’espace dédié aux enfants était devenu un dépotoir à ciel ouvert. «Certains villageois, sans scrupules, en ont même fait un garage de mécanique où les huiles coulant des moteurs et les pièces usagées de voitures jonchent le sol», indique Farid, un sexagénaire retraité rencontré au niveau de la plate-forme du village, du côté opposé à la place. Certains jeunes étaient en train de charger un camion à benne appartenant à un habitant. Divers objets hétéroclites entassés dans un coin, sous un tas de terre, étaient déterrés par Kamel, qui ahanait à les acheminer sur le camion. Les débris provenant de la démolition de vieilles maisons et qui gênaient le stationnement, ont déjà été enlevés auparavant. Pour illustrer cette volonté de bien faire, Tahar nous dit qu’il ne s’arrêtera pas de nettoyer jusqu’à ce que notre environnement soit, à nouveau, vivable. Tout en travaillant, les jeunes, révoltés par la situation qui prévaut dans leur agglomération, nous confient qu’elle est «la conséquence de l’anarchie qui règne à Taourirt qui était, jadis, un exemple pour toute la région». Mus par cette volonté de bien faire, ils projettent de prendre leur destin en main en commençant par élire des responsables comme au bon vieux temps. Le reste viendra plus facilement. «Il suffit d’aimer ce village», pensent-ils. Le rendez-vous est donc pris pour bientôt pour d’autres actions.
A.O. T.
