Des enseignants de Tamazight dénoncent

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Dans une déclaration diffusée samedi, des enseignants de tamazight de la wilaya de Béjaïa estiment que l’enseignement de cette matière se heurte à «de faux problèmes créés de toutes pièces pour bloquer sa promotion». Les signataires dénoncent «les dépassements de pseudos responsables censés appliquer les décisions et promouvoir cette matière», tout en appelant l’ensemble de leurs collègues des différents paliers et ceux des autres wilayas à se mobiliser contre ce qu’ils qualifient d’«énième offense aux martyrs de la cause amazighe». «Il est plus que nécessaire pour nous de nous concerter, de nous organiser et de coordonner nos efforts afin d’entamer une série d’actions pour mettre un terme à cette situation», écrivent-ils dans leur déclaration, en fulminant contre «des réformettes fabriquées dans des laboratoires occultes, des stratégies diaboliques, qui ne sont que des subterfuges pour retarder toute prise en charge effective de l’enseignement de tamazight». Pour les enseignants de tamazight de Béjaïa, le ministère de l’Education «persiste dans le reniement de ses engagements relatifs à l’enseignement de tamazight arrachés après plusieurs décennies de lutte, de privations, d’intimidations et de déni», estimant que même après la consécration de tamazight comme langue nationale et officielle, «le manque d’intérêt accordé à son enseignement est flagrant». «Si l’enseignement de la langue amazighe concerne de plus en plus d’établissements scolaires et tend à se généraliser en Kabylie; ailleurs, son caractère facultatif freine tout espoir de son épanouissement. L’Etat, veut-il sauvegarder l’unité nationale et protéger les constantes de la nation avec le caractère facultatif de son enseignement ?», se demandent-ils, en rappelant que, depuis l’officialisation de la langue amazighe, le ministère de l’Education n’a «cessé de marteler qu’il s’engage à prendre en charge ce dossier». «Après les multiples déclarations en faveur de tamazight et les nombreuses promesses pour sa généralisation, le pouvoir a affiché ses intentions réelles en circonscrivant son enseignement. L’introduction de tamazight dans les 32 wilayas du pays n’est que poudre aux yeux ! Un nombre insignifiant de postes budgétaires avec des concessions et des pressions sur les enseignants nous renseigne sur le fait ostentatoire de cet acte politique applaudi à toutes les échelles», dénoncent-ils, en citant le cas de leurs collègues à Alger, à quelques encablures du siège du ministère de l’Education. Cette situation complexe, ajoutent-ils, est aussi vécue à Oran, Tlemcen, Relizane et d’autres wilayas d’Algérie. Un mois après la rentrée scolaire, les enseignants de tamazight de Béjaïa constatent «la non-application des circulaires ministérielles par certains directeurs, la programmation des séances de tamazight en dehors des heures de l’organisation pédagogiques en travaillant même le samedi, les décisions unipersonnelles de quelques directeurs « zélés » en supprimant même des postes affectés à cet enseignement, des enseignants de tamazight qui n’ont pas eu leur emploi du temps, d’autres sont obligés d’effectuer des tâches administratives, gérer des bibliothèques, garder les élèves lors des permanences, enseigner d’autres matières, ainsi que le manque des manuels scolaires dans les établissements, …»

D. S.

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