Interpellé sur la question des contestataires qui l’assiégeaient hier matin, le sous-directeur régional de la CASNOS de Tizi-Ouzou a clairement répondu que «le problème de la CASNOS n’est qu’un prétexte» pour eux. «Leur vrais problème c’est de rembourser la banque et se régulariser vis-à-vis de l’ANSEJ».
La Dépêche de Kabylie : Une action de protestation est organisée par le collectif d’appui à la micro entreprise (CAME), adhérents à la CASNOS, qu’avez-vous à leur dire ?
M. Sedqaoui : Depuis le début de l’année à ce jour, on reçoit les adhérents pour leur expliquer le contenu du décret 15/289, on leur explique surtout les avantages qu’ils ont à payer deux fois, trois fois le smic, et on arrive à les convaincre. Seulement, les adhérents du dispositif ont des difficultés, ce qui les pousse à exiger le payement du seuil minimum. A cet effet, nous avons fait un compte rendu à la Direction générale. La réponse a été que ces adhérents peuvent toujours payer les 32 400 DA jusqu’à la fin de l’année pour bénéficier des prestations, et ils le savent en plus. Ceux qui veulent payer les 32 400 DA ils le font, mais il y aura un contrôleur à posteriori qui passera pour vérifier et définir le réel montant à payer. Les mises à jour seront établies à partir de là. Donc en vérité ces gens exigent les 32 400 pour tout le monde quel que soit le revenu et ce n’est pas normal. On ne peut établir un seul barème pour tout le monde. A titre d’exemple, le bénéficiaire de la formule ANSEJ dans le chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou aura plus de clients, donc plus de revenus par rapport à celui qui a fait le dispositif dans un village. C’est en fonction du revenu de chacun et c’est à l’adhérent de déclarer son revenu. C’est ce qu’on essaie de leur expliquer. On les a reçus et on a organisé des conférences pour les médecins, avocats, agriculteurs…
Le collectif par contre affirme n’avoir jamais été reçu par quiconque de la direction de la CASNOS…
Non, ce n’est pas vrai, je les ai reçus à deux reprises. Seulement, le problème c’est qu’ils ne nous écoutent pas. La loi concerne toutes les wilayas pas seulement Tizi-Ouzou.
Justement, un caractère régional a été dénoncé par le collectif dans l’application de cette loi, avec des preuves qui seraient déposées chez le wali selon eux…
Oui, ils nous les ont montrées lors d’une réunion avec le chef de cabinet du wali. On leur a expliqué qu’il n’y avait pas de caractère régional pour cette histoire et que ça ne concernait pas que Tizi-Ouzou. Ce sont des instructions que toutes les wilayas ont reçues. Cette augmentation est dans leur intérêt. A l’avenir, ils auront une très bonne retraite et leur famille en bénéficiera aussi après. Ce n’est pas normal d’avoir une paye de 80 000DA et payer seulement 32 400 DA annuelle de cotisation.
Mais concrètement, y a-t-il une loi leur interdisant de payer le minimum ?
Il n’y a aucune loi qui le leur interdit. Ils ont le droit de payer cette somme, mais la mise à jour ne leur sera faite qu’après le contrôle. C’est ce qu’on leur a expliqué. Ils sont entre 15 000 à 20 000 cotisants à avoir payé 32 400 DA. On leur a envoyé pour payer. Ils continuent à bénéficier des prestations.
Comment peuvent-ils bénéficier des prestations sans mise à jour ?
Sachant que pour la carte Chifa par exemple la mise à jour est requise ! C’est ce qu’ils dénoncent entre autres…
Je vous donne un exemple. Un adhérent endetté de plusieurs années : il paye seulement une année, il bénéficiera des prestations pour toute l’année. Un autre endetté de seulement une année, il vient payer 32 400 DA et il bénéficie aussi de des prestations jusqu’à la fin de l’année. J’ai parlé juste de mises à jour banque, soumission, visa… qui seront faites après contrôle. Le contrôleur doit passer pour vérifier. Réellement, on ne l’a pas bloqué ils peuvent toujours payer la somme de 32 400 DA comme je l’ai déjà expliqué. La loi nous indique qu’ils doivent être soumis à un contrôle. S’ils gagnent plus ils doivent payer plus.
D’après les déclarations du collectif, les cotisants payent une augmentation même avant le passage des contrôleurs, comment expliquez-vous cela ?
Oui c’est vrai, mais nos adhérents le savent. Ils sont plus de 70 000 à payer plus de 32 400DA. Ils sont conscients que la somme est insignifiante. C’est 7 dinars par jour. Donc, pour ceux qui payent 64 800DA c’est l’équivalent de 180 DA par jour. Une somme que nous consommons en café et gâteaux… chaque jour. Cotiser au maximum est plus bénéfique pour eux, notamment ceux qui possèdent des entreprises, des véhicules… Si un jour ils ont un accident, ils peuvent devenir invalides. Si la somme de leur cotisation est juste 32 400DA, ils se retrouveront avec 15 000DA par mois. Comment pourraient-ils vivre ainsi ? Mais avec la somme de 64 800DA, le cotisant peut atteindre les 30 000DA par mois. Maintenaient ils sont assurés tous risques. Un menuisier par exemple, s’il se blesse et ne peut plus utiliser sa main, en plus des 30 000 DA qu’il aura suite à la cotisation de la somme de 64 800 DA, il aura 40% pour la personne qui l’assiste.
Mais ils ne sont pas convaincus, du moment qu’il n’y a aucune loi qui leur interdise de payer au minimum…
Ils n’ont pas le choix. Ils doivent se soumettre au contrôle. Lui seul décidera de la somme à payer. La règle générale c’est 15% du revenu. Et c’est là l’erreur qu’ils commettent. Ils veulent une seule somme pour tout le dispositif, peu importent l’activité et le revenu. La majorité des adhérents qui viennent et écoutent nos explications sortent de chez nous convaincus, et ils payent le plus normalement du monde. Certains font de fausses déclarations. On a même reçu des avocats et des médecins qui voulaient payer au minimum…
Qu’en est-il des défaillants et ceux ayant un faible revenu, qui sont apparemment soumis à la même règle ?
Oui effectivement, ils nous ont apporté des preuves disant que certains dans cette situation ont payé 32 400 DA et reçu des mises à jour. Nous à Tizi-Ouzou, quand on nous présente des preuves on les prend on considération. On ne peut demander à quelqu’un par exemple qui nous présente un véhicule accidenté de payer 64 800 DA. Mais dire qu’ils doivent tous payer la même somme car ils sont organisés en association, c’est inacceptable. On a reçu parmi eux des veuves qui sont venues réclamer les capitaux de décès. Pour ceux qui étaient en règle et qui payaient 64 000 DA, la famille a reçu un capital de décès équivalant à 43 millions. Si le cotisant a payé plus de 8 ans, il bénéficiera d’une pension complète. Ce sont là les avantages qu’a apportés le décret 15/289. On ne gagne rien dans ces protestations. On aurait pu leur dire oui payez le minimum et c’est bon. Mais les conséquences seront lourdes à long terme au niveau de la wilaya, quand tous les retraités se retrouveront avec une retraite de 15 000DA avec laquelle ils ne pourront même pas vivre.
Revenant juste au problème des mises à jour, ne pensez-vous pas que la lenteur de la procédure cause beaucoup de désagréments aux cotisants notamment pour l’établissement de la carte Chifa ?
Croyez-moi, les adhérents qui ont ce problème de carte Chifa viennent payer le mois de février, ils n’attendent pas mars, avril ou autres. Car ils savent qu’ils sont gagnants. Entre janvier et la fin février, on a reçu quelque 18 000 règlements, pour refaire leur carte. On est parmi les premières wilayas sur l’échelle nationale en établissement de cartes Chifa.
Peut-on avoir les chiffres relatifs au dispositif Ansej au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou?
Donc, il y a en tout 18 079 bénéficiaires du dispositif. Ceux qui sont en phase exploitation sont au nombre de 5 500 adhérents et 13 608 sont affiliés. Ceux qui ont réglé leur situation cette année sont au nombre de 7 052 avec une différence de 1 000 personnes par apport à l’année dernière. Cela veut dire qu’on n’a aucun problème, les gens payent. Le seul problème qui se pose est celui de la communication. Il faut qu’ils se présentent à notre niveau pour avoir la bonne information, de l’extérieur ils ne peuvent avoir que de fausses informations.
C’est quoi la solution selon vous ?
Les gens du CAME ont, apparemment, des problèmes avec les banques et l’ANSEJ aussi. Ils n’arrivent pas à rembourser. Réellement, la CASNOS est un faux problème. Je le dis et je le réaffirme, le prélèvement des cotisations est dans l’intérêt de nos clients et non le contraire.
Comptez-vous les recevoir pour rediscuter du problème ?
Nos portes sont ouvertes. Notre tâche est de recevoir et expliquer aux gens ce qu’ils doivent payer.
Un dernier mot ?
Je remercie tous ceux qui ont placé leur confiance en nous. Il faut qu’ils sachent qu’il y a actuellement des gens qui ont commencé à recevoir une retraite de 10 millions par mois. Ils ont travaillé et payé le nécessaire. C’est ce qu’il faut comprendre. Penser à soi, mais aussi aux siens plus tard.
Entretien réalisé par Kamela Haddoum