Les travailleurs de l’entreprise nationale des détergents et produits d’entretien (SPA-ENAD), sise à la localité de Sour El-Ghozlane, au sud de la ville de Bouira, ont bloqué hier, l’unité de production de l’usine ainsi que la RN08 à proximité de l’entreprise. Ils ont entamé une journée de grève en signe de protestation contre le retard qu’accuse le versement de leurs paies. Selon les protestataires, leurs salaires n’ont pas été versés depuis trois mois. Ils assurent également que les responsables de l’entreprise «n’ont formulé aucune explication pour justifier ce retard et que les retards dans le versement des paies sont devenus très fréquents». Les travailleurs grévistes ont également soulevé plusieurs autres revendications pour l’amélioration de leur condition de travail. Ils réclament ainsi la révision de la grille des salaires et des primes de rendement et la titularisation de l’ensemble des travailleurs contractuels. «Nous travaillions dans des conditions dégradées et insoutenables. Nos revendications légitimes n’ont jamais été prises en considération par notre direction, qui continue à ignorer notre situation. Aujourd’hui encore, des centaines de pères de familles se retrouvent sans salaires depuis trois mois de suite. Nous avons passé l’essentiel de la saison estivale, l’Aïd El-Kebir et la rentrée scolaire sans paie ! Certains de nos collègues n’ont même pas de quoi acheter des affaires scolaires à leurs fils, d’autres sont obligés de chercher un boulot en plus pour subvenir à leurs besoins !», nous dira l’un des représentants des protestataires. Les travailleurs grévistes ont réclamé également l’application du plan de relance adopté en 2013 par le ministère de l’Industrie. Selon-eux, l’unité de production de l’usine est à l’arrêt depuis plus de quatre mois. Actuellement, ils redoutent la fermeture du complexe ainsi que le licenciement de l’ensemble de ses salariés. «L’unité de production est à l’arrêt depuis plus de quatre mois, pour des raisons inconnues et nous sommes toujours en chômage technique. Le plan de sauvetage adopté par le gouvernement et pour lequel une importante enveloppe a été réservée, n’a toujours pas vu le jour. Aujourd’hui et alors qu’on s’attendait à la relance de la production, la direction générale veut fermer carrément l’usine, un fleuron de l’industrie algérienne», affirme un autre travailleur. Les salariés grévistes avec lesquels nous nous sommes entretenus, interpellent les responsables locaux, à leur tête le wali de Bouira, afin qu’ils interviennent dans les plus brefs délais pour sauver l’entreprise en question. «Le directeur général nous ignore. Ça fait trois mois qu’il n’a pas mis les pieds ici à Sour El-Ghozlane. Notre seul espoir actuellement est le wali de Bouira, qui peut intervenir auprès du ministre de l’Industrie et sauver nos emplois», ajoute notre vis-à-vis. À noter que la RN08 a été rouverte à la circulation vers midi, suite à une intervention de la gendarmerie nationale, alors que l’unité de production est restée fermer. Toutes nos tentatives pour joindre la direction de l’ENAD pour avoir une deuxième version sont restées vaines.
Oussama Khitouche
